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Polémique après la remise d'un prix politique au maire FN Steeve Briois

Le maire et député européen FN Steeve Briois

Le maire et député européen FN Steeve Briois - BFMTV

Consacré "élu local de l'année" à la cérémonie des prix du Trombinoscope, qui récompensent les personnalités politiques, le maire et eurodéputé FN Steeve Briois est au coeur d'une polémique, déclenchée par le boycott de la cérémonie par Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale. Plusieurs ministres récompensés ont eux aussi gardé leurs distances.

Une polémique sous les ors de la République. Le président de l'Assemblée nationale, le PS Claude Bartolone, a refusé de participer à la remise des prix du Trombinoscope, qui récompensent les personnalités politiques de l'année, en raison de la présence au palmarès d'un élu du Front national. Steeve Briois, le maire FN d'Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, a été décoré du prix d'"élu local de l'année" après son élection comme maire de cette ville du Pas-de-Calais dès le premier tour, en mars dernier. 

Conscient de l'impact suscité par cette récompense et devant les caméras, Steeve Briois, flanqué de la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, ne dissimule pas sa joie. "Même si ce prix m'a été attribué à contre-coeur, il me va droit au coeur, a-t-il ironisé à la tribune, insistant sur "la fin d'une injustice", car pour la première fois en vingt-trois ans d'existence le prix saluait un élu frontiste.

"Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui on devrait être des pestiférés" a poursuivi sur BFMTV, peu de temps après la remise de son prix, le maire d'Hénin-Beaumont, également élu député européen en avril dernier dans le sillage de son parti. "Au lieu de parler des vrais problèmes, on crée des polémiques stupides", a-t-il encore jugé. Pour Steeve Briois, l'absence de Claude Bartolone alors que la cérémonie avait lieu au sein de sa résidence, l'Hôtel de Lassay, est "inacceptable".

Ne pas normaliser le FN

Récompensés eux aussi, le Premier ministre Manuel Valls (personnalité politique de l'année), en meeting agité dans le Doubs, ainsi que les ministres Ségolène Royal (ministre de l'année) et Emmanuel Macron (révélation de l'année) étaient pour leur part excusés par avance, et certainement pas mécontents d'éviter l'événement.

Mais pour Claude Bartolone, l'explication est simple: pas question pour lui, comme pour le PS qui juge que "le FN et ses élus ne sont pas respectables", de participer à la normalisation du FN. Une consigne qui n'a pas été suivie par tous: le frondeur Laurent Baumel, sacré "député de l'année", était bien présent à la soirée de remise des prix. Le député socialiste en a profité pour réitérer ses critiques à l'égard de la politique menée par le gouvernement, critiquant notamment la loi Macron, examinée en ce moment au Palais Bourbon.

Mais pour les organisateurs, cette polémique n'a pas lieu d'être. "Il n'y a pas de jugement sur la gestion de la ville d'Hénin-Beaumont par Steeve Briois", explique sur BFMTV Arlette Chabot, membre du jury du Trombinoscope. "Il s'agit d'illustrer la stratégie de conquête du pouvoir par le local mis en place par Marine Le Pen et le FN". "Qu'on le veuille ou non, l'année 2014 en France aura été marquée par la propulsion visible du Front national, non plus seulement dans le débat politique mais sur le plan électoral", renchérit Gilles Leclerc, président de la chaîne Public Sénat, qui a remis la récompense à Steeve Briois. 

Samuel Auffray