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La France Insoumise

Comment la gauche veut continuer de s’opposer à la réforme des retraites après le 1er-Mai

Les députés de la Nupes à l'Assemblée nationale le 15 mars 2023

Les députés de la Nupes à l'Assemblée nationale le 15 mars 2023 - Ludovic Marin/AFP

Vote d'une proposition de loi pour abroger le report de l'âge légal, référendum d'initiative partagée, 14-Juillet... Les élus de la Nupes comptent poursuivre leur combat contre la réforme des retraites après la mobilisation de ce lundi.

Battre le fer pendant qu'il est encore chaud. A gauche, l'adage prend tout son sens dans la période actuelle: pas question pour ses différents responsables politiques de tourner la page de la réforme des retraites, même si le texte a été promulgué depuis un peu plus de deux semaines. Au contraire, il s'agit de mobiliser et de maintenir l'idée d'un retrait à l'agenda, alors que l'opinion continue de soutenir le mouvement social.

Invité de BFMTV, François Ruffin a ainsi assuré ce dimanche que "la bataille est en cours". Dans ce match contre l'exécutif, le député insoumis de la Somme s'est dit prêt à jouer "les prolongations", voire même les "penaltys" s'il le faut. Tout en scandant à plusieurs reprises un message à ses supporters:

"Cette loi sera défaite."

Un "raz-de-marée" pour le 1er-Mai?

Depuis que les Sages ont donné leur feu vert le 14 avril dernier, les représentants de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) ont en ligne de mire le 1er-Mai, journée internationale des travailleurs. Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon espère que cette mobilisation, sous fond de contestation de la réforme des retraites, se traduira en "raz-de-marée".

La gauche pourra compter, une nouvelle fois, sur l'unité syndicale, qui ne s'est jamais démentie depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites. Preuve de la portée de la contestation: c'est la première fois depuis 2009 que les centrales font front commun un 1er-Mai.

Reste à savoir néanmoins jusqu'à quand perdurera cette union, au moment où les syndicats sont appelés à retrouver la table des négociations et doivent, en ce sens, recevoir une invitation d'Élisabeth Borne pour se rendre à Matignon cette semaine.

Maintenir la pression depuis l'Assemblée nationale

La gauche, elle, se retrouvera dès mardi pour une "réunion au sommet" regroupant ses différents chefs à plumes, avec l'objectif d'enclencher la phase 2 de la Nupes. Si les sujets de tensions sont nombreux, entre un Fabien Roussel qui juge cette coalition "dépassée" et les divisions sur l'idée d'une liste commune aux européennes, les différents élus pourront faire l'union autour de la réforme des retraites. D'autant plus au regard du calendrier.

Dès le lendemain de cette réunion, ils sauront si le Conseil constitutionnel valide leur seconde demande de référendum d'initiative partagée pour maintenir l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans et empêcher son report à 64 ans, prévu par la loi de l'exécutif. Une première initiative a été rejetée par les Sages le 14 avril dernier, mais la gauche place ses espoirs dans un texte plus solide juridiquement.

Elle cherchera également à continuer la bataille depuis le Palais Bourbon, alors que les vacances parlementaires prennent fin cette semaine. "Le Parlement ne peut pas reprendre son petit train-train comme avant", estime le député insoumis Antoine Léaument dans Le JDD.

"S'il y a de l'action à l'Assemblée, il y en aura dans la rue", se projette ce proche de Jean-Luc Mélenchon.

Une proposition de loi Liot

La Nupes mise notamment sur une proposition de loi des députés Libertés Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) visant à abroger le report de l'âge légal à 64 ans. Le texte sera présenté le 8 juin prochain, à l'occasion de la niche parlementaire du groupe.

Lequel s'est déjà distingué en déposant une motion de censure "transpartisane", après que le gouvernement a déclenché le 49.3 sur la réforme des retraites, le 20 mars dernier. Le vote de cette disposition permettant de renverser le gouvernement s'était joué à 9 voix près et avait recueilli des suffrages de députés Les Républicains - une première depuis le début de la législature.

Cette fois, le groupe Liot pourrait néanmoins trouver une issue favorable: contrairement à la motion de censure, qui nécessite une majorité absolue (289 voix), il n'aura besoin que d'une majorité simple pour faire adopter sa proposition de loi.

Une grande action des insoumis le 14 juillet?

Sans pour autant que cela soit suffisant, le Sénat devant ensuite donner son feu vert. Une éventualité qui semble t, tant la majorité de droite du Palais du Luxembourg est favorable à la réforme des retraites et au report de l'âge légal de départ.

Dans tous les cas, la gauche voit plus loin. Comme l'a révélé Le Parisien, les insoumis réfléchissent à l'organisation d'une grande action le 14 juillet prochain. Si la date marque la Fête nationale, elle sera également l'occasion pour Emmanuel Macron de faire le bilan de la période des "100 jours d'apaisement", qu'il a annoncée le 17 avril dernier. Soit le jour idéal pour LFI pour ouvrir un contre-feu.

Baptiste Farge