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"Séparatisme revendiqué", "mutinerie"... le DGPN estime qu'un policier "n'a pas sa place en prison", la gauche s'indigne

Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, et Manuel Bompard, député LFI, à l'Assemblée nationale le 21 septembre 2022.

Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, et Manuel Bompard, député LFI, à l'Assemblée nationale le 21 septembre 2022. - Thomas SAMSON / AFP

Le patron de la Police Frédéric Veaux estime qu'"avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison". Des propos "partagés" par Laurent Nunez, mais très critiqués par les élus de la Nupes, qui dénoncent "une attaque en règle inouïe contre notre République."

"Y a-t-il encore un pouvoir politique en France?" C'est la question que pose Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, après le relais par Laurent Nunez des propos du patron de la police, Frédéric Veaux, sur le placement en détention provisoire d'un policier à Marseille dans le cadre d'une enquête sur des violences commises en marge des émeutes début juillet.

"Le savoir en prison m'empêche de dormir", dit le directeur général de la police nationale (DGPN), dans un entretien mis en ligne sur le site du journal le Parisien. "De façon générale, je considère qu'avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail", ajoute Frédéric Veaux.

"Propos inacceptables. Mais le ministre de l’Intérieur se mure dans le silence", dénonce Manuel Bompard.

"La Police demande aujourd’hui à être au-dessus de la Justice"

L'Insoumis des Bouches-du-Rhône n'est pas le seul élu de la Nupes à s'indigner des propos du DGPN, relayés par le compte officiel officiel de la porte-parole de la police nationale, la commissaire divisionnaire Sonia Fibleuil.

"Nous sommes face à un séparatisme revendiqué de la part du sommet de la hiérarchie policière", dénonce David Guiraud (LFI). "La Police demande aujourd’hui à être au-dessus de la Justice. Et le Ministre de l’Intérieur se tait.." déplore l'élu du Nord.

"La mutinerie monte par capillarité jusqu’au plus haut niveau. Gérald Darmanin doit mettre de l’ordre ou démissionner", écrit aussi Raquel Garrido. Sa collègue de Seine-Saint-Denis Nadège Abomangoli dénonce de son côté "une attaque en règle inouïe contre notre République."

"Vous croyez que la justice met souvent des policiers en détention provisoire?", a interrogé son collègue Éric Coquerel sur BFMTV pour mieux souligner la pertinence de cette décision. Et d'insister: "la police républicaine ne peut pas être au-dessus des lois." Dénonçant un "silence coupable du pouvoir politique", François Ruffin a appelé "le Président" à "réaffirmer l'autorité de l'Etat".

Olivier Faure veut que le Parlement soit réuni "en urgence"

"Gravissime, toute la hiérarchie policière se place au-dessus de la justice et des règles de la détention provisoire et le ministre de l’Interieur est en arrêt-maladie! Ce qui se joue là, c’est la démocratie et le respect de l’État de droit. Le Parlement doit être réuni en urgence", demande Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste.

"Allô Beauvau? Quelqu’un au ministère de l’Intérieur pour rappeler à l’ordre républicain des chefs séditieux dans la police?" écrit aussi Benjamin Lucas (Génération.s). "C'est quoi la prochaine étape? Ne laissons pas passer ces propos gravissimes pour la démocratie!" alerte de son côté l'écologiste Aurélien Taché.

Enfin, Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat de La France insoumise à l'élection présidentielle et figure de la Nupes, dénonce le silence du président de la République et du ministère de l'Intérieur.

"Darmanin, Macron et 'l'arc républicain' refusent d'appeler la police au calme et au respect de la loi?" écrit-il. "Donc ils les encouragent à 'faire la guerre' aux 'nuisibles'? Écœurant. L'État ridiculisé."

Les policiers en arrêt-maladie

La déclaration polémique de Frédéric Veaux intervient quelques jours après que le centre de Marseille et ses rues commerçantes ont été le théâtre d'émeutes urbaines après la mort de Nahel, un adolescent tué à Nanterre par un policier lors d'un contrôle routier.

Le patron de la police s'est déplacé samedi dans la cité phocéenne pour rencontrer les effectifs très remontés contre le placement en détention provisoire d'un de leur collègue, suspecté d'avoir roué de coups un jeune homme.

Selon une source syndicale, plusieurs centaines de policiers marseillais se sont mis en arrêt-maladie. D'autres ont répondu à l'appel du syndicat Unité SGP Police et se sont mis en "code 562", un jargon policier qui signifie qu'ils n'assument plus que les missions d'urgence et essentielles.

Ariel Guez