BFMTV
Gouvernement

"Pas de solution magique": pour la macronie, le futur remaniement ministériel tourne au casse-tête

Les rumeurs de remaniement vont bon train au sein du gouvernement. Quelle sera la composition de ce nouvel exécutif? Qui sera à sa tête? Y aura-t-il un accord avec les Républicains? Nos informations recueillies par le service politique de BFMTV.

C'est le sujet du moment dans les arcanes du pouvoir. Quand Emmanuel Macron va-t-il remanier le gouvernement? Avec ou sans Élisabeth Borne? Avec ou sans Les Républicains? Ce qui est certain, c'est que beaucoup au sein de la majorité espèrent et poussent pour un remaniement de l'équipe gouvernementale rapide.

"Il faut que ce soit finalisé avant le 14 juillet", souffle un député proche du président de la République, qui espère que, cette fois-ci qu'Emmanuel Macron ne tergiversera pas trop longtemps.

Un remaniement moins flou, à l'exception de la date

"Les Français doivent partir en vacances avec une nouvelle équipe bien identifiée" ajoute-t-il. L'objectif est notamment d'exfiltrer les poids plumes contestés, confier un nouveau portefeuille à ceux qui ont besoin de changement et donner un nouveau souffle à cette équipe qui comprend 42 ministres, dont beaucoup sont relativement inconnus du grand public.

Ce remaniement qui affole la Macronie
Ce remaniement qui affole la Macronie
21:17

Le chef de l'État en a-t-il toutefois envie? Oui, selon les dires d'un cadre de la majorité.

"Le remaniement aura sûrement lieu d'ici à début juillet. En tout cas, c'est maintenant ou en janvier", assure ce même cadre.

D'autres visent plus loin et imaginent une véritable recomposition du gouvernement après les Jeux olympiques. Trop tard jugent plusieurs élus Renaissance, et même certains ministres. "Oui il faut une équipe plus politique, plus resserrée...", confie un membre du gouvernement.

"On doit être une équipe d’attaquants, pas une équipe de défenseurs. Les défenseurs, c’est par temps calme", souffle un autre ministre.

Schiappa, Ndiaye et Braun sur la sellette

De là à parler de tempête? En coulisses, trois ministres sont sur le fil. D'abord Marlène Schiappa. La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, épinglée pour sa Une dans le magazine de charme PlayBoy, est aujourd'hui empêtrée dans l'affaire du Fonds Marianne.

"Je ne comprends pas ce qu'elle fait encore là. Elle doit sortir, c’est un boulet", enrage un conseiller de l'exécutif.

Autre membre menacé: Pap Ndiaye. Le discret ministre de l'Éducation nationale, à la gestion critiquée de l'affaire de la jeune Lindsay, n'a pas que des amis au sein du gouvernement.

Enfin François Braun, l'ancien urgentiste devenu ministre de la Santé et à qui l'on reproche de mal incarné ce sujet devenu prioritaire pour le président de la République. "Mais attention, il faut aussi des ministres techniciens", prévient un élu, proche de la Première ministre, "le gouvernement, ça ne peut pas être le festival de Cannes".

Le départ d'Élisabeth Borne loin d'être certain

Mais qui dirigera cette potentielle nouvelle équipe gouvernementale? Le départ d'Élisabeth Borne, maintes fois évoqué, n'est désormais plus une évidence. Avec sa Première ministre, Emmanuel Macron souffle le chaud et le froid. Tous deux en déplacement en Normandie la semaine dernière à l'occasion de l'anniversaire du Débarquement le 6 juin, le président de la République n'a affiché aucune complicité avec la locataire de Matignon.

Pourtant ce mercredi 14 juin, en Conseil des ministres, le chef de l'État a félicité Élisabeth Borne après le rejet de la motion de censure de la Nupes lundi à l'Assemblée. Deux micro-événements qui ne sont peut-être pas paradoxaux.

"Il y a 2 semaines, il voulait changer de Première ministre. Aujourd'hui, il est beaucoup moins allant", affirme un conseiller de premier plan.

Début juin, à des visiteurs du soir, le chef de l'État évoquait quatre noms de remplaçants: Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Julien Denormandie et Richard Ferrand.

"Élisabeth fait le job"

Mais devant l'hypothèse d'un Premier ministre de droite, un nouveau club se forme au sein de la majorité: les Bornistes. Parmi eux le ministre Clément Beaune, la présidente des députés du groupe Renaissance à l'Assemblée Aurore Bergé ou le président de la commission des Lois Sacha Houlié.

"Elle va tenir. Il n'y a pas d'autre bon choix!", constate un membre du gouvernement. "Élisabeth fait le job. Elle est solide, sans orgueil déplacé. Si j’avais un pari à faire je dirais qu’elle reste", glisse un autre.

Un conseiller de l’exécutif résume: "ça ne sert à rien de changer une roue quand elle peut encore servir. Faute de mieux, l'idée est de la cramer jusqu’au bout".

"La force de la Première ministre c'est qu'il n'y a pas de solution magique avec un autre profil qui apporterait la majorité absolue", constate un patron de la majorité. "L'arbitrage sera uniquement politique et pas sur un profil. Est-ce qu'il sent bon? Est-ce qu'il est beau? On n'en est plus là. C'étaient les questions de bourgeois du 1er mandat", ajoute-t-il.

Le chef de l'État n'aurait-il pas envie de mettre un proche à ce poste, afin de gagner en efficacité et sérénité? "Il faut distinguer 2 sujets", répond un conseiller exécutif de 1er plan. "Le premier c’est la capacité d’un nouveau Premier ministre à élargir la majorité… et en l’état, il n’y a aucun profil qui s’impose et qui ferait beaucoup mieux que Borne. Mais le deuxième sujet, c’est l’agacement du Président et d’une partie de son entourage vis à vis de Borne. Et là, Denormandie cocherait parfaitement la case du Premier ministre que l’on nomme pour que ce soit fluide", relate-t-il.

Le nom de Julien Denormandie revient souvent ces derniers jours, au détriment de Richard Ferrand? "Ferrand ira à Matignon mais pas maintenant. Il sera le dernier Premier ministre de Macron, celui qui éteindra la lumière", confie l'entourage du chef de l'État.

Un exécutif composé de Républicains?

Mais le visage de Matignon ces prochains mois voire années ne sera-t-il pas déterminé par un facteur extérieur? L'une des multiples inconnues du remaniement, et pas des moindres, est celle d'un éventuel accord avec Les Républicains, pour s'assurer de passer les textes plus facilement à l'Assemblée nationale.

Le président de la République serait-il tenté de garder Élisabeth Borne en attendant que les Républicains franchissent le Rubicon et signe un accord de gouvernement? Selon nos informations, rien ne pourrait se débloquer avec les élections sénatoriales, prévues le 24 septembre 2023.

"Larcher à Matignon? C'est une hypothèse qui ne peut pas exister sans repasser par l'isoloir", se persuade un ténor LR, "soit il y a un choc interne grave, soit il y a une validation démocratique. C'est devant le peuple que l'on noue une coalition".

Une dissolution de l'Assemblée nationale semble la seule piste à ce jour pour pousser le parti de droite à sceller une alliance avec la majorité. Dissolution qui ne surviendrait qu'à la suite d'une motion de censure déposée par Les Républicains. Beaucoup de conditions à remplir pour déboucher sur ce scénario qui ne semble pas aujourd'hui d'actualité.

D'autant qu'en coulisses, l'un des premiers soutiens d'Emmanuel Macron regarde de très près les pions se déplacer: François Bayrou. Selon nos informations, il aurait prévenu Emmanuel Macron que si un ancien LR arrivait à Matignon, le MoDem pourrait quitter la majorité.

"Et ce n'est pas du bluff", avertit un cadre du parti centriste.

De quoi compliquer encore plus la tâche du président de la République.

Le service politique