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Manifestations

Nouvelles manifestations contre la loi travail: une mobilisation en baisse

Les opposants à la loi travail, salariés, étudiants et lycéens étaient à nouveau dans la rue ce samedi. Mais la mobilisation, entachée par plusieurs affrontements, apparaît clairement en baisse par rapport au 31 mars.

Plusieurs dizaines de milliers d'opposants à la loi travail ont de nouveau manifesté samedi mais les défilés, organisés pour la première fois un week-end, pendant les vacances scolaires et émaillés d'incidents violents, ont nettement moins mobilisé que ceux du 31 mars. Il s'agissait de la sixième journée d'action des opposants au projet de loi depuis le 9 mars, la troisième réunissant jeunes et travailleurs à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, Fidl) pour demander le retrait de ce projet.

Les autorités ont recensé environ 120.000 manifestants dans toute la France, dont 18.000 à 20.000 à Paris (110.000 dans la capitale selon les organisateurs). Loin des 390.000 à 1,2 millions de personnes, selon les sources, le 31 mars. "Le nombre de manifestations recensées, plus de 200, montre que la détermination ne faiblit pas", a estimé la CGT.

Maintenir la pression

D'ici à l'ouverture des débats le 3 mai à l'Assemblée nationale sur ce projet, que ses opposants jugent trop libéral et nocif pour les salariés, l'intersyndicale compte maintenir la pression avec un "nouveau temps fort" le 28 avril. Cette semaine, les députés de la commission des Affaires sociales ont terminé son examen, apportant des modifications, notamment sur les mesures les plus polémiques: clarification des licenciements économiques, accords dits "offensifs", référendums d'entreprises...

Dans la capitale, le cortège parti de la place de la République s'est terminé par des affrontements Place de la Nation. Trois policiers ont été légèrement blessés. À Rennes ont eu lieu des heurts entre certains manifestants et policiers. Huit personnes ont été interpellées. À Nantes, les forces de l'ordre ont été harcelées pendant plusieurs heures et une équipe de BFMTV a été prise à partie. Six personnes ont été interpellées.

A l'échelle nationale, le ministère de l'Intérieur a fait état de 26 interpellations. Partout la baisse de participation était patente (sauf à Paris selon les syndicats), y compris dans les zones où les vacances n'ont pas commencé, comme à Toulouse où les manifestants étaient entre 8.000 selon la police et 20.000 d'après la CGT, contre 20.000 à 100.000 le 31 mars. Les cortèges ont réuni également quelques milliers de manifestants à Lyon (4.000), Marseille (3.800), Nantes et Grenoble (environ 2.500), Lille et Rennes (1.700), selon les chiffres des autorités.

"Refus du bizutage social"

"Ce qu'a réveillé la loi, c'est le refus de la précarisation et du bizutage social", "je ne pense pas que ça va disparaître en quelques jours de vacances", a assuré le président de l'Unef, William Martinet, qui sera reçu lundi avec les autres organisations étudiantes et lycéennes par Manuel Valls. 

"On entame le deuxième mois" de mobilisation, "on n'a pas peur que ça s'essouffle", a affirmé le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, en tête du cortège parisien. À son côté, Philippe Martinez (CGT) a appelé à "remettre les compteurs à zéro pour un vrai code du travail qui permette de protéger les salariés".

À Paris, parmi les slogans on pouvait lire "Game over - le peuple se réveille". Certains portaient proclamant "non" et des jeunes, nombreux, scandaient "on lâche rien". "Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère. De cette société, on n'en veut pas!" criait une jeune femme au haut-parleur dans la manifestation lyonnaise. "Il y en a marre de l'exploitation capitaliste qui ne fait que s'aggraver", disait à Lille Gérard, retraité de l'enseignement.

En fin d'après-midi, des rassemblements "Nuit Debout", annoncés dans près de 60 villes, notamment pour la première fois à Lille, Bordeaux et Nancy, commençaient à se former. A Grenoble, ils étaient près d'un millier vers 18h, selon un correspondant de l'AFP. Ce mouvement citoyen lancé le 31 mars à Paris dépasse largement les opposants à la loi travail.

Jé. M. avec AFP