Roussel, Wauquiez, Maréchal, Bardella... Pourquoi les politiques accourent au Sommet de l'élevage

Plusieurs figures politiques ont parcouru les allées de ce salon agricole ces derniers jours. De quoi espérer incarner une certaine proximité tout en tançant les écologistes, accusés de vouloir "entraver les agriculteurs".

Fabien Roussel, Jordan Bardella, Marion Maréchal, Laurent Wauquiez... Les politiques accourent ces derniers jours au Sommet de l'élevage dans le Puy-de-Dôme, l'un des plus grands d'Europe. L'événement, peu fréquenté hors années d'élection, est couru à l'approche de chaque échéance électorale, comme cette fois-ci avec les européennes.

"Il y a une image d'Épinal de l'agriculteur avec son béret sur la tête qui fait toujours plaisir aux élus. Et puis ça fait de belles images quand vous caressez une bête", nous résume Denis Bollengier, éleveur de volailles et président régional d'une association d'agriculteurs.

Les éleveurs, "l'âme" de la France

Ce salon à Cournon d'Auvergne, qui cherche à devenir le rendez-vous mondial de l'élevage, coche également toutes les cases pour des élus qui veulent à tout prix incarner la proximité et se montrer ancrés dans la vie quotidienne des Français.

"Aimer la France, c’est aimer ses paysans et ses éleveurs. Ils sont l'âme du pays et des acteurs incontournables de la ruralité", a ainsi expliqué mercredi Marion Maréchal, tête de liste aux européennes pour Reconquête, en caressant une charolaise.

La visite, qui permet de déambuler aux milliers de bovins sous l'œil des caméras, a également l'avantage de pouvoir jouer la carte du "bon sens". Laurent Wauquiez, qui est sorti du bois dimanche dernier et s'est officiellement positionné comme candidat pour la présidentielle de 2027, n'y a pas été de main morte.

"La meilleure façon de protéger la planète: défendre l'agriculture"

Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a attaqué ce jeudi lors de sa visite "ceux qui prétendent aimer la nature et l’environnement" tout en "s'attaquant à nos éleveurs".

"La meilleure façon de protéger la planète, c’est de défendre l’agriculture familiale de notre pays face aux importations", a lancé l'élu LR en tançant "les Verts-extrême gauche et la Cour des comptes".

En se payant cette institution, Laurent Wauquiez espère marquer des points. Un rapport de la Cour des comptes de mai dernier préconise de réduire par deux le nombre de bovins en France pour parvenir à réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet, comme le souhaite Emmanuel Macron.

L'agriculture, 3,6% du PIB français

L'agriculture est le deuxième secteur d'émission en France, après le transport routier. Autant dire que dans un contexte d'accélération du réchauffement climatique, il risque de devenir compliqué de ne pas mettre à contribution les agriculteurs.

Pour l'instant, l'exécutif a temporisé, s'attelant à éviter les sujets explosifs. Le chef de l'État, qui avait un temps affiché sa volonté d'interdire le glyphosate, un insecticide accusé de présenter un risque important pour la survie des abeilles, appelle désormais à "baisser de 30%" son usage.

Pas question de donner l'impression "d'entraver les agriculteurs" comme l'a expliqué Jordan Bardella au Sommet de l'élevage ni de remettre en cause le fonctionnement d'une activité agricole qui représente 3,6% du PIB français.

"Tout le monde fait de la politique en allant au Sommet"

Après avoir dévoilé un plan pour encourager l'élevage mercredi depuis le salon, Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, a d'ailleurs assuré "vouloir montrer, poser des actes et des moyens" pour défendre la filière agricole.

"On va pas se mentir, tout le monde fait de la politique en allant au Sommet, le gouvernement comme les oppositions. La viande, ce n'est pas rien aujourd'hui", résume un conseiller ministériel.

Roussel venu en force

Il faut dire que l'Hexagone est le premier producteur européen de viande bovine, d'après les chiffres de la Commission européenne. Ce sujet a également pris un tour très politique ces dernières années.

Fabien Roussel, qui s'est mis plusieurs fois en scène pour évoquer sa consommation carnée, a même sorti l'artillerie lourde, en venant accompagné d'une délégation d'élus, profitant de l'occasion pour mettre sur le devant de la scène Léon Deffontaine, sa tête de liste aux européennes.

De quoi mettre un peu de baume au cœur aux éleveurs? Alors que le salon accueille d'ordinaire environ 2000 animaux, il manque 30% des vaches, chèvres et mouton, touchés par la fièvre ovine.

Marie-Pierre Bourgeois