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Code du travail: face aux "social-killers", les Insoumis contre-attaquent

Ce jeudi, la teneur des ordonnances censées réformer le Code du travail a été dévoilée. Elle a suscité l'ire de députés et personnalités issus de la France insoumise qui ont haussé le ton contre l'exécutif dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Les ordonnances ont été annoncées ce jeudi par l'exécutif, et les 36 mesures chargées de réformer le Code du travail égrenées par Edouard Philippe et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Les Insoumis, dont les représentants à l'Assemblée nationale ont ferraillé contre la perspective de cette révision du fonctionnement du monde du travail français lors des débats, ont aussitôt réagi...et de manière très offensive.

"Massacre à la tronçonneuse"

Eric Coquerel, député "France insoumise" élu dans la Iere circonscription de Seine-Saint-Denis, a notamment déclaré sur Twitter: "Tout est dit : la loi donnera un cadre vague, les négociations fixeront les règles. La norme sociale est totalement inversée #Ordonnances. (...) Les '5 ordonnances' des social killers @murielpenicaud et @EPhlippePM c'est le massacre à la tronçonneuse du code du travail".

Plus tard, sur BFMTV, Eric Coquerel a approfondi: "C'est une vraie contre-révolution qui commence".

Des ordonnances qui vont "détruire la vie de millions de personnes"

Alexis Corbière, lui aussi député élu en Seine-Saint-Denis n'a pas usé de métaphore cinéphilique mais s'est montré tout aussi direct devant la presse:

"C'est une agression caractérisée contre le code du travail, avec préméditation en plus". Le parlementaire a évoqué "une nouvelle étape, hélas, de régression".

Pour lui, la réponse viendra désormais de la rue, à commencer par les rendez-vous du 12 septembre, et la journée syndicale emmenée par la CGT, et du 23 septembre, sous la bannière insoumise cette fois. Il s'agit, selon lui, de "donner une réponse à la hauteur de l'agression". "C'est un recul sans précédent de toute la logique protectrice de la loi du Travail", a pour sa part affirmé Charlotte Girard, une des voix de la famille politique de Jean-Luc Mélenchon, qui est pour le moment resté discret.

Sur BFMTV, Bastien Lachaud, député élu en Seine-Saint-Denis également, a lui aussi livré son commentaire. "C’est la réforme du Medef, dictée par le Medef au gouvernement du Medef", a-t-il dit. Selon lui, le chef de l'Etat ne disposait pas de la légitimité nécessaire pour avancer un tel contenu:

"Le président Macron n’avait pas une majorité populaire dans le pays, il n’avait pas de mandat pour appliquer de telles réformes. Il a été élu pour faire barrage à Marine Le Pen et pas pour détruire le Code du travail comme il est en train de le faire ou pour bouleverser et détruire la vie de millions de personnes qui vont maintenant vivre dans la précarité."

Quatennens raille le "médecin" Macron

Les mots sont durs donc, et la potion difficile à avaler de ce côté de l'échiquier politique. Adrien Quatennens, député du Nord, s'en est pris à la recette gouvernementale, dans laquelle il voit un remède de cheval plus à même d'achever le patient que de le soigner, via un post Facebook.

"Le médecin a rendu ses ordonnances! Contre la peste, il prescrit le choléra. La précarité de l'emploi comme solution au chômage de masse", a-t-il débuté avant d'ajouter ironiquement: "J'invite tous les salariés du pays à demander rendez-vous avec ou à voir leur patron pour 'dialoguer socialement' de leur salaire et de leurs conditions de travail selon le monde magique de Madame Pénicaud dans lequel patron et salarié se tapent sur l'épaule par amitié et n'ont que des intérêts communs".

Le député a ensuite détaillé sa vision des ordonnances:

"Cure d'accords d'entreprise, 3 cuillères à soupe matin, midi et soir pour fluidifier la gorge. Remplacement des médicaments CE, CHSCT et DP par une soupe aux arômes des trois pour en prendre moins souvent. Pour 'Dommages et Intérêts' des laboratoires Prud'hommes: Dorénavant utiliser le bouchon doseur. Etendre l'usage du comprimé 'Contrat de Chantier' en réponse à d'autres maux que ceux pour lesquels il était préconisé. En effet, son avantage est qu'il fond sous la langue. Les salariés sont par ailleurs heureux d'apprendre qu'un licenciement pourra être motivé "économique" dans un groupe qui se porte globalement bien !"

Sur le terrain médiatique et politique, avant les cortèges de septembre, les Insoumis ont enclenché leur contre-attaque à Emmanuel Macron, Edouard Philippe et à la majorité.
Robin Verner