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"Il n'a pas honte?": après l'attentat de Paris, Bardella dénonce "la responsabilité morale" de Darmanin

Jordan Bardella à Florence le 3 décembre 2023

Jordan Bardella à Florence le 3 décembre 2023 - Andreas SOLARO / AFP

Le président du Rassemblement national regrette que "rien ne soit jamais de la faute" du ministre de l'Intérieur, après plusieurs attentats ces derniers mois. "Quand on a un bilan comme ça, on s'en va et on remet son tablier", avance encore Jordan Bardella, qui aurait souhaité que Gérald Darmanin "démissionne".

La réponse n'a pas tardé. Moins de 48 heures après une attaque au couteau à proximité de la tour Eiffel qui a fait un mort et deux blessés, Gérald Darmanin a reproché à Jordan Bardella "d'utiliser ce drame pour sa campagne" des européennes sur BFMTV.

"Monsieur Darmanin, il n'a pas honte à la fin? C'est lui qui est au pouvoir, c'est lui qui est responsable de la sécurité des Français. J'en ai un peu le ras-le-bol que personne ne soit responsable de rien", lui a vertement répondu le président du Rassemblement national sur Sud Radio ce lundi matin.

"Ce n'est jamais de sa faute"

Samedi soir, l'assaillant Armand R. a tué à coups de couteau et de marteau un touriste germano-philipin de 23 ans et blessé légèrement deux autres hommes dans les XVe et XVIe arrondissements de Paris.

Cette personne fichée S a été interpellée immédiatement après les faits et se trouve depuis en garde à vue dans les locaux de la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de Paris.

"On a cette réalité sécuritaire mais pour le ministre de l'Intérieur, ce n'est jamais de sa faute. On a des étrangers radicalisés sous le coup d'OQTF qui restent sur le sol français mais ce n'est pas de sa faute", a encore tancé le député européen du RN.

"Il aurait dû démissionner depuis très longtemps"

Jordan Bardella fait référence à l'assassinat du professeur Dominique Bernard, tué à Arras le 13 octobre dernier. L'auteur présumé de l'attaque, âgé de 20 ans, était en situation irrégulière depuis sa majorité. Sa famille avait été sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) lorsqu'il était mineur et n'avait finalement pas été expulsée.

"On a des gens qui se baladent librement d'un pays à l'autre, qui sont suivis par les services de renseignement, qui commentent des crimes et des délits. Ce n'est pas de sa faute non plus", ajoute encore le patron du mouvement longtemps dirigé par Marine Le Pen, faisant référence cette fois à l'assaillant d'Annecy, en juin.

"Quand on un bilan comme ça, on s'en va"

De quoi pousser Jordan Bardella à juger que Gérald Darmanin "aurait dû démissionner depuis très longtemps".

"Quand on a un bilan comme ça, on s'en va et on remet son tablier", s'agace encore le député européen.

Pour l'instant, Gérald Darmanin réfute toute faille sur le suivi judiciaire de l'assaillant de l'attentat de Paris. Le ministre de l'Intérieur a évoqué "un ratage" dans le suivi psychiatrique de l'individu.

Ce Franco-iranien était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur" jusqu'à la fin de la mise à l'épreuve le 26 avril 2023, après une nouvelle expertise psychiatrique.

Les services de police avaient tenté de le faire examiner en octobre par un médecin et hospitaliser d'office, après "l'évolution de certains troubles psychiatriques déjà relevés lors de sa détention", comme l'a expliqué le procureur anti-terroriste Jean-François Ricard.

Faute de trouble psychiatrique manifeste, le médecin avait refusé de le faire hospitaliser.

Marie-Pierre Bourgeois