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Covid-19: comment expliquer la reprise de l'épidémie en France

Depuis l'abandon du pass vaccinal et du masque en intérieur il y a maintenant une semaine, les contamination ont augmenté de 36% dans le pays.

Une reprise épidémique inévitable? Une semaine seulement après la fin du masque en intérieur et du pass sanitaire en France, certains indicateurs du Covid-19 inquiètent. Selon les autorités sanitaires, la moyenne quotidienne des contaminations sur sept jours, qui lisse les à-coups journaliers, est en nette hausse avec 89.002 cas ce dimanche, contre 86.022 samedi et 65.251 il y a une semaine, soit une augmentation nationale de 36%.

En parallèle, le nombre de personnes hospitalisées pour Covid-19 continue de décroître sur une semaine, avec 20.566 patients concernés dimanche contre 20.917 une semaine plus tôt.

Sur le terrain, cette augmentation des contaminations est remarquée par les professionnels de santé. Sur BFMTV, Sabine Yazbeck, pharmacienne à Nice, rappelle que "pendant un mois, on n’avait presque plus de positifs, on en avait un ou deux par semaine. "Là, on est repassé à deux ou trois par jour", constate-t-elle.

"On a actuellement 10 lits Covid sur l’hôpital, ils sont quasi-constamment occupés", explique sur notre antenne le docteur Matteo Vassallo, chef du service d’infectiologie du centre hospitalier de Cannes.

Facteurs multiples

Plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu pour expliquer cette reprise. Dans un premier temps, si le gouvernement avait bien indiqué le 14 mars comme échéance à la levée de plusieurs mesures sanitaires coercitives, il est probable que les Français aient anticipé ces dernières et procédé à un relâchement quelques jours auparavant, y compris dans les lieux en intérieur où le masque était pourtant encore imposé.

La rentrée scolaire, en particulier dans la zone B, qui correspond aux régions où l'incidence est la plus élevée dans le pays, a également pu avoir un rôle. Dans ces zones, le retour du Covid-19 est à conjuguer avec celui de la grippe, dont l'incidence augmente également. Pour rappel, la vaccination des enfants contre le Covid-19 n'est que de 5% à l'échelle nationale.

Cette reprise des contaminations s'explique également par la contagiosité du variant BA.2 d'Omicron. Celui-ci est peu plus contagieux que le variant BA.1 mais a toutefois la même sévérité, et la couverture vaccinale actuelle reste efficace contre lui.

En ce qui concerne l'immunisation, l'accent devrait être mis sur les Français les plus vulnérables dont personnes immunodéprimées, qui ont des pathologies, les personnes âgées ou qui sont en fin d’immunité.

La Haute Autorité de Santé (HAS) a proposé une quatrième dose de vaccination acceptée par le gouvernement pour les patients de plus de 80 ans ou qui sont en Ehpad. Une demande a été déposée par cette même autorité afin d'étendre cette dose de rappel aux plus de 65 ans atteints de poly-pathologies.

Le gouvernement vigilant

Le gouvernement est-il allé trop vite en acceptant la fin du masque en intérieur? Le corps scientifique est divisé sur la question et, si certains comme le professeur Gilles Pialoux évoquent une "décision politique", d'autres insistent sur le côté psychologique de cette mesure.

Pour eux, il est probable que, comme c'est le cas pour la grippe, on aille vers un retour cyclique du Covid-19 avec une remontée annuelle durant les mois d'hiver.

"Les projections de l’institut Pasteur laissent penser que la vague hospitalière sera modeste. Avec à peu près la moitié de la population qui a déjà rencontré Omicron. De fait, l’immunité acquise de la population est suffisante pour protéger la très grande majorité contre les formes graves de la maladie", confirme sur BFMTV le docteur Bruno Megarbane, chef du service de réanimation à l’hôpital Lariboisière de Paris.

Dans une interview accordée au Parisien, le ministre de la Santé Olivier Véran se défend d'avoir pris des décisions anticipées motivées par l'arrivée prochaine de l'élection présidentielle.

"Si un nouveau variant nous menaçait, nous agirions immédiatement, élection présidentielle ou pas!", assure-t-il, faisant également référence au variant BA.2, "très contagieux." Toujours selon le ministre, une décrue est à attendre pour "avril."

"Depuis deux ans, le gouvernement a toujours pris des décisions fermes quand elles étaient nécessaires", a fait valoir quant à lui le chef de file des députés LaREM Christophe Castaner sur BFMTV-RMC ce lundi matin.

Alain Ducardonnet avec Hugo Septier