BFMTV
Élysée

François Hollande, un président de plus en plus seul

C'est un président très affaibli qui s'apprête à s'exprimer jeudi soir face aux Français. François Hollande est-il dans une bulle, coupé des réalités dans son palais de l'Élysée?

François Hollande ne trouve plus grâce qu'aux yeux de 13% des Français selon un sondage Elabe pour BFMTV publié ce jeudi. 12% des personnes interrogées jugent son bilan "assez positif" et seulement 1% "très positif". Une bien maigre base pour se porter de nouveau candidat à la présidentielle.

Le directeur général de l'institut Ipsos souligne que le décrochage du chef de l'Etat dans toutes les enquêtes d'opinion se remarque à "un niveau jamais atteint pour un président en exercice". Les sondages actuels s'accordent à prédire qu'il "ne serait pas qualifié pour le second tour" s'il se présentait en 2017.

"Une synthèse peu efficace"

Il apparaît à la fois comme trop libéral pour certains sur son flanc gauche et pas assez libéral à droite. "On lui reproche d'être dans une forme de synthèse qui serait une forme de synthèse peu efficace parce que insuffisamment orientée soit dans un sens soit dans l'autre", analyse Brice Teinturier.

Après l'abandon de la révision constitutionnelle qui a entamé son autorité, le projet de loi Travail a jeté une partie de la gauche dans la rue et accentué la cassure.

"Je crois que la vraie rupture avec François Hollande pour nos électeurs c'est la loi El Khomri, il ne faut pas oublier que dans ce pays il n'y a pas que des entrepreneurs, il n'y a pas que start-up, il n’y pas le modèle rêve par Emmanuel Macron. Elle est apparue comme une loi ultralibérale et comme une loi de droite et donc elle n'a pas été comprise par notre électorat", analyse le député socialiste Yann Galut.

"Il est réfugié dans un donjon"

Si de tout temps l'Elysée a isolé les chefs de l'Etat dans une bulle, pour certains François Hollande est plus coupé du pays. "On a l'impression d'être dans un palais d'un autre siècle", rapporte le réalisateur Yves Jeuland qui s'est glissé dans les coulisses du Château entre août 2014 et février 2015. "Il est réfugié dans un donjon", grince Alain Duhamel, éditorialiste politique sur RTL.

Son entourage assure au contraire qu'il est très lucide sur l'état du pays et rappelle par exemple qu'il est allé au Salon de l'agriculture, contrairement à Nicolas Sarkozy en 2010. "Il a envie d'aller voir les Français, même s'il entend des critiques sur lui-même", explique Bernard Poignant, conseiller de François Hollande. 

Le Président est aussi constamment rivé sur son smartphone à scruter les réseaux sociaux et les dépêches AFP. François Hollande consulte également autour de lui. Yann Galut, frondeur de la première heure, est ainsi régulièrement reçu à l'Elysée. "Il consulte, il nous reçoit mais très honnêtement on a l'impression qu'il ne nous écoute pas et qu'il est dans son monde. Quad on lui dit que ça ne passe pas sur terrain, que le peuple de gauche ne suit pas, qu'on décroche complètement, il ne nous écoute pas", estime le député du Cher.

Tout est-il perdu pour autant pour François Hollande? "Aujourd'hui l'attention est monopolisée par la guerre des gauches, demain vous aurez la guerre des droites avec la primaire à droite, le paysage va se modifier, c'est là à mon avis un espace pour se faire réentendre", estime Jean-Marie Colombani, éditorialiste à Slate.

François Hollande tentera jeudi soir de convaincre les Français. A-t-il déjà pris sa décision pour 2017? "C'est le secret le mieux gardé du quinquennat, lui seul le sait", répond Bernard Poignant.

K. L. avec les équipes de Grand Angle