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Pour son discours de rentrée, Hollande étrille Macron et "ceux qui viennent de nulle part"

A Cherbourg, où il organisait une séance de dédicaces de son livre Les leçons du pouvoir, François Hollande a adressé quelques reproches à son successeur Emmanuel Macron, sans jamais prononcer son nom.

"On ne peut pas simplement être dans la gestion ou dans l'accumulation de réformes soit disant indispensables". Lors de son discours de rentrée, prononcé ce vendredi à Cherbourg, l'ancien président de la République a multiplié les tacles implicites à l'égard de son successeur.

Qualifiant le narcissisme de "terrible maladie", François Hollande a prôné "une conception de l'Etat fondée sur le dévouement, la sincérité, l'intérêt général et une capacité à se sacrifier". Il a dans ce sens défendu "une vision de l'avenir pour la France, une stratégie qui va bien au-delà de son mandat pour que s'inscrivent les changements" dans le temps. Et si Emmanuel Macron se félicite du rythme des réformes mises en oeuvre depuis son accession à la présidence, son prédécesseur estime quant à lui qu'"une réforme n'est pas une conviction".

François Hollande est revenu quelques minutes sur la "présidence normale" qu'il avait souhaité exercer. Après avoir reconnu que l'adjectif "normal" n'était pas forcément le plus approprié - "la fonction est exceptionnelle mais je voulais me garder des excès, des emportements et des provocations", a-t-il clarifié -, l'ancien chef d'Etat a salué sa "présidence humaine".

"Une présidence doit être ferme pour résister notamment aux groupes de pression", a-t-il estimé, faisant référence à la présence du lobby des chasseurs à l'Elysée en début de semaine, la veille de l'annonce de la démission de Nicolas Hulot. "Mais il faut avoir cette capacité à comprendre", a-t-il assuré.

"Ceux qui viennent de nulle part sont perdus"

Avant de dresser son bilan, François Hollande a brièvement évoqué le projet de révision constitutionnelle. Rappelant que le président est "la clé de voûte de nos institutions", l'ancien locataire de l'Elysée s'est dit "pas favorable à un retour à un régime parlementaire", tout en estimant qu'il fallait "clarifier" les relations entre le président et le premier ministre afin de renforcer l'existence de contre-pouvoirs.

Se félicitant de son action à la tête de l'Etat (retour de la croissance, création d'emplois, baisse du chômage et réduction du déficit public entre autres), tout en reconnaissant "certaines erreurs", François Hollande a souligné le rôle de la gauche dans la réussite du pays.

"Tout se mérite, tout a une histoire", a déclaré l'ancien président, considérant que "ceux qui viennent de nulle part ne trouvent pas de point de destination". "Ils sont perdus", a-t-il estimé, avant d'ajouter que "rien ne se conquiert dans la prétention et dans l'oubli". 
Mélanie Rostagnat