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Remaniement: Emmanuel Macron veut "appuyer sur le bouton", Élisabeth Borne sur le départ

Le chef de l'État planche sur un remaniement qui pourrait avoir lieu dans les prochains jours. La Première ministre pourrait quitter Matignon tandis que de nouveaux visages pourraient faire leur entrée au gouvernement. La tentation d'un casting resserré fait son grand retour.

Des petits nouveaux dans les rangs du gouvernement? Après le report du Conseil des ministres ce mercredi 3 janvier, Emmanuel Macron a suscité l'émoi et l'inquiétude dans son propre camp.

Alors que l'hypothèse d'un remaniement d'ampleur tenait la corde pour le 17 janvier, jour du verdict du procès d'Olivier Dussopt pour favoritisme, l'échéance pourrait être bien plus proche.

"Le président a pris la décision d'appuyer sur le bouton", juge ainsi un membre du gouvernement auprès de BFMTV ce jeudi 4 janvier.

Depuis quelques heures, le chef de l'Etat enchaîne les rendez-vous à l'Elysée: il a notamment reçu le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ce jeudi après-midi et doit s'entretenir avec Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, vendredi, a appris BFMTV de sources concordantes.

Borne sur le départ

La fenêtre de tir choisie par le président pourrait s'ouvrir à partir de vendredi soir, quelques heures après l'hommage national à Jacques Delors et se refermer lundi. D'ici là, le sort d'Élisabeth Borne devrait être scellé avec un très probable départ du gouvernement.

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Si le chef de l'État a bien déjeuné avec sa Première ministre ce mercredi, comme il le fait chaque semaine, rien n'a fuité de ce repas.

"Comme d'habitude, il n'a rien laissé transparaître", assure ainsi un lieutenant macroniste.

Il faut dire que la Première ministre semble bien décidée à rester en poste et ne se juge en rien abîmée par l'enchaînement des 49.3 sur les budgets et la loi immigration, adoptée dans la douleur à l'Assemblée nationale fin décembre. Elle a ainsi assuré avoir "le sentiment du devoir accompli" dans la foulée malgré l'abstention ou le vote contre de près d'un quart des députés Renaissance.

"Avec Macron, ça ne matche pas"

Si le chef de l'État l'a bien remerciée "tout particulièrement" lors de ses vœux le 31 décembre, beaucoup y ont vu le signe d'un départ rapide.

"Il n'y a plus d'enjeux sur son maintien, dans la mesure où elle a battu le record d'Édith Cresson", avance un proche du président.

L'ex-Première ministre de François Mitterrand était restée en poste à peine dix mois tandis qu'Élisabeth Borne est à Matignon depuis presque vingt mois.

"Ça ne matche pas avec Macron", résume à grand trait un membre du gouvernement.

Lecornu potentiel nouveau locataire à Matignon

Pour la remplacer, plusieurs noms reviennent dans les allées du pouvoir, à commencer par celui de Sébastien Lecornu. L'actuel ministre de la Défense, issu des bancs de la droite et longtemps élu local dans l'Eure, a pour lui l'avantage de pouvoir négocier avec les députés LR, acteurs clefs à l'Assemblée nationale en l'absence de majorité absolue.

"Emmanuel Macron veut un super dircab, il ne fera pas d'ombre au président et il parle aux élus. C'est le portrait idéal", croit savoir un membre du gouvernement.

Autre hypothèse: Bruno Le Maire. À Bercy depuis 2017, le ministre de l'Économie, qui fait partie des rares à être bien identifié par les Français, n'a pas jamais fait mystère de ses ambitions à Matignon. Il n'est cependant pas un proche du chef de l'État.

Les hypothèses Ferrand et Denormandie

Le nom de Richard Ferrand est également sur la table. Resté intime d'Emmanuel Macron, celui qui avait été l'un des artisans de sa victoire à l'Élysée il y a sept ans, n'a cependant pas réussi à se faire réélire député en juin 2022.

Longtemps socialiste, l'ancien président de l'Assemblée nationale aurait cependant l'avantage de rassurer l'aile gauche de la majorité, très en colère depuis la loi immigration. Il a également l'avantage d'être désormais dégagé de ses démêlées judiciaires.

"Richard, c'est un choix de début ou de fin de quinquennat. On ne peut pas se recroqueviller sur sa base en milieu de mandat", nuance cependant un ministre.

Dernière possibilité: Julien Denormandie. Méconnu du grand public, l'ancien ministre de l'Agriculture se serait bien vu à Matignon lors du précédent quinquennat. Il a officiellement quitté la politique et travaille désormais dans un fond d'investissement. Son nom avait déjà beaucoup circulé lors du précédent remaniement en juillet dernier.

Vers le départ des ministres frondeurs

Au-delà de l'éventuel successeur d'Élisabeth Borne, plusieurs ministres sont sur la sellette, à commencer par ceux qui ont laissé plané le spectre d'une démission collective à quelques heures du vote sur la loi immigration. Le ministre des Transports Clément Beaune, qui avait organisé un dîner avec ses collègues contrariés par le texte, pourrait devoir quitter le gouvernement.

Même topo pour Rima Abdul-Malak (Culture), Patrice Vergriete (Logement) ou encore Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur) dont la démission a été "refusée" par Emmanuel Macron.

"Il est dans une colère noire contre Beaune et compagnie", résume un ministre.

La ministre de la Santé Agnès Firmin-Le Bodo devrait également être partante. Nommée par intérim pour remplacer Aurélien Rousseau qui a démissionné après la loi immigration, cette ancienne pharmacienne a été épinglée pour avoir reçu "sans les déclarer" des cadeaux d'une valeur estimée à 20.000 euros par les laboratoires Urgo.

"C'est indéfendable, elle ne peut pas rester", tance un ministre.

Vers un gouvernement "resserré"?

Leur départ pourrait être l'occasion de plancher sur "un gouvernement resserré", comme l'avait déjà laissé entendre en avril 2022 Emmanuel Macron, avant de finalement nommer pas moins d'une trentaine de ministres et de secrétaires d'État après sa réélection. Le dernier remaniement en juillet dernier n'a pas non plus changé la donne. Actuellement, l'exécutif compte pas moins de 39 membres.

Mais le secrétaire général Alexis Kohler, tout comme François Bayrou, plaide pour une réduction du nombre de ministres qui passerait par des ministères au périmètre beaucoup plus large. Au menu: l'Éducation nationale qui engloberait l'Enseignement supérieur ou encore un portefeuille qui réunirait l'Énergie et l'Écologie.

Parmi les éventuels entrants, le nom de plusieurs députés circule. Maud Bregeon, déjà sur le banc de touche lors du précédent remaniement, pourrait faire son entrée au porte-parole. Cette très proche de Gérald Darmanin pourrait être accompagnée de Guillaume Kasbarian.

Actuel président de la commission des Affaires économiques, cet intime d'Aurore Bergé pourrait arriver au Logement. L'ex-socialiste Florent Boudié, rapporteur de la loi immigration, pourrait également récupérer le portefeuille des Relations avec le Parlement.

2024 pour se relancer?

Reste à savoir si ce remaniement aura une vraie incidence sur la suite du quinquennat d'Emmanuel Macron. Le chef de l'État qui mise sur plusieurs événements d'ampleur pour se relancer, des JO 2024 en passant par le 80e anniversaire du Débarquement et la réouverture de Notre-Dame-de-Paris, veut y croire. Le chef de l'État déjà promis "une année de fiertés françaises".

Le service politique de BFMTV et Marie-Pierre Bourgeois