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Santé

"Asthme des orages": quand les conditions météorologiques intensifient les allergies au pollen

Ces derniers jours, les hôpitaux franciliens ont connu un afflux de patients. En cause: les orages qui fragmentent les pollens et les rendent plus nocifs.

Généralement, au printemps et à l'été, la pluie est attendue avec impatience par les allergiques aux pollens car elle entraîne une baisse des symptômes. Toutefois, si des précipitations faibles à modérées plaquent, effectivement, les pollens au sol et poussent les plantes à conserver leurs pollens, paradoxalement, les orages, eux, peuvent provoquer l'effet inverse.

Ce week-end, des hôpitaux d'Île-de-France ont vu leur nombre de consultations pour crises d'asthme multiplié par dix, rapporte France Bleu.

Pollen : pourquoi y a-t-il de plus en plus d'allergies ?
Pollen : pourquoi y a-t-il de plus en plus d'allergies ?
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"Ça nous a beaucoup surpris"

La quasi-totalité du territoire métropolitain est actuellement classée rouge, c'est-à-dire que le risque d'allergies aux pollens de graminées est élevé. Toutefois, cette situation dure depuis plusieurs semaines: ce qui explique le récent pic de crises d'asthme sont les orages.

"Ça nous a beaucoup surpris", confie à BFM Paris-Île-de-France Maxime Gauthier, chef du service des urgences de l'hôpital Simone Veil d'Eaubonne (Val d'Oise).

Le phénomène a déjà été observé au Royaume-Uni ou encore en Australie où, en 2016 à Melbourne, dix personnes sont mortes pour cause de difficultés respiratoires. Les hôpitaux ont enregistré une hausse de 992% des admissions pour asthme dans les 30 heures qui ont suivi le déclenchement des orages, selon une étude publiée par The Lancet. "Dans la plupart des cas, les personnes touchées pendant ces épisodes n’avaient pas d'antécédents connus d'asthme", précise Santé publique France.

Ce thunderstorm asthma, ou asthme d'orages en français, a également été étudié à Nantes, en juin 2023, où 152 appels avaient été reçus aux urgences pour des crises d'asthme contre seulement 27 les quatre jours précédant le passage du front pluvieux.

Des petites particules jusqu'aux bronches

Les orages provoquent la fragmentation des pollens, qui deviennent ainsi plus fins et plus petits et donc plus nombreux dans l'air. Ces particules sont ensuite diffusées par les rafales de vent de l'orage.

"Ces pollens sont aspirés par les nuages dans l'atmosphère, ils sont mélangés à l'eau et électrifiés par les éclairs, puis sont cassés en toute petites particules et vaporisées comme un aérosol", explique Maxime Gauthier.

En outre, comme le détaille Santé publique France, cette "micronisation des grains de pollen (...) permet une pénétration plus profonde dans l’arbre respiratoire". Habituellement, les pollens restent fixés au niveau des yeux ou du niveau, provoquant par exemple des rhinites. Ici, ils peuvent progresser jusqu'aux bronches et entraîner de l'asthme.

Changement climatique

Même si ce phénomène reste peu fréquent en France, Santé publique France conseille aux personnes allergiques aux pollens de rester à l’intérieur de chez eux avec les fenêtres fermées à l’approche d'un orage pendant les périodes d'émission de pollens.

Alors que de plus en plus de personnes sont touchées par ces allergies, à cause de la pollution, du changement climatique ou de nos modes de vie, le sujet de l'asthme d'orages pourrait devenir préoccupant face à l'augmentation des phénomènes météo extrêmes, dont les orages, liée également au dérèglement climatique.

Salomé Robles