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Gouvernement

Recours au 49-3: Valls et Macron ne voulaient pas "jouer aux dés" avec leur texte de loi

Manuel Valls et Emmanuel Macron ont tous les deux justifié, ce mardi soir sur TF1 et France 2, le recours à l'article 49-3 pour la loi Macron.

Manuel Valls et Emmanuel Macron ont tous les deux justifié, ce mardi soir sur TF1 et France 2, le recours à l'article 49-3 pour la loi Macron. - Alain Jocard - AFP

Quelques heures après avoir déclenché l'article 49-3 pour la loi Macron, Manuel Valls est venu justifier sa décision surprise, prise en coordination avec François Hollande, sur le plateau du JT de TF1. "Nous ne pouvions jouer aux dés un texte aussi important", a-t-il notamment affirmé.

Après le coup de tonnerre politique, les justifications. Manuel Valls était l'invité du JT de TF1, ce mardi soir, quelques heures après avoir provoqué un véritable séisme à l'Assemblée nationale, et au-delà, en annonçant le recours à l'article 49-3 pour faire passer en force le projet de loi porté par le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron. Un ministre qui s'est également exprimé de manière simultanée sur le plateau de France 2, donnant un écho à son chef de file, en allant même jusqu'à employer les mêmes expressions.

"La France a besoin d'autorité," a tout d'abord justifié le Premier ministre. "Evidemment pour lutter contre la menace terroriste, et nous l'avons démontré avec le chef de l'Etat et le gouvernement, mais nous avons également besoin d'autorité pour redresser le pays", a-t-il martelé.

"Le ministre de l'Economie a bien travaillé"

Déterminé et volontairement autoritaire dans ses paroles, le chef du gouvernement a expliqué qu'il ne pouvait pas se permettre le moindre revers sur la loi Macron, à partir du moment où la majorité nécessaire pour la voter semblait incertaine. "Nous ne pouvions pas jouer aux dés un texte aussi important que celui présenté par Emmanuel Macron", a-t-il déclaré à ce titre, en s'appuyant sur "le plébiscite" que les Français ont accordé au texte.

"Le Parlement a débattu pendant des semaines sur ce texte, nous sommes allés jusqu'au bout du débat, plus de mille amendements, venant de tous les groupes, ont été acceptés par le ministre de l'Economie, qui a d'ailleurs bien travaillé avec tous les parlementaires et notamment avec l'immense majorité des députés socialistes", a encore tenu à rappeler le Premier ministre. 

Au sujet des frondeurs, Valls ne veut pas "perdre du temps"

Refusant de qualifier le recours à l'article 49-3 comme un désaveu ou "un échec" de la part du gouvernement - une critique émise à de nombreuses reprises dans les différentes réactions politiques tombées tout au long de cette fin ce journée, Manuel Valls a tenu réaffirmer un peu plus sa position. "Je ne pouvais pas me permettre qu'il y ait un échec ce soir, l'échec aurait été que le texte, qui est utile pour les Français, utile pour l'intérêt général, ne soit pas adopté". 

Or, rappelant que la motion de censure sera "très certainement rejetée, car il n'y a pas de majorité alternative", le Premier ministre a assuré que "ce texte va poursuivre son chemin". "Mon rôle, c'est de faire en sorte que le pays avance et qu'il puisse se réformer", a-t-il encore insisté.

"Vous croyez qu'un seul instant moi je vais perdre du temps avec ceux qui ont d'autres objectifs que les problèmes des Français?". C'est l'attaque portée par Manuel Valls à l'adresse des frondeurs du Parti socialiste, qui se sont farouchement opposés à la Loi Macron. "Chacun peut comprendre ma très grande détermination (...) à poursuivre les réformes, parce qu'il en va de l'intérêt du pays, et ce que les Français attendent, que le gouvernement agisse, ne perde pas du temps dans des débats stériles", a encore martelé le locataire de Matignon.

Emmanuel Macron évoque aussi le coup "des dés"

A la question de savoir s'il existait encore une majorité soutenant le gouvernement, Emmanuel Macron a assuré que "ce gouvernement avait encore une assise" et qu'il avait "pris ses responsabilités". Le ministre de l'Economie s'est exprimé en effet de manière simultanée au JT de 20H de France 2, quand son chef de file était sur TF1.

Revenant sur une après-midi parlementaire riche de rebondissements, le jeune ministre a décrit deux phénomènes. Il a d'abord fustigé "la droite qui n'a pas voulu prendre ses responsabilités et qui a joué un jeu politicien". En termes plus doux, le ministre a expliqué qu'"au sein du Parti socialiste, il y a eu des hommes et des femmes qui, sur la base de leurs convictions, ont pris une autre option". Mais au bout du débat, non sans une certaine gravité, Emmanuel Macron a eu cette formule: "La réforme économique, on ne la joue pas aux dés". Des propos similaires à ceux prononcés peu de temps avant lui par Manuel Valls, comme si tout avait été répété.

"Ni un coup de force, ni un aveu d'échec"

Revenant sur les péripéties, justement, du débat parlementaire, le ministre assure que le recours à l'article 49-3 de la Constitution n'est "ni un coup de force, ni un aveu d'échec". Sur l'utilisation de cet article tant décrié, le ministre explique que "chaque gouvernement a sa vérité". Il rappelle aussi que les "200 heures de débat parlementaire" ont bien eu lieu et que "chaque article de ce projet de loi a eu une majorité dans l'hémicycle", insistant sur le fait que "la majorité des députés socialistes était derrière ce texte".

Comment expliquer, alors, ce basculement de dernière minute? Emmanuel Macron l'a attribué à "un contexte politique qui s'est créé ces derniers jours et qui n'était pas à la hauteur de l'attente des Français". Quant à savoir s'il existe plus que jamais "deux gauches" avec des conceptions différentes de ce que doit être la politique économique, il a rétorqué qu'il "ne croit pas qu'il y ait deux gauches". Avant d'ajouter: "Ce qui compte c'est la gauche qui veut avancer".

Volontariste, Emmanuel Macron a également prévenu que "le gouvernement va continuer à travailler à réformer plus vite et plus fort." Ca tombe bien: dans le même temps sur la chaîne concurrente, Manuel Valls a juré qu'il avait encore "du carburant pour continuer" à réformer la France "jusqu'en 2017".

Jérémy Maccaud & David Namias