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Charles Pasqua, deux fois condamné, maintes fois relaxé

Charles Pasqua est mort ce 29 juin 2015.

Charles Pasqua est mort ce 29 juin 2015. - AFP

L'ancien ministre gaulliste, mort lundi à l'âge de 88 ans, s'était retrouvé de nombreuses fois empêtré dans des affaires politico-judiciaires. Retour en arrière.

Charles Pasqua, voix tonitruante et sens de la politique hors pair, est mort soudainement lundi soir, à l'âge de 88 ans, des suites d'un arrêt cardiaque. Personnage corse sulfureux, le parrain politique de Jacques Chirac aura aussi marqué les esprits par ses nombreux démêlés avec la justice ces quinze dernières années, qui se sont conclus pour la plupart par des relaxes. 

Cité dans près d'une dizaine d'affaires, le vieux lion de la politique avait été condamné définitivement en 2010 dans deux dossiers: 18 mois de prison avec sursis pour le financement illégal de sa campagne européenne de 1999, et un an de prison avec sursis par la Cour de justice de la République dans l'affaire des détournements de fonds au préjudice de la Sofremi, une entreprise de matériel de sécurité.

C'est d'ailleurs devant un tribunal qu'il avait fait sa dernière apparition publique: en mai dernier, poursuivi en appel pour détournement de fonds publics dans l'affaire de la Fondation Hamon, Charles Pasqua s'était montré las et fatigué, clamant son innocence. L'arrêt devrait être rendu en septembre prochain. Une fois cette affaire derrière lui, il ne restait plus à l'ancien sénateur que de passer en appel pour une condamnation à 5.000 euros d'amende, après avoir menti sur une déclaration de patrimoine. Sauf coup de théâtre, il aurait après cela fait ses adieux aux tribunaux, après les avoir souvent fréquentés. 

Trafic d'armes et d'argent

Retour en arrière. Nous sommes en 2001, l'affaire du Casino d'Annemasse éclate. Charles Pasqua est accusé d'avoir autorisé l'exploitation de ce lieu à des proches en tant que ministre de l'Intérieur, et d'avoir empoché 7,5 millions de francs sur la vente du casino en 1995, au profit de sa campagne électorale européenne. Il sera condamné définitivement à 18 mois de prison avec sursis en 2010, après un appel et un pourvoi en cassation. La Cour de justice de la République, devant laquelle il avait été renvoyé pour ce dossier, le relaxera toutefois des accusations de "corruption passive".

Autre affaire sensible, celle dite de l'Angolagate. La justice reproche à plusieurs personnalités françaises d'avoir vendu à l'Angola des armes entre 1993 et 1995, sans autorisation de l'Etat, pour un montant total de 790 millions de dollars, alors qu'une guerre civile venait d'éclater. Une guerre qui aura fait au total près d'un million de morts. Le Rassemblement pour la France (RPF), parti créé par Charles Pasqua, est soupçonné d'avoir touché une partie de l'argent de cette vente. En 2001, une information judiciaire est ouverte contre l'homme politique. Mis en examen à deux reprises, il sera condamné à de la prison ferme, avant d'être relaxé en appel, en 2011.

Philippe Courroye, magistrat instructeur de ces dossiers

D'autres affaires ont entaché la carrière de Charles Pasqua, comme celle dite de GEC-Alsthom, dans laquelle il était soupçonné d'avoir touché un pot-de-vin de 5 millions de francs en contrepartie d'un agrément ministériel délivré à l'entreprise en 1994. Relaxe en 2010. Nouvelle relaxe en 2013 dans une affaire très médiatisée, celle du procès "Pétrole contre nourriture". Véritable scandale mondial, ce dossier reposait sur un système de corruption mis en place par Saddam Hussein, qui vendait notamment à plusieurs pays clients des barils moins chers en échange de rétro-commissions.

Derrière ces dossiers sensibles, un même juge d'instruction, arrivé en 1999 au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris: Philippe Courroye, aujourd'hui avocat général à la cour d'appel de Paris. Le magistrat a patiemment enquêté sur Charles Pasqua et ses réseaux durant de nombreuses années. En 2010, sur Public Sénatle pilier gaulliste avait d'ailleurs dit de lui: "Je le connais bien. Pour moi, très honnêtement, c'est tout à fait le modèle de ce qu'il ne faut pas faire".

Alexandra Gonzalez