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Parlement

Loi Macron: après le 49-3, jour-J pour la motion de censure

Emmanuel Macron et Manuel Valls vont faire face, ce jeudi, au vote sur une motion de censure à l'Assemblée nationale.

Emmanuel Macron et Manuel Valls vont faire face, ce jeudi, au vote sur une motion de censure à l'Assemblée nationale. - Alain Jocard - AFP

Un petit Conseil des ministres, des discours de tous les groupes politiques représentés à l'Assemblée nationale et un vote crucial: le gouvernement de Manuel Valls joue son va-tout, ce jeudi, pour faire passer la loi Macron. Une première motion de censure, sous la mandature de François Hollande.

C'est jour de motion de censure, ce jeudi, à l'Assemblée nationale. Une épreuve encore inédite, sous la mandature de François Hollande. Deux jours après avoir eu recours au sulfureux article 49 alinéa 3 pour imposer le passage de la loi Macron, le gouvernement mené par Manuel Valls joue ce jour son va-tout devant les députés.

L'UMP, associée à l'UDI, a déposé une motion de censure à l'encontre de l'exécutif, un texte qui sera soutenu des deux côtés de l'échiquier politique, du Front de gauche au Front national. Si cette opération, soumise au vote de l'ensemble des membres de l'Hémicycle, est adoptée, le gouvernement pourrait tomber. 

Pour préparer cette journée si particulière, l'exécutif a tout d'abord eu rendez-vous à 11 heures à Matignon, où s'est tenu un petit Conseil des ministres. Mais c'est bien en cette fin d'après-midi que les choses sérieuses ont débuté.

Un discours par groupe politique

L'opération de la motion de censure a officiellement débuté sur les coups de 16h, au Palais de Bourbon, avec les débats. Le groupe formé par l'UMP à l'Assemblée nationale, à l'origine du texte, a été le premier à s'exprimer. Une intervention de l'UDI, qui, rappelons-le, s'est greffé au parti de droite dans cette manoeuvre, doit s'ensuivre. Les représentants du RRDP, du Groupe écologiste puis de la Gauche démocrate et républicaine disserteront par la suite, dans cet ordre.

Pour finir, le chef du groupe socialiste, Bruno Le Roux, tiendra en dernier lieu son discours, avant de laisser la parole au Premier ministre Manuel Valls. C'est l'un, si ce n'est le seul, réel intérêt de la motion de censure: elle permet aux parlementaires de s'exprimer de nouveau sur un projet de loi contesté par une partie de l'Assemblée. Un moyen de reprendre un tant soit peu le dialogue, l'invocation de l'article 49-3 coupant net toutes les discussions en cours.

A 18 heures, place au vote

Tous les discours achevés, le vote tant attendu pourra enfin se dérouler. Selon le programme annoncé, il devrait avoir lieu sur le coup de 18 heures et s'organiser dans des salons proches de l'Hémicycle. Le suspense, s'il en est, prendra fin une demi-heure plus tard avec le dépouillement express et électronique des résultats.

Sauf cataclysme, ce vote ne sera qu'une étape désagréable à franchir pour le Parti socialiste, qui ne craint au final pas grand chose. Pour que le gouvernement de Manuel Valls soit renversé, et que le texte sur la loi Macron passe ainsi à la trappe, il faut qu'une majorité absolue des députés se prononce en faveur de la motion de censure. Or, dans la configuration actuelle, avec 576 députés (au lieu de 577, un siège étant vacant pour l'heure), cela revient à au moins 289 voix. 

En pouvant compter, ce coup-ci, sur les frondeurs et les membres du MRC, le Groupe Socialiste, Républicain et Citoyen, composé de 288 membres, devrait à lui seul pouvoir opposer une résistance suffisante. Ils pourront également s'appuyer sur les 18 députés du Groupe écologiste, qui ne voteront par la motion déposée par l'UMP.

De drôles d'alliances

S'il est donc hautement improbable de voir la motion de censure passer, ce qui n'est d'ailleurs arrivé qu'une seule fois dans l'Histoire parlementaire de la Ve République, l'opposition au projet de loi Macron est telle qu'elle provoque de drôles de mélanges. En l'occurrence, les deux députés du Rassemblement Bleu Marine vont également voter la censure contre le gouvernement socialiste, bien que le Front national soit aussi très hargneux dès qu'il s'agit de s'en prendre à l'UMP, à l'origine du texte.

Encore plus étonnant, le Front de gauche et le Parti communiste ont également annoncé leur intention de censurer Manuel Valls et ses ministres avec une motion de droite. Faute d'avoir pu lancer, mercredi, leur propre "motion de censure de gauche".

Jé. M.