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Fronde policière, remaniement, écoles... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Élisabeth Borne

La Première ministre s'est voulue à l'offensive pour clôturer sa première année à Matignon, se disant "pleinement à sa tâche". Sans grande annonce, Élisabeth Borne a mis le cap sur la rentrée scolaire, assurant à nouveau que les élèves auront "tous un professeur devant eux" à la rentrée.

À sa tâche. Pour sa première interview depuis sa confirmation à Matignon et un remaniement a minima sur BFMTV, Élisabeth Borne s'est décrite "au travail" pour "répondre aux préoccupations des Français"".

•Fronde policière: Borne "entend l'émotion des policiers"

La cheffe du gouvernement est revenue sur la polémique qui agite la police depuis plusieurs jours.

"J'entends l'émotion des policiers et il faut que chacun ait en tête la difficulté de leur tâche. Ils ont été mis à rude épreuve", a avancé Élisabeth Borne.

Mais la Première ministre a également insisté sur "l'indépendance de la justice" "un principe important de notre démocratie".

La locataire de Matignon met ses pas dans ceux d'Emmanuel Macron qui a dit lundi entendre "l'émotion des policiers" tout en précisant que "nul n'est au-dessus de la loi".

Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, a déclaré auprès du Parisien dimanche être "empêché de dormir" par le placement en détention provisoire d'un policier marseillais, soupçonné d'avoir tiré au flashball puis roué de coups un jeune homme en marge des émeutes début juillet.

Trois autres fonctionnaires des BAC sud et centre de Marseille sont également mis en examen. Depuis, la colère monte dans les rangs policiers. Plusieurs centaines d'agents des forces de l'ordre de la cité phocéenne se sont mis en arrêt maladie.

• Jeux olympiques: la Première ministre assure que la France "sera prête"

À un an jour pour jour du coup d'envoi des Jeux olympiques de Paris, l'épineuse question de la sécurité semble loin d'être réglée.

L'organisation de l'événement est confrontée à un écueil majeur: la difficulté à mobiliser des agents issus du secteur privé. Il reste encore plus de 10.000 agents de sécurité à recruter pour assurer la sécurisation des installations sportives. Élisabeth Borne s'est voulue confiante.

"Nous serons prêts pour accueillir (les touristes) dans de bonnes conditions", a affirmé l'énarque, en assurant que les leçons du fiasco de la Ligue des champions l'été dernier avaient "été tirées".

•Écoles: Borne promet "un professeur devant chaque élève"

"Il y aura un professeur devant chaque élève" pour la rentrée prochaine, a promis la Première ministre.

À cinq semaines de la rentrée des classes, Emmanuel Macron avait déjà réitéré sa promesse de campagne sur le remplacement de chaque professeur absent devant les élèves. Charge désormais à Gabriel Attal, le nouveau ministre de l'Éducation nationale, de mettre en musique la mesure.

Le pari s'annonce difficile à tenir avec une très forte crise des vocations. "Gabriel Attal a montré qu'il a beaucoup d'énergie et il sera à l'écoute", veut croire la Première ministre.

• Relations avec Macron: Borne assure "travailler très directement" avec le président

Après des semaines d'attente, le remaniement a finalement abouti jeudi dernier. De quoi donner le sentiment qu'Élisabeth Borne et Emmanuel Macron n'étaient pas forcément sur la même ligne. La Première ministre a réfuté toute tension avec l'Élysée, assurant avoir "pris le temps nécessaire".

"Tout cela, ce sont des fables, des fictions qui ne correspondent pas du tout à la réalité. On a travaillé très directement. C'est normal qu'on prenne le temps, 48 heures, ce n'est pas beaucoup pour constituer un nouveau gouvernement", a voulu convaincre la cheffe du gouvernement.

Pas question d'ouvrir un front contre Gérald Darmanin qui se serait bien vu à Matignon. "Il est pleinement au travail et c'est ce j'attends de chacun de mes ministres", a encore avancé la sexagénaire. "J'ai une histoire personnelle qui fait que ces petites attaques, ça me semble assez dérisoire".

•Inflation: la baisse des prix "devrait se faire sentir à la rentrée"

Les prix de l'électricité vont augmenter de 10% au 1er août prochain. Un coût loin d'être neutre pour le porte-monnaie des Français déjà sous forte pression avec l'inflation. Mais Élisabeth Borne assume.

"Le bouclier tarifaire, c'est 40 milliards d'euros et doit aussi tenir compte de la nécessité de maîtriser nos dépenses", a précisé la Première ministre tout en se disant "consciente de la difficulté" que cette hausse "représente".

"Le pic de l'inflation est derrière nous. On va voir le ralentissement de l'inflation", a encore promis la dirigeante, disant que la baisse des prix devrait "se faire sentir à la rentrée".

•Budget: Borne ouvre la porte à des 49.3

À l'approche des projets de loi sur les budgets 2024, la Première ministre prépare les esprits à l'usage de 49.3 en série.

"Je n'ai aucun état d'âme sur le fait que notre pays a besoin d'un budget", a précisé la locataire de Matignon qui veut "continuer à prendre ses responsabilités".

Le 49.3 est une disposition constitutionnelle qui permet d'adopter un texte sans passer par un vote. Après avoir indiqué l'"objectif" de ne plus l'utiliser en avril dernier, la dirigeante a ensuite assuré ne "pas pouvoir garantir" qu'elle n'utilisera plus le 49.3.

•Écologie : Borne veut présenter "une feuille de route"

Face à l'accélération du réchauffement climatique, actuellement symbolisée par la vague de chaleur qui a touché une partie de la France ces derniers jours, le président a annoncé des objectifs de baisse de gaz à effet de serre "secteur par secteur".

"On doit présenter maintenant une feuille de route aux Français pour tenir nos objectifs", a avancé la Première ministre, sans autre précision.

• Son avenir à Matignon: Borne se veut "pleinement à sa tâche"

Interrogée sur son avenir à la tête du gouvernement, l'énarque a botté en touche, se disant "peu expansive mais à sa tâche". Elle a refusé de se projeter vers la présidentielle de 2027. Après les mots doux d'Emmanuel Macron à Édouard Philippe qui le verrait bien "prendre le relais", elle a expliqué voir dans son prédécesseur "de très grandes qualités d'homme d'État".

En attendant, Élisabeth Borne a prévu "de la marche", "beaucoup de lecture et un peu de repos" pendant ses vacances d'été.

Marie-Pierre Bourgeois