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Politique

Les ambitions cachées de Hollande

Sans se prononcer sur un éventuel retour sur le devant de la scène politique, l'ex président de la République est omniprésent cet été, tenté de prendre sa revanche sur son ancien protégé.

Il est partout: sur les talons du président de la République à Cassis, dans une grande surface près de Saint-Brieuc, et désormais à Cherbourg, pour une nouvelle séance de dédicace de son livre Les Leçons du pouvoir et un discours qu'il promet "offensif". François Hollande n'a certainement pas renoncé à la politique. Il l'affirme lui-même dès qu'un micro se tend:

"La politique ne décroche pas, la vie, les événements, l’actualité sont là". "Il y a toujours une suite", prévenait le chef de l'Etat à Cassis.

L'ex locataire de l'Elysée ne se fait pas d'illusion sur ce regain de popularité - relatif, puisque 83% des Français interrogés par l'Ifop pour Le Figaro ne souhaitent pas le voir revenir en 2022 -, qu'il sait corrélé à la fin de son mandat: "Je suis lucide, cette sympathie est d’autant plus forte que je ne suis plus aux responsabilités du pays", déclare l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste.

"Vendre des livres, ça ne veut pas dire que ça va marcher après dans les urnes. Nicolas Sarkozy l’a mesuré à ses dépens en 2016", insiste notre éditorialiste Bruno Jeudy. 

Revanche

Il n'empêche, comme son rival de 2012 et Valéry Giscard d'Estaing avant lui, François Hollande semble taraudé par l'idée d'un retour.

"François n’a qu’une idée en tête, c’est la revanche", confiait l'un de ses proches au Monde

Une analyse partagée par Bruno Jeudy: "Il n’a pas digéré ce qui s’est passé, d’autant moins qu’il n’a pas pu se représenter. François Hollande a bien l’intention de rester dans ce paysage politique et d’envoyer quelques piques à son successeur."

Aux micros des radios ou sur les plateaux de télévision, les hollandais historiques lancent des flèches au "Brutus" Macron, à l'instar du grognard Michel Sapin, taclant le chef de l'Etat sur ses tergiversations quant au prélèvement de l'impôt à la source. 

Refondation

"Il y a un espace pour une gauche réformiste, une gauche de gouvernement, encore faut-il qu’elle redéfinisse le mot ‘socialisme'", estime Christophe Barbier. Mais l'éditorialiste de BFMTV se montre toutefois circonspect quant à un retour de "Monsieur 3%". 

"Le socialisme aujourd’hui est une idéologie qui est morte, il faut la refonder. Est-il l’homme le mieux placé pour cela? Je n’en suis pas sûr. François Hollande a essayé de faire pendant toute sa carrière une forme de synthèse entre les socialismes qui se sont déchirés."

Cela n'empêchera pas celui que ses détracteurs décrivent comme un responsable "jamais aussi bon que dans l'opposition" de distiller ses fameuses "petites phrases": "Il ne va pas se manquer sur ce terrain-là (…), le commentaire, c’est sa spécialité", affirme Bruno Jeudy. 
Louis Nadau