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5km/h, délais pour les cartes d'identité... Pourquoi la macronie s'attaque aux sujets du quotidien

Élisabeth Borne souhaite apporter des mesures "concrètes" pour parvenir à dépasser la réforme des retraites. Les annonces des derniers jours, souvent déjà dans les tuyaux, ont également l'avantage de ne pas avoir besoin de passer par le Parlement.

Le "sucré" après "le salé" de la réforme des retraites. Depuis la promulgation de la réforme des retraites, le gouvernement s'attelle à avancer sur des sujets de la vie quotidienne, de la division par 2 des délais d'obtention pour les cartes d'identité à la suppression de la perte des points de permis pour les excès de vitesse jusqu'à 5km/h... Avec l'espoir de faire redescendre les tensions d'un cran alors que les déplacements de l'exécutif ont été sous très haute tension cette semaine, des sifflets d'Emmanuel Macron aux concerts de casserole pour Élisabeth Borne.

"On veut décliner des mesures qui font disparaître ces irritants qui gâchent parfois la vie des Français. Ça ne révolutionne pas le pays mais ça évite d'ajouter de la colère", décrypte le député Renaissance Éric Woerth auprès de BFMTV.com.

"On assume d'accélérer"

Au menu de ces prochaines semaines: tenir les objectifs et "délivrer" comme le disent certains au sein de la macronie, quitte à recycler des objectifs déjà formulés.

En avril dernier, le gouvernement annonçait déjà le déploiement de moyens supplémentaires avec l'objectif de parvenir à un retour à la normale à l'été 2022 pour la délivrance des titres d'identité. Seulement, les délais sont toujours de 66 jours en moyenne pour espérer récupérer un passeport par exemple. Autant dire que la mesure ne devrait faire que des heureux.

La suppression du retrait de points sur le permis pour les excès de vitesse égaux ou inférieurs à 5km/h a également été annoncée jeudi par Gérald Darmanin. Entre la campagne de la présidentielle et les législatives, le ministère de l'Intérieur avait déjà fait savoir qu'une réflexion était en cours sur le sujet.

À l'exception des associations de sécurité routière qui s'inquiètent du futur impact de cette mesure sur la mortalité sur les routes, le dispositif devrait largement séduire.

"Il y avait de vraies attentes sur ces deux sujets qui sont plutôt consensuels donc on assume d'accélérer", résume encore le député Louis Margueritte.

"Dans l'optique" fixée par Emmanuel Macron

Après des semaines de contestation sur la réforme des retraites et alors que l'intersyndicale fait toujours preuve de détermination pour exiger le retrait, les sujets de consensus sont précieux.

D'autant plus que les visites des ministres ont tourné à plusieurs reprises au calvaire, entre comités d'accueil, casseroles et interpellations. Dans le camp de l'exécutif, on réfute cependant tout arrière-calcul politique.

"On est exactement dans le cap fixé par le président qui vise à accélérer sur les questions de progrès. Ces mesures pour faciliter la vie quotidienne sont exactement dans cette optique", fait savoir un familier de l'Élysée.

"Pas tout le temps obligé de faire des réformes impopulaires"

Avec un exemple en tête: la possibilité de changer de nom de famille, longtemps quasi-impossible et désormais considérablement assouplie, porté par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti à l'été dernier.

"On n'est pas tout le temps obligé de faire des réformes impopulaires. On peut aussi aller sur des mesures qui vont directement améliorer la vie", assume ainsi Éric Woerth.

Les sujets sur lesquels avancent le gouvernement ont également un avantage: celui de ne pas avoir besoin de passer par le Parlement. Si la majorité croit toujours possible de trouver des majorités texte par texte, comme elle a réussi à le faire depuis les dernières législatives, à l'exception de la réforme des retraites, le calendrier est très contraint.

Éviter l'étape du Parlement

L'exécutif et la majorité présidentielle n'ont que 10 semaines jusqu'à la fin de la session ordinaire au Parlement en juillet. Autant dire pas grand-chose alors qu'un projet de loi programmation militaire, un texte justice, une future loi écononomie verte et enfin plein-emploi sont dans les tuyaux.

"Passer par des décrets, des circulaires, bref tout ce qui peut éviter de surcharger le Parlement et sur lesquelles le gouvernement a directement la main est généralement une bonne idée", avance encore un conseiller ministériel.

Élisabeth Borne, qui présentera sa feuille de route détaillée pour les prochains mois mercredi prochain, pourrait faire de nouvelles annonces de simplification. Avec l'espoir que des évolutions concrètes dans la vie quotidienne se traduisent dans les sondages.

La popularité d'Emmanuel Macron a chuté pour atteindre un score équivalent à celui du tout début de la crise des gilets jaunes, le plus bas jamais atteint depuis son élection en 2017, selon un sondage BVA pour RTL. Élisabeth Borne atteint de son côté son plus mauvais résultat depuis son arrivée à Matignon.

Marie-Pierre Bourgeois