Front national: Marine Le Pen nomme le fidèle Steeve Briois à l'intérim

Steeve Briois, le maire de Hénin-Beaumont, dans le Nord, a été choisi pour assurer l'intérim de la présidence du FN après le refus de Jean-François Jalkh. Ce dernier a refusé la mission après la polémique sur des propos négationnistes qu'il aurait tenu en 2005.

Il est désormais l'homme fort du Front national. Steeve Briois, maire d'Hénin-Beaumont, dans le Nord, vice-président du FN et fidèle parmi les fidèles à Marine Le Pen, a été choisi pour assurer l'intérim de la présidence du parti à la flamme le temps de la campagne présidentielle. Un choix fait dans l'urgence par la candidate qui s'est mise en retrait. Mardi, elle avait pourtant annoncé que ce serait Jean-François Jalkh qui aurait ce rôle. Ce dernier, accusé d'avoir tenu des propos négationnistes en 2005, a refusé la mission, a annoncé Louis Aliot, vice-président, sur l'antenne de BFMTV.

Pour Christophe Barbier, la désignation de Steeve Briois, 44 ans, s'est faite un peu "par élimination". Jean-François Jalkh, hors course, restaient comme vice-présidents: Louis Aliot, le compagnon de Marine Le Pen, Florian Philippot, peu apprécié par l'aile droite du parti, Marie-Christine Arnautu, moins connue de l'opinion publique. "Steeve Briois était présent mardi à Whirlpool, rappelle l'éditorialiste de BFMTV. Il a une visibilité qui permet de cautériser cette plaie (la polémique avec Jean-François Jalkh, NDLR)."

"C'est l’assurance tout risque qu’on ne revienne pas parler des miasmes qui collent au FN", ajoute Stéphane Grand, conseiller en communication à l'agence Patricia Goldman.

Ancrage local

La présence de Steeve Briois aux côtés de Marine Le Pen n'est pas nouvelle. Il lui a d'ailleurs permis de faire d'une terre de gauche son bastion. Natif de Séclin, dans le Nord, il est arrivé à Hénin-Beaumont à l'âge de sept ans. Petit-fils de mineur, enfant d'un ouvrier de l'alimentaire et d'une comptable, Steeve Briois a adhéré au Front national dès 1988 à l'âge de 16 ans. Il milite alors pour la peine de mort et veut qu'on mette fin à l'immigration. "Des petites choses m'ont marqué. Des gens d'origine maghrébine qui parlent arabe entre eux, cela m'insupporte car je le vis comme du repli sur soi" confiait-il en juin 2011, rapporte L'Express.

"Briois est une pure invention FN, génération spontanée", écrit le journaliste Claude Askolovitch dans Voyage au bout de la France. Ou alors, un pur produit de notre époque, venu naturellement au Front - jeune Blanc en région ouvrière dévastée par le temps."

En 1995, Steeve Briois, alors âgé de 23 ans et reconverti en commercial pour vendre des abonnements de télévision, se présente pour la première fois à l'élection municipale d'Hénin-Beaumont. Il recueille à l'époque 12 % des voix, rappelle La Croix. Cette tentative, il va la renouveler jusqu'en 2014 et sa victoire dès le premier tour. Il devient le premier maire FN d'une ville de plus de 10.000 habitants. Passée la trahison de 1998 - Steeve Briois avait choisi Bruno Mégret dans le conflit qui l'opposait à Jean-Marie Le Pen - l'enfant du pays convainc Marine Le Pen de faire d'Hénin-Beaumont son bastion provincial, elle la fille aisée de Saint-Cloud.

Sorties polémiques

En 2008, le duo tente sa chance, Marine Le Pen est alors seconde sur la liste. Ils ne conquièrent par la mairie mais placent cinq conseillers municipaux. L'année suivante, le maire d'Hénin-Beaumont, le socialiste Gérard Dalongeville, est révoqué pour "détournement de fonds publics". La liste frontiste arrive cette fois en tête du premier tour mais ne transforme pas l'essai au second. Le parti enregistre toutefois un score historique avec 47,62% des voix. En 2011, une fois installée à la tête du parti, Marine Le Pen va nommer Briois secrétaire général. 

Steeve Briois est également connu pour ses sorties polémiques. En décembre dernier, il insultait la comédienne Catherine Jacob qui incarne un personnage inspiré de Marine Le Pen dans le film Chez nous. Il l'avait alors qualifié de "pot à tabac". En mars, l'élu d'Hénin-Baumont adressait un doigt d'honneur aux journalistes d'Envoyé Spécial qui travaillaient sur l'affaire des emplois fictifs des assistants parlementaires européens du FN. Des relations tendues avec la presse? Dernièrement, le journal La Voix du Nord se disait "harcelée juridiquement" par le maire FN. Il sera par ailleurs jugé pour "provocation à la haine raciale" après avoir fait un lien entre les agressions sexuelles et les migrants.

J.C.