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"Toute sa souffrance avait disparu": une famille raconte le recours au suicide assisté en Suisse

Alors que la Convention citoyenne sur la fin de vie s'ouvre ce vendredi, BFMTV a recueilli le témoignage des proches d'une Française qui a eu recours au suicide assisté en Suisse.

Voilà maintenant six mois que Marie-José Terradura a quitté les siens. En juin 2022, cette habitante de Gilette dans les Alpes-Maritimes prend la décision de se rendre en Suisse pour mettre fin à ses jours. Un choix réfléchi et pris après qu'elle a appris être atteinte de la chorée de Huntington, une maladie incurable dégénérative.

"J'attendais ce moment"

Le suicide assisté, interdit en France, se fait en présence de son mari Bernard et de sa meilleure amie. "Elle n'avait qu'une seule hâte: c'était d'arrêter d'avoir de la souffrance", explique à BFMTV son amie Nicole Labbe. Celle-ci filme Marie-José quelques heures avant sa mort, lui demandant si elle est "heureuse de partir".

"J'attendais ce moment avec impatience [...] parce que j'en avais marre", lui répond Marie-José dans la vidéo.

"On aurait dit que toute sa souffrance avait disparu", raconte Nicole à BFMTV. "Et elle me dit: 'Nicole, jamais je m'endors?'. Le docteur qui était là lui a dit: 'si vous voulez partir vous appuyez sur le bouton'. Et elle a de suite appuyé", ajoute-t-elle. Ce départ choisi, Marie-José l'avait préparé avec son époux Bernard qui "a fait les papiers" pour que sa femme puisse partir selon ses volontés.

"C'est dur pour un mari de faire les démarches pour organiser le suicide de sa femme", témoigne-t-il devant notre caméra.

"C'est ce qu'elle voulait"

Aujourd'hui le vide et un certain silence s'est installé dans la maison que le couple occupait. La fin de cinquante années de mariage qui ne s'est pas faite sans tristesse pour Bernard: "quand arrive le soir et que je suis seul, c'est dur, c'est là que c'est dur".

Si le chagrin et la solitude persistent chez lui, il assure néanmoins ne pas regretter avoir accompagné Marie-José jusqu'à la fin: "c'est ce qu'elle voulait, c'était son souhait".

Ce vendredi s'ouvre la convention citoyenne sur la fin de vie. 150 Français tirés au sort vont participer à des débats qui vont durer plusieurs mois.

Jeanne Daudet, David Couloume et Hugues Garnier