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Gouvernement

Gabriel Attal confronté à sa première motion de censure ce lundi

Gabriel Attal à l'Assemblée nationale le 31 janvier 2024

Gabriel Attal à l'Assemblée nationale le 31 janvier 2024 - EMMANUEL DUNAND / AFP

La gauche espère sanctionner le Premier ministre, coupable à ses yeux de ne pas avoir organisé de vote de confiance, mais, sauf grande surprise, sa motion ne devrait pas aboutir.

La première et sûrement pas la dernière. Gabriel Attal fait déjà face, ce lundi 5 février, à une motion de censure, près d'un mois après son arrivée à Matignon. Examinée à partir de 10h sous réserve de la décision de la conférence des présidents, cette disposition a été déposée par la gauche juste avant la déclaration de politique générale du Premier ministre mardi dernier. En cause: l'absence de vote de confiance à l'issue de ce discours.

"Gabriel Attal préfère gouverner seul"

"S’affranchir du vote de confiance, c'est choisir de déroger aux principes fondamentaux d’une démocratie parlementaire", dénoncent insoumis, socialistes, écologistes et communistes dans le texte de leur motion de censure.

"Par ce choix, M. Gabriel Attal préfère gouverner du seul fait du Prince et s’exonère de la légitimité politique nécessaire pour prétendre conduire la politique de la Nation", estiment-ils.

Si le vote de confiance est une tradition, il ne s'agit pas pour autant d'une obligation constitutionnelle. En situation de majorité relative à l'Assemblée nationale, le Premier ministre, comme Élisabeth Borne et d'autres de ses prédécesseurs avant lui, s'en est affranchi, s'épargnant ainsi de risquer son avenir comme chef du gouvernement.

A priori, cette motion de censure ne devrait pas l'inquiéter, faute de soutien des autres oppositions de l'hémicycle. La gauche doit recueillir le vote de la majorité absolue des membres de l'Assemblée nationale, soit au moins 289 voix. À eux quatre, les groupes insoumis, communistes, écologistes et socialistes disposent de 151 députés.

31 motions de censure pour Élisabeth Borne

Ils ont peu de chances de rallier les voix des groupes du Rassemblement national (88) et des Républicains (62 députés). Du côté de l'extrême droite, cette motion "annoncée avant même le discours (...) décrédibilise ceux qui l'ont déposée", a estimé Marine Le Pen, laissant entendre que ses troupes ne la voteraient pas.

Au sein de la droite, la tendance est à un vote contre, même si l'annonce d'une réforme de l'Aide médicale d'État par voie réglementaire et non législative a ravivé des tensions avec l'exécutif.

"On est dans l'opposition, on n'avait aucune vocation à voter la confiance. Mais voter la censure avant que le gouvernement ait démarré ne nous paraîtrait pas non plus très sérieux", a jugé Olivier Marleix ce dimanche sur Radio J. Reste à voir qui sera aligné sur l'avis du chef des députés LR dans ce groupe régulièrement décrit comme celui d'une soixantaine d'"auto-entrepreneurs".

Dans tous les cas, sans les voix de l'extrême droite, cette motion n'a aucune chance d'aboutir. Ce fut le cas une seule fois dans l'histoire de la Ve République, en 1962. Confrontée à 31 motions de censure lors de son passage à Matignon, Élisabeth Borne n'a jamais été contrainte à présenter la démission de son gouvernement. Son sort s'était néanmoins joué à 9 voix en mars 2023, après que le l'exécutif a utilisé l'article 49.3 sur la réforme des retraites.

Baptiste Farge