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Euthanasie demandée par une youtubeuse en Belgique: un médecin juge que son pays ne doit pas "devenir le mouroir des Français"

(Photo d'illustration)

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L'influenceuse Olympe a révélé en début d'année avoir entamé les démarches pour recourir au suicide assisté en Belgique, en lien avec son état de santé psychique.

Le 11 janvier, Olympe, une youtubeuse française, révélait sur son compte Instagram sa volonté d'avoir recours au suicide médicalement assisté en Belgique au "dernier trimestre 2023", en lien avec son état de santé psychique. Depuis plusieurs années, la jeune femme de 23 ans oriente son contenu sur sa santé mentale, et notamment le trouble dissociatif de l'identité dont elle souffre.

Ce trouble se caractérise par la cohabitation, au sein d'une même personne, de plusieurs identités qui peuvent tour à tour prendre le contrôle du malade, selon le Manuel MSD. Olympe indique ainsi cohabiter avec une dizaine "d'alters", qui se manifestent ponctuellement dans ses vidéos.

Un processus long et compliqué

Sur Instagram, Olympe a indiqué qu'elle était "épuisée" par ses "troubles", son "passé", et son "cerveau qui ne fonctionne pas bien". "Je n'ai pas une base de vie assez positive", conclut la jeune femme, qui a indiqué par la même occasion avoir été victime de harcèlement scolaire pendant 14 ans, de cinq viols durant l'adolescence, d'un viol en réunion et de cyberharcèlement de masse.

Le médecin généraliste bruxellois Yves de Locht affirme auprès de nos confrères du Parisien qu'Olympe a pris contact avec lui par mail, dans l'optique d'entamer les démarches qui précèdent une euthanasie. Ce jeudi cependant, la jeune femme a assuré dans une vidéo diffusée sur TikTok ne pas avoir demandé conseil au spécialiste, et même ne pas le connaître.

Pour autant, le spécialiste questionne cependant le calendrier avancé par la jeune femme, rappelant qu'une demande de suicide assisté pour raisons psychiatriques est long et compliqué.

En 2002, la Belgique se dotait d'une loi dépénalisant l'euthanasie dans certaines conditions. Selon le service publique fédéral belge de la santé, il doit obligatoirement être réalisé par un médecin. De plus, le patient doit être en capacité d'exprimer clairement sa volonté, se trouver dans une situation médicale sans issue et faire état de "souffrance physique et/ou psychique constante, insupportable et inapaisable".

Le 7 mai dernier, une jeune femme de 23 ans avait eu recours au suicide assisté en Belgique. En parfaite santé physique, elle avait néanmoins pu bénéficier du dispositif car elle souffrait d'une profonde dépression, causée par sa présence lors de l'attentat perpétré le 22 mars 2016 à l'aéroport de Bruxelles.

"Les cas psychiatriques sont compliqués. (...) Les psychiatres disent qu’avec un traitement suivi régulièrement, il y a des possibilités d’amélioration, quelle que soit la maladie. Même pour les schizophrènes ou les personnes atteintes de la maladie d’Olympe, il y a des possibilités d’amélioration. C’est très rare qu’une maladie psychiatrique soit incurable", précise dans Le Parisien Yves de Locht.

"Ma vie n'est pas un film"

Cette mise au point par le médecin bruxellois a d'ailleurs été l'occasion de faire taire de nombreuses imprécisions qui circulent sur le modèle belge. Yves de Locht rappelle qu'une commission de contrôle investigue chaque cas, et que "le distributeur automatique d'euthanasie ne fonctionne pas!".

Pour le spécialiste, il est désormais temps que la France change sa loi, d'autant que la Belgique "ne veut pas devenir le mouroir des Français". En avril 2021, sur BFMTV, le médecin avait déjà estimé qu'il "est grand temps que la loi française évolue".

En septembre dernier, Emmanuel Macron a officiellement annoncé la constitution d'une consultation citoyenne sur la fin de vie, composée de Français tirés au sort. Ils rendront leurs conclusions en mars, indiquant s'il faut ou non changer la loi. En septembre, le Comité consultatif national d'éthique s'était dit favorable à la légalisation d'une "aide active à mourir".

Olympe assure que sa décision a été prise à "tête reposée", et a appelé ses abonnés à ne pas remettre en cause son choix. "Ma vie n'est pas un film, on ne peut pas débattre sur la fin, ce n'est pas humain de faire ça", a estimé la jeune femme.

J.F.