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Efficacité, technologie, avancée: ce que l'on sait du candidat-vaccin de Sanofi contre le Covid-19

Dans les laboratoires de Sanofi à Val-de-Reuil, en Normandie, le 10 juillet 2020

Dans les laboratoires de Sanofi à Val-de-Reuil, en Normandie, le 10 juillet 2020 - JOEL SAGET © 2019 AFP

L'entreprise française a annoncé des résultats prometteurs à l'issue de la phase 2 des tests cliniques de son candidat-vaccin, ouvrant la voie à une troisième phase qui pourrait débuter dans les prochaines semaines.

"Ce serait une très bonne nouvelle". Le ministre de la Santé Olivier Véran s'est félicité lundi des derniers résultats positifs lors des essais de la phase 2 pour le candidat-vaccin de Sanofi.

"Plus on a de vaccins efficaces et sûrs, plus on est armé s'il devait y avoir l'apparition de nouveaux variants", a déclaré sur notre antenne le ministre, "c'est à chaque fois une chance".

Impensable il y a encore quelques mois: le Covid-19 aura peut-être affaire à son vaccin français. Et peut-être même avant la fin de l'année, si la troisième et dernière étape s'avère favorable à sa commercialisation.

• Un précédent échec

Plus qu'une bonne nouvelle, c'est une revanche pour le groupe pharmaceutique. Le laboratoire français avait annoncé en décembre 2020 que son vaccin n'apportait pas une réponse humanitaire suffisante chez les adultes âgés de plus de 49 ans.

Conséquence: Sanofi et son partenaire Glaxosmithkline (GSK) ont initié une nouvelle étude de phase II "avec une formulation affinée d'antigène". Des mois de retard, en comparaison d'autres vaccins déjà distribués dans le monde.

"Ça a été une période difficile parce que les Français étaient tristes et on l'était aussi", a expliqué sur BFMTV Olivier Bogillot, le président France du laboratoire, "j'imagine très bien que les Français voulaient qu'on soit les premiers".

Cette fois, les résultats cliniques sont plus que positifs pour le candidat-vaccin et ce, pour toutes tranches d’âge confondues (de 18 à 95 ans).

• Un vaccin à protéine recombinante

Ni un vaccin à ARN messager, ni un vaccin à adénovirus. Le candidat-vaccin de Sanofi se base sur une toute autre technologie: celle des "protéines recombinantes". L'idée ici est d'envoyer des protéines purifiées similaires à celles présentes dans le coronavirus - les protéines Spike - dans l'organisme, pour qu'il produise les anticorps.

Hépatite B, papillomavirus, coqueluche, grippe... Il s'agit là de la première des technologies adoptées pour de nombreux vaccins.

Bien plus facile à conserver que les vaccins à ARN messager - entre 2 et 8°C - il est également peu cher puisque la dose s'élève à moins de 10 euros.

• Une production d'anticorps dans 95% à 100% des cas

Le laboratoire indique que la deuxième étape a montré que l'administration de ce vaccin à base de protéine recombinante avait "induit la production de concentrations élevées d'anticorps neutralisants chez les adultes", à des niveaux comparables à ceux observés chez des personnes qui s'étaient rétablies d'une infection au Covid.

En précision, les résultats affichent une séroconversion - autrement dit la production d'anticorps -, dans 95% à 100% des cas, après l'administration d'une deuxième dose, dans toutes les tranches d'âge de 18 à 95 ans.

Par ailleurs, chez les participants ayant déjà été infectés par le Covid-19, une seule dose du vaccin a généré la production de concentrations élevées d'anticorps neutralisants.

"Cela pourrait être un très bon vaccin de rappel lorsque vous avez été soit en contact avec le Covid, soit vacciné par d'autres vaccins", a estimé lundi le président de Sanofi France Olivier Bogillot sur BFMTV.

• Une possible distribution "pour la fin de l'année"

Menée sur 35.000 personnes, la dernière phase évaluera deux formulations du vaccin: une contre les variants de Wuhan et une contre le variant sud-africain, alors que lors des essais précédents, le candidat-vaccin n'a été testé que sur le variant de Wuhan.

Cette phase 3 devrait se tenir dans les prochaines semaines, mais Sanofi ne compte pas attendre les résultats définitifs pour commencer à produire massivement le sérum. Le laboratoire entend toujours tabler sur un lancement potentiel au 4e trimestre, soit près d'un an après les premiers vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna.

"Il va être disponible, je l'espère pour la fin de l'année", a déclaré Olivier Bogillot sur BFMTV, "une fois qu'on a les résultats de la phase 3, s'ils sont bons, on l'enregistrera auprès des autorités réglementaires aux États-Unis et en Europe et il sera disponible au dernier trimestre de cette année".
Hugues Garnier avec AFP Journaliste BFMTV