BFMTV
Gouvernement

Glyphosate: Macron choisit Hulot

Emmanuel Macron maintient sa volonté de voir le produit interdit sous trois ans au maximum quand l'Union européenne a délivré ce lundi une nouvelle autorisation pour 5 ans de l'herbicide très décrié du glyphosate.

Le vote qui a eu lieu ce lundi à Bruxelles réunissant les États membres de l'Union européenne, a accordé une nouvelle autorisation pour cinq ans de l'herbicide controversé Glyphosate

Alors que la France avait dit vouloir s'y opposer, Emmanuel Macron a réaffirmé la position de la France à ce propos. "J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans. #MakeOurPlanetGreatAgain", a-t-il publié sur Twitter ans la soirée. 

Tonalités différentes au sein de l'exécutif 

Plus tôt, Edouard Philippe a dit "regretter le résultat" auquel est parvenue l'Union européenne, dans un communiqué. "La France souhaite que la Commission fasse rapidement, comme elle l'a annoncé, des propositions de réforme du cadre européen d'évaluation des substances chimiques, afin de renforcer sa transparence et son indépendance", écrit encore le cabinet du Premier ministre Edouard Philippe. 

Sur le réseau social Twitter, la secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, Brune Poirson, a tenu à réagir à cette autorisation. La "France reste déterminée à sortir du glyphosate en moins de 5 ans", a-t-elle déclaré.

"Malgré le vote à Bruxelles, la France reste déterminée à sortir du glyphosate en moins de 5 ans. Nous travaillons de concert avec tous les acteurs pour trouver des alternatives crédibles", a-t-elle souligné.

Visiblement, l'indignation n'a pas fait le tour du gouvernement, cependant. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, a lui employé un ton légèrement différent de celui de ses collègues à l'énoncé de la décision européenne. "Je suis heureux que la Commission européenne ait pu enfin trouver un accord. (...) Nous sommes partis de loin, nous étions sur une ré-autorisation à 10 ans. Nous avons réussi à force de dialogue, à force de discussion avec nos partenaires, à réduire de moitié la durée qui était prévue. Donc il faut utiliser ces cinq ans de manière positive. Il faut que ces cinq ans soient utiles à l'agriculture, et à notre environnement", avait-il noté, appuyant tout de même la nécessité de trouver des solutions alternatives. 

L'arbitrage de Macron rebat les cartes gouvernementales 

Stéphane Travert maintient donc une position proche de celle de la majorité des agriculteurs français. Thierry Arnaud, chef du service politique de BFMTV, a rappelé l'équation en présence:

"Il y a d’un côté les demandes des agriculteurs, qui ne sont pas par principe opposés à ce qu'on leur retire le glyphosate mais simplement ils demandent du temps et que les choses soient organisées pour qu’ils puissent trouver un substitut qui fonctionne. De l’autre côté, il y a ceux qui sont avant toutes choses préoccupés par l’environnement et la santé et qui eux veulent des mesures beaucoup plus radicales et aller beaucoup plus vite."

Il n'empêche, cette dissonance en dit long sur les équilibres gouvernementaux, selon Laurent Neumann: "Dans le débat qui avait agité le gouvernement avant le vote de la commission Nicolas Hulot et Stéphane Travert, Emmanuel Macron a clairement choisi son camp, c’est Nicolas Hulot !"
S.Z. et R.V. avec AFP