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Élysée

Mobilisation contre la réforme des retraites: ce que pense Emmanuel Macron

Alors que les syndicats appellent à la grève ce jeudi pour manifester contre le projet de réforme des retraites, Emmanuel Macron ne croit pas à une victoire de l’irresponsabilité.

À quelques heures d'un jeudi de grèves et manifestations contre la réforme des retraites portée par le gouvernement d'Élisabeth Borne, le chef de l'État ne redoute pas un pays à feu et à sang, selon ses proches.

Le Président reconnaît la lassitude et l'inquiétude des Français, mais "considère d’abord que la France est une nation politique, pleine de bon sens, qui sait que cette réforme est dans l'intérêt des jeunes, des retraités modestes", précise un de ses conseillers. Ensuite, Emmanuel Macron estime que les gens ont envie que le pays tourne.

Et face aux oppositions, pas question pour lui de fixer un seuil de manifestants à partir duquel sa volonté réformatrice serait entamée.

Un mandat "légitime"

Sept mois après l'élection présidentielle, l'entourage d'Emmanuel Macron insiste sur la légitimité de son mandat face aux contestations. Pour cela, deux contre-exemples sont utilisés. D'abord, 1995 et Jacques Chirac, sans mandat après une campagne faite sur la fracture sociale. De même en 2010, rappelle un de ses proches: "Nicolas Sarkozy fait une réforme qui n'était pas annoncée dans son projet présidentiel."

Emmanuel Macron met en avant un mandat clair - la réforme des retraites était en tête de son programme - ajoutant ne pas croire que les Français se dédiront sept mois après l'élection présidentielle.

Quant au résultat des élections législatives, Emmanuel Macron rappelle que les Français ne lui ont pas imposé de cohabitation. "Il pense même que la majorité relative en ce moment, c'est une bonne chose, cela permet de partager la responsabilité", confie un de ses proches.

Du côté des syndicats, s'il constate le mandat reçu par la CGT et la CFDT pour s'opposer à cette réforme, il regrette que soit perdue de vue par ces interlocuteurs l'importance de préserver un contrat intergénérationnel acquis depuis 1945.

De plus, s’il est sévère sur des syndicats faisant selon lui trop de politique, il ne veut pas reconnaître un échec personnel avec Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, qui avait soutenu son projet de réforme systémique en 2019.

Mettre en avant l'équilibre financier du nouveau régime

Emmanuel Macron justifie les orientations de cette réforme au nom de l'équilibre financier du régime.

Le chef de l'État met en avant la cohérence de cette réforme dans le cadre d'une politique "pour créer de l'emploi et augmenter le taux d'activité", explique l'Élysée qui insiste sur les contraintes croissantes sur les finances publiques.

À ceux qui lui opposent les centaines de milliards dépensés pendant le "quoi qu'il en coûte", l'entourage du Président insiste sur la distinction entre la protection des emplois qui, sinon, auraient été détruits, et des dépenses courantes pour payer les retraites. Il met en avant "une politique de choc d'offre positif", dit l'Élysée, où les retraites ne seraient qu'une pièce du puzzle - avec la réforme de l'assurance-chômage, de l'apprentissage, etc.

Taxer les retraités ou augmenter les cotisations? Selon son entourage, le chef de l’État refuse la "maladie infantile" qu’est l’impôt, et souligne le risque de fracture du pacte noué avec les retraités s’ils étaient mis à contribution.

Quant à l'impopularité de cette réforme, il reconnaît la difficulté de demander aux Français de travailler deux années supplémentaires. Mais dit assumer ses responsabilités et ce qui va avec, "notamment les emmerdes", confie un conseiller. 

Benjamin Duhamel avec T.P.