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L'Assemblée nationale adopte largement le projet de loi immigration

Les députés ont adopté ce mardi soir le compromis sur la loi immigration aux accents beaucoup plus durs que la copie initiale du gouvernement. Alors que la macronie craignait que le texte soit voté grâce aux voix du Rassemblement national, cela n'a finalement pas été le cas.

Un vote qui est loin de mettre un point final à la crise politique mais qui a un air de soulagement. Les députés ont adopté ce mardi soir le projet de loi immigration directement issu de l'accord avec la droite avec 349 voix pour et 186 voix contre.

La majorité présidentielle est loin d'avoir fait le plein. Plusieurs figures de la majorité, à l'instar de Sacha Houlié, le président de la commission des lois, ont voté contre la loi immigration. Plus de deux tiers des députés Modem ont également manqué à l'appel.

Un texte très loin des promesses de Gérald Darmanin

Considérablement durcie, la version adoptée par les députés contenaient plusieurs "lignes rouges" pour une partie de la majorité présidentielle à l'instar de la fin de l'automaticité du droit du sol, l'instauration de quotas migratoires ou encore l'impossibilité de toucher les aides personnalisées au logement (APL) avant cinq ans pour les étrangers sans emploi, très loin de la copie initiale du gouvernement.

Plusieurs points de cet accord étaient présents dans le programme de Marine Le Pen à la présidentielle. L'ex candidate à la présidentielle a d'ailleurs évoqué "une victoire idéologique".

La patronne des députés RN et ses élus ont voté pour le projet de loi défendu par Gérald Darmanin contrairement à ce qu'elle avait initialement avancé, tout comme les députés LR.

Macron "élu pour faire barrage à l'extrême droite"

Si numériquement, les voix des députés du RN auraient pu faire penché la balance, ce n'est finalement pas le cas. Si on retranche les voix du groupe de Marine Le Pen, la majorité est malgré tout atteinte, permettant une victoire symbolique à Gérald Darmanin.

Une très bonne nouvelle pour la majorité qui craignait de voir le texte adopté grâce au RN. La manœuvre aurait eu des airs de cauchemar.

Au second tour lors de la dernière présidentielle, Emmanuel Macron avait en effet reconnu "avoir été élu pour faire barrage à l'extrême droite". "Ce vote m'oblige", avait encore lancé le chef de l'État depuis le Champ-de-Mars.

De nombreux textes de la macronie ont cependant déjà été votés avec les voix des députés de Marine Le Pen comme sur la loi de programmation du ministère de l'Intérieur ou sur les Jeux olympiques de Paris.

"Pas de texte s'il n'y a pas de majorité sans le RN"

Ce mardi soir, avant le vote des députés, Élisabeth Borne avait d'ailleurs veillé à faire savoir son mécontentement en dénonçant une "grossière manœuvre" de l'extrême droite.

"Ce texte sera voté sans les voix du RN. Ce texte sera décompté sans les voix du RN et contrairement à vous, nous le disons ici, devant les Français. Il n'y aura pas de texte s'il n'y a pas de majorité sans le RN", a encore promis Gérald Darmanin.

Le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs bandé les muscles à la sortie du vote, évoquant "un texte fort", adopté "sans les voix" des députés de Marine Le Pen.

Soucieux de faire redescendre la pression et ne pouvant se passer des voix de tous ses députés dans les prochains mois, Emmanuel Macron s'exprimera mercredi et devrait dévoiler ses intentions.

La possibilité d'une éventuelle nouvelle délibération comme le permet l'article 10 de la Constitution, un temps évoquée un peu plus tôt dans la soirée, s'éloigne. Les traces laissées par le texte pourraient cependant être durables et fracturer dans la durée la macronie.

Marie-Pierre Bourgeois