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Gouvernement

Fin de vie: "soyez libres", lance Élisabeth Borne aux citoyens de la Convention citoyenne

La Convention citoyenne sur la fin de vie a été lancée ce vendredi avec un discours de la Première ministre devant le Conseil économique social et environnemental qui accueille ces travaux. Les conclusions sont attendues en mars.

Un discours sobre pour une issue incertaine. La Première ministre a lancé ce vendredi après-midi le coup d'envoi de la Convention citoyenne sur la fin de vie. Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, 173 citoyens tirés au sort vont devoir plancher jusqu'en mars sur les soins palliatifs, le suicide assisté ou l'euthanasie.

"Il y a peu de sujets plus sensibles et plus graves que ceux que l'on vous confie", a avancé Élisabeth Borne, appelant ces personnes "à être libres" dans leurs conclusions rendues en mars prochain.

"Ne pas ignorer la détresse de ceux qui demandent une aide à mourir"

Ces citoyens réunis sur le modèle de la Convention citoyenne pour le climat — dont la reprise des conclusions par l'Élysée participants — devront statuer pour décider s'il est opportun ou non de modifier le cadre législatif actuel. Depuis 2016, la loi Claeys-Leonetti permet notamment une sédation profonde et continue en fin de vie.

"Il y a un bon-mourir et un mal-mourir (...) On ne peut pas ignorer la détresse de ceux qui demandent une aide à mourir", a encore avancé la locataire de Matignon.

Les citoyens tirés au sort entendront notamment des médecins, des patients, des proches de malades, des philosophes, des historiens pour parvenir à une série de recommandations.

Une évolution "sous conditions strictes"

Dans un avis rendu en septembre, le Comité consultatif national d'éthique avait ouvert la voie à des évolutions. Si une nouvelle loi sur la fin de vie devait être discutée en France, il existerait "une voie" vers une aide active à mourir, mais "à certaines conditions strictes", peut-on y lire.

L'institution plaidait aussi pour accélérer les efforts en faveur des soins palliatifs alors qu'il n'existe que 164 unités spécialisées en France, très loin des besoins.

Ce rapport avait été vu comme une petite révolution alors que le Comité s'était jusqu'ici toujours prononcé contre la modification de la loi qui interdit actuellement l'euthanasie et le suicide assisté.

"Un sujet difficile", "avec une part d'intime"

En guise de conclusion, la Première ministre n'a pas caché la difficulté des travaux à venir pour les 173 citoyens.

"Je sais combien le sujet est difficile et comment il comporte une part d’intime", a-t-elle analysé, leur demandant de "s'imaginer dans la position de l'autre (la personne malade NDLR) et de ses proches".

En s'appuyant sur cette convention citoyenne, l'exécutif espère des échanges relativement apaisés sur une question très clivante, très loin des débats qui avaient fracturé la société française lors de la dernière grande loi sociétale: celle sur le mariage pour tous.

Marie-Pierre Bourgeois