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Les Républicains

François Fillon: affaire par affaire, ce qu'il a justifié, ce qu'il a omis

François Fillon riposte. Lors d'une conférence de presse, le candidat des Républicains à l'élection présidentielle a répondu ce lundi à certaines des différentes accusations qui le visent, assurant n'avoir "rien à cacher".

Il a livré ses explications. François Fillon a répondu à certaines des différentes polémiques et accusations qui le visent depuis plusieurs jours lors l'une conférence de presse ce lundi après-midi. "François Fillon souhaite s'exprimer devant les Français", avait fait savoir son entourage un peu plus tôt sans donner davantage de détails. Depuis son QG de campagne dans le 15e arrondissement de Paris, le candidat des Républicains à l'élection présidentielle a riposté.

"Je comprends les interrogations", a-t-il dit, assurant qu'il n'avait "rien à cacher".
  • L'emploi de son épouse comme assistante parlementaire

Penelope Fillon est soupçonnée d'avoir touché près de 900.000 euros pour un emploi fictif d'assistante parlementaire auprès de son mari puis de son suppléant, Marc Joulaud, de 1988 à 1990 et de 1998 à 2002. À la police, elle a déclaré qu'elle lui "préparait des fiches" et qu'il lui arrivait "de le représenter". Pourtant, cette dernière ne se souvient pas d'avoir signé ses contrats. Par ailleurs, les enquêteurs, qui se sont vus remettre des documents à l'Assemblée nationale, n'ont aucune preuve matérielle de la réalité de son poste d'attachée parlementaire.

Autre élément contradictoire: lors d'une interview en 2007 au Daily Telegraph, elle avait assuré qu'elle n'avait jamais assisté son mari dans ses fonctions. Et selon Le Monde, le candidat de la droite et du centre à la présidentielle 2017 aurait reconnu que c'était lui qui avait demandé à son suppléant d'embaucher sa femme. 

À nouveau, François Fillon a longuement pris la défense de son épouse ce lundi. "Oui, j'ai employé mon épouse comme collaboratrice, elle a ensuite été la collaboratrice de mon suppléant (...) Elle a donc occupé ce poste pendant quinze ans pour une rémunération mensuelle de 3.677 euros net." Un salaire "parfaitement justifié pour une personne diplômée de droit et de lettres" et parce que "son travail était indispensable", selon le candidat de la droite. Il a également assuré que son épouse, qui a "donné les preuves de son travail", n'a pas "été assistante à l'insu de son plein gré". 

François Fillon a ensuite annoncé qu'il allait publier la totalité des contrats de sa femme sur son site internet, ce lundi soir.

  • Les notes de lecture dans La Revue des deux mondes

C'est l'affaire dans l'affaire ou plutôt le volet "abus de biens sociaux". Penelope Fillon aurait réalisé deux notes de lectures, signées sous pseudonyme, et délivré quelques conseils stratégiques à la direction de La Revue des deux mondes pour un salaire mensuel de 5.000 euros brut. Pour le propriétaire de cette revue de sciences humaines Marc Ladreit de Lacharrière, proche de François Fillon, il s'agissait de profiter des compétences d'"une femme intelligente". Le directeur de l'époque, Michel Crépu, a quant à lui assuré ne l'avoir jamais vue dans les locaux ou n'avoir travaillé avec elle.

François Fillon n'a pas évoqué cette affaire lors de sa conférence de presse.

  • Un autre emploi fictif à La Revue des deux mondes?

Marc Ladreit de Lacharrière n'aurait pas seulement embauché Penelope Fillon à La Revue des deux mondes. Il aurait également fait bénéficier Alexia Demirdjian, une collaboratrice de François Fillon, présentée comme un "pilier" de son équipe, a révélé Mediapart. Salariée à partir de mars 2015, elle a été pendant un peu plus d'un an chargée de mission pour la Fondation culture et diversité, une branche de la holding Fimalac - le groupe de l'homme d'affaires. Sauf que la jeune femme n'a "pas laissé de trace publique de son passage".

L'ancien Premier ministre n'a pas non plus évoqué ces accusations.

  • Une légion d'honneur dans le viseur

Les enquêteurs soupçonnent François Fillon d'un possible trafic d'influence autour de l'attribution d'une décoration, affirme Le Monde. Le parquet financier s'intéresserait à la Grande Croix de la Légion d'honneur accordée par François Fillon, en 2010, à Marc Ladreit de Lacharrière, président de La Revue des deux mondes qui a embauché Penelope Fillon, un an plus tard.

Ce sujet n'a pas été abordé ce lundi.

  • Les salaires de ses enfants étudiants

Après les premières révélations du Canard Enchaîné, François Fillon a lui même livré qu'il avait embauché deux de ses enfants avocats lorsqu'il était sénateur. Problème: ils n'étaient pas encore avocats mais seulement étudiants en droit. Et les sommes qu'ils auraient perçues sont bien au-delà des pratiques habituelles. La fille du couple Fillon, Marie, aurait été rémunérée à hauteur de 57.084 euros pour quinze mois de travail. Son frère, Charles, embauché pour six mois, aurait gagné plus de 26.500 euros d'argent public.

Selon le candidat des Républicains à l'élection présidentielle, ses enfants ont touché "des salaires mensuels net de 3.000 euros en moyenne pour chacun", a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse. "Tous les contrats sont légaux, les sommes perçues ont été déclarées, imposées" et les montant des rémunérations ont été "respectueux des crédits alloués aux parlementaires". Mais il a reconnu "une erreur" et a présenté ses "excuses aux Français" pour avoir embauché femme et enfants.

  • Son fils aurait travaillé pour Nicolas Sarkozy?

Selon Le Monde, François Fillon aurait également admis que son fils, embauché comme attaché parlementaire au Sénat, aurait en fait travaillé pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

  • "Mon fils n'a jamais participé à la campagne présidentielle", a-t-il balayé ce lundi.
  • Un livre écrit par sa fille?

Toujours selon le quotidien du soir, François Fillon aurait déclaré au cours de son audition que sa fille, Marie, l'un de ses deux enfants embauchés comme assistants parlementaires, l'avait aidé à écrire son livre La France peut supporter la vérité.

"Ma fille a travaillé sur beaucoup de sujets et en particulier sur la base documentaire pour écrire ce livre", a reconnu François Fillon.
  • Des chèques versés par le Sénat

François Fillon aurait reçu sept chèques, d'une valeur de 3.000 euros chacun, tirés d'un compte appartenant à l'Union républicaine du Sénat, lorsqu'il était sénateur de 2005 à 2007. Ces sommes correspondent, selon Le JDD, à des reliquats de crédits d'assistants parlementaires. Une soixantaine de sénateurs aurait profité de ce système qui intéresse la justice.

"Ce sont les pratiques de la vie politique, qui sont très anciennes, qui ne sont plus aujourd'hui acceptées des Français", a reconnu François Fillon. "Suis-je poursuivi pour ces pratiques? Non. En suis-je à l'origine? Non. Doivent-elles changer? Oui".
  • Son activité de consultant

Entre 2012 et 2015, François Fillon aurait travaillé au sein de la société "2F Conseil" et aurait empoché 600.000 euros, comme le révélait Le Canard enchaîné. L'activité de consulting est interdite aux députés si elle est démarrée après leur élection. Ce qui n'était pas le cas pour François Fillon. Mais certains s'en étonnent. "Qui imagine le Général de Gaulle se présenter à la présidentielle avec un revenu mystérieux qui quadruple son indemnité parlementaire", a attaqué Yannick Jadot. Le candidat écologiste à l'élection présidentielle a même ajouté sur BFMTV: "ce qui circule, c'est que François Fillon aurait travaillé pour des sociétés russes (…) On comprendrait alors la complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine".

François Fillon a vivement contesté ce lundi ces accusations, affirmant qu'"aucune entreprise russe" ni "le gouvernement russe" ne figuraient parmi les clients de sa société de conseil. Et a ajouté: "toutes les conférences que j'ai données en Russie l'ont été à titre gracieux".

>> Pour suivre en direct les réactions à la conférence de presse de François Fillon, c'est ici

C.H.A. avec J.C.