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"Prise d'otage", "cirque à la romaine"... La majorité inquiète de l'accueil pour Macron au Stade de France

Emmanuel Macron lors de la finale de la Coupe du monde 2022 à Doha (illustration)

Emmanuel Macron lors de la finale de la Coupe du monde 2022 à Doha (illustration) - Paul ELLIS / AFP

Le président sera présent à Saint-Denis ce samedi pour la finale de Coupe de France entre Nantes et Toulouse. L'intersyndicale a déjà prévu de distribuer sifflets et cartons rouges aux spectateurs contre la réforme des retraites.

Éviter une séquence potentiellement désastreuse pour Emmanuel Macron. La macronie hausse le ton contre l'éventualité d'un accueil hostile pour le président, qui sera présent ce samedi soir lors de la finale de la Coupe de France. Au grand dam de la majorité présidentielle, qui veut éviter des images du chef de l'État hué par des milliers de fans de foot.

Ce match "a été pensé pour être un moment de trêve, pendant lequel on ne fait pas de politique", a défendu le porte-parole du gouvernement Olivier Véran ce vendredi matin sur BFMTV, en évoquant une compétition qui a lieu pourtant chaque année depuis 1917.

Avant d'ajouter: "un match de foot, ce n'est pas les jeux du cirque à la romaine".

Cartons rouges et sifflets dans les tribunes

L'intersyndicale de Seine-Saint-Denis a prévu de distribuer des cartons rouges et des sifflets pour marquer l'opposition à la réforme des retraites. Avec un objectif: se faire le plus bruyant possible à la 49e minute de jeu, en référence à l'article 49.3 de la Constitution, activé pour faire adopter sans vote des députés la réforme des retraites.

Les menaces sont manifestement prises au sérieux après un bain de foule très houleux pour le président dans le Bas-Rhin, entre sifflets, huées et "Macron démission" le 18 avril dernier - le premier depuis la promulgation express de la réforme des retraites.

Si le chef de l'État a continué à renouer avec les visites de terrain, il a préféré les visites relativement improvisées pour retourner au contact, que ce soit à Pérols ou à Dôle, évitant ainsi des comités d'accueil prévus en amont. Quant à ses ministres, rares ont été ceux à échapper aux casserolades ces derniers jours lors de leurs déplacements.

Une présence de Macron sur la pelouse très hypothétique

Mais la tradition veut que, pour ce match qui oppose cette fois-ci Nantes à Toulouse, le président salue les joueurs sur la pelouse avant le coup d'envoi puis remettre le trophée à l'équipe gagnante. Autant dire une exposition maximale aux éventuelles huées, aux insultes voire même aux jets de projectiles.

"La finale de la Coupe de France est un événement sportif, familial et festif auquel le président de la République s'est toujours rendu. Il y sera cette année encore", a défendu de son côté l'Élysée, sans en préciser les modalités. "Pour le moment, rien n’est arbitré sur la présence du président sur la pelouse", a cependant fait savoir une source policière.

"Il ne faut pas politiser cet événement à l'excès, laissons le sport être un beau moment d'unité de ce pays", a jugé Marlène Schiappa, la secrétaire d'État déléguée à l'Économie sociale et solidaire, sur RTL ce vendredi matin.

Un événement "pris en otage par la politique"

Même son de cloche du côté de Jean-Pierre Raffarin. L'ancien Premier ministre, soutien d'Emmanuel Macron, avance, lui, que "les vrais amoureux du sport n'aiment pas que leurs événements soient pris en otage par la politique".

Le président ne serait cependant pas le premier dirigeant à être sifflé. François Hollande et Nicolas Sarkozy avaient tous deux essuyé des quolibets. Emmanuel Macron lui-même a déjà été sifflé en juin dernier lors d'une finale de rugby entre Castres et Montpellier.

Preuve cependant que cette fois-ci, la tournure est différente: le dispositif policier déployé. "3000 policiers et gendarmes seront mobilisés et des contrôles policiers très nombreux seront mis en place", a expliqué Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur sur Europe 1.

Des groupes électrogènes prévus

Le souvenir du fiasco de la finale de Ligue des champions entre Liverpool et le Real Madrid, marquée par des scènes de chaos, est toujours dans les mémoires, avant les JO de Paris 2024 et la coupe du Monde de rugby en septembre.

Pas question non plus de laisser la possibilité à d'éventuelles coupures de courant comme cela a été le cas lors du match de rugby entre Agen et Nevers ce jeudi soir, plongeant le stade dans le noir pendant une trentaine de minutes. Des groupes électrogènes seront prêts à l'activation sans délai si nécessaire.

Marie-Pierre Bourgeois