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Face aux critiques, Sanofi défend ses choix et précise le calendrier de ses vaccins

Un technicien procède à des tests au laboratoire de Sanofi à Val-de-Reuil, en juillet 2020

Un technicien procède à des tests au laboratoire de Sanofi à Val-de-Reuil, en juillet 2020 - JOEL SAGET © 2019 AFP

Le président de Sanofi France, Olivier Bogillot, était auditionné au Sénat ce mercredi. Dénonçant le "Sanofi bashing", il a surtout martelé l'attachement du laboratoire au territoire français et rappelé l'importance des vaccins de son groupe dans la lutte contre le coronavirus. 

Opération déminage pour Sanofi. Le laboratoire français n'a pas été épargné par les critiques depuis le début de la pandémie: retards de son vaccin, suppressions de postes… Sanofi est-il la meilleure preuve du déclassement de la France dans le domaine de la pharmacie? 

Auditionné les commissions des affaires économiques et des affaires sociales du Sénat, le président France du groupe Olivier Bogillot a ainsi défendu le travail du laboratoire, dénonçant le "Sanofi bashing" dont l'entreprise serait la victime. D'abord sur les vaccins. Géant du secteur, Sanofi a clairement une maîtrise technologique mais n'a pas su s'aligner sur les performances de Pfizer/BioNtech, Moderna ou AStraZeneca. La faute à un "problème technique" qui a fait perdre plusieurs mois de développement.

"Dans notre secteur, l'échec est la norme. Le succès est l'exception" a rappelé Olivier Bogillot.

En réalité, Sanofi n'aurait jamais pu être prêt en janvier, révèle-t-il. Lors de l'apparition du virus, Sanofi a lancé la fabrication d'un vaccin à protéine recombinante, la même technique que pour celui utilisé contre la grippe. 

"Au moment où Sanofi fait le choix de la protéine recombinante, il s'agit de la technologie la plus efficace et la plus reconnue dans le monde du vaccin" souligne-t-il. "L'ARN messager (utilisé chez Pfizer/BioNtech et Moderna, ndlr) et l'adénovirus (utilisé par AstraZeneca, ndlr) n'existe pas, réellement, dans le monde du vaccin. C'était un choix rationnel." 

Un choix assumé qui n'aurait, dans tous les cas, pas permis d'obtenir un vaccin pour janvier dernier. "Si notre développement clinique avait passé toutes les étapes le plus vite possible, nous aurions été présents en juin, juillet de cette année" indique Olivier Bogillot. "Au moment où on fait ce choix-là, on sait que cela va être plus long que de développer un vaccin à base d'ARN messager ou d'adénovirus mais on a une garantie supérieure à nos yeux." 

Reste que le futur vaccin de Sanofi aura son utilité, assure son président. D'abord sur le plan international où il faut encore produire un nombre de doses colossales mais aussi dans le cas où le Covid-19 impose un rappel annuel, sur le modèle de la grippe. Les résultats de l'actuelle phase 2 de son étude clinique "seront disponibles au début du mois de mai" affirme Olivier Bogillot qui pense à disponibilité du vaccin "à l'automne". Le second vaccin du laboratoire, basé sur l'ARN messager, est attendu en 2022. Entre-temps, Sanofi va aider au flaconnage de vaccins déjà développés, celui de Pfizer/BioNtech et celui de J&J/Janssen. Un processus qui n'a rien de simple. "Il faut de nouvelles machines, il faut des flacons qui ne sont pas des flacons qu'on utilise pour nos machines donc il faut à nouveau les calibrer" énumère Olivier Bogillot. "Les premiers lots vont sortir cet été" affirme-t-il promettant "d'accélérer tout ce qu'on peut accélérer." "On attend qu'ils nous donnent l'antigène, il n'y a pas de secrets industriels partagés" souligne-t-il d'ailleurs.  

Le président France du groupe est aussi revenu sur les suppressions de postes, notamment celles annoncées en janvier dernier: 364 postes en recherche et développement. "Des départs volontaires" rappelle Olivier Bogillot qui évoque le passage de la chimie classique à l'ère des biotechnologies pour justifier ces départs.

"On a fait le choix d'arrêter la recherche dans certaines aires thérapeutiques où on n'avait rien dans notre portefeuille" explique-t-il. "Malheureusement, c'est extrêmement difficile de convertir un chercheur pointu dans le diabète en chercheur très pointu en cancérologie."

En clair, une réorientation stratégique qui impose de nouveaux chercheurs. "C'est la science qui dicte la manière dont on doit se structurer" insiste Olivier Bogillot. Et de rappeler le poids des investissements en France.

"Nous investissons plus aujourd'hui en R&D que nous ne l'avons jamais fait! 2 milliards d'euros d'investissements par an en France. Nous sommes le premier groupe en termes de R&D du CAC 40!" 

"J'entends que l'on fasse des reproches à Sanofi sur la diminution de certains effectifs, j'aimerais aussi qu'on relève les investissements de Sanofi sur le territoire" martèle-t-il. "On parle beaucoup moins de l'investissement en juin de 500 millions" pour la création d'un site à Neuville sur Saône de "l'usine de vaccins la plus moderne du monde". "On va recruter plus de 200 personnes et juste à côté, il y a un investissement de 110 millions dans un centre de recherche ultra-moderne sur le vaccin" promet Olivier Bogillot.  

Thomas Leroy Journaliste BFM Business