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Politique

Loi travail: Macron emporte "la première manche" selon la presse

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron - KAMIL ZIHNIOGLU / POOL / AFP

Par sa méthode de concertation séparée des syndicats, Emmanuel Macron est parvenu à se prémunir d'un éventuel front syndical contre la loi travail.

Emmanuel Macron a gagné une bataille, mais pas la guerre: c'est la conclusion tirée par la plupart des éditorialistes après la présentation des ordonnances de réforme du code du Travail.

Non sans enthousiasme - le chef de l'Etat "brandit l'étendard des réformes à la manière d'un Bonaparte au pont d'Arcole", écrit Jean-Claude Souléry dans La Dépêche du Midi - la plupart des billets du jour saluent l'habileté politique et le volontarisme du président.

"La main du chef de l'État n'a pas tremblé! Emmanuel Macron avait promis d'engager une vaste réforme du Code du travail: elle est en bonne voie", se félicite ainsi Jacques-Olivier Martin dans les colonnes du Figaro

Idiots utiles

Prudent sur le fond du texte, Le Monde juge également que la victoire tactique d'Emmanuel Macron est acquise pour cette "première manche". "La méthode, celle du dialogue social, a été payante, en tout cas jusqu’à cette première étape. (...) La plus grande réussite de l’exécutif est donc d’avoir évité la reconstitution d’un large front syndical contre sa réforme."

Benoît Gaudibert complète dans L'Est républicain: "Emmanuel Macron est parvenu, à force de dialogue, à isoler l'opposition la plus dure au projet, cantonnée à la CGT et à la France Insoumise."

Une méthode de concertation matinée, à en croire La Voix du Nord, d'un certain cynisme politique, les syndicats étant occupés par le hochet du "dialogue social" pendant la période de concertations séparées voulue par l'exécutif. "Les uns et les autres se sont sentis écoutés. Les uns et les autres, donc, ont pu faire valoir leur utilité", avance Matthieu Verrier. 

Opposition morcelée

Si bien que l'horizon politique semble dégagé: "D'où peut venir le danger?", demande l'éditorialiste du Figaro.

"De la gauche? Elle est moribonde et ne pèse plus vraiment. De la droite? Avouons qu'elle serait mal placée de s'y opposer, alors qu'elle a souvent promis une refonte sociale de grande ampleur sans jamais avoir osé la faire."

Seule ombre au tableau: "La France insoumise de Mélenchon." "Depuis des semaines, avec ses alliés de la CGT, elle se démène pour déclencher la colère de la rue", s'inquiète Jacques-Olivier Martin. Deux rendez-vous sont déjà fixés pour battre le pavé: le 12 septembre pour la CGT et le 23 septembre pour La France insoumise.

Tenir le cap

La victoire d'Emmanuel Macron lors de la phase initiale de concertation est donc loin de signifier que la partie est gagnée. "Au-delà des manifestations, la méfiance de l'opinion va obliger le gouvernement à un sérieux effort de pédagogie, surtout s’il veut convaincre que sa réforme 'ambitieuse' est aussi 'juste'", prévient l'édito du Monde.

S'imposer dans cette épreuve de force est cependant une condition de la pérennité du quinquennat, selon le journaliste du Figaro, pour qui "le gouvernement doit maintenant tenir et aller jusqu'au bout, pour pouvoir engager la suite des réformes". Réformes que l'exécutif compte également mener tambour battant.

Un calcul risqué, selon Jean-Claude Souléry, du quotidien régional La Dépêche du Midi:

"Code du Travail, mais aussi fiscalité, éducation, aides sociales, assurance-chômage, logement, retraites, formation professionnelle: là où ils sont et quelles que soient leurs conditions, peu de Français échapperont au grand vent des réformes. Dès lors tous les ingrédients s'amoncellent pour un gigantesque ras-le-bol".

Louis Nadau