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Présidentielle: la percée de Jean-Luc Mélenchon dans l'est lyonnais

S'il a échoué de peu à accéder au second tour, le leader de La France Insoumise peut toutefois savourer ses résultats, y compris dans des communes estampillés Les Républicains.

L'heure est vraisemblablement encore à l'amertume pour Jean-Luc Mélenchon au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle de 2022. Le leader de La France Insoumise, porte-drapeau de l'Union populaire, est arrivé à un cheveu d'une qualification en finale.

Le député des Bouches-du-Rhône peut néanmoins voir le verre à moitié plein: il a réalisé un score supérieur à celui de 2017 (21,95% contre 19,58%) et a été plébiscité dans des territoires pas nécessairement acquis à sa cause.

Le bulletin Jean-Luc Mélenchon s'est ainsi particulièrement distingué dans Rhône. À l'échelle départementale, le tribun a échoué à devancer Emmanuel Macron (25,2% contre 30,5%). Mais il peut se targuer d'avoir embelli son score de six points par rapport à 2017.

À Lyon, ville pilotée par une majorité écologiste dont font partie des insoumis, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête dans cinq arrondissements: le 1er, le 4e, le 7e, le 8e et le 9e. Il a aussi et surtout su convaincre dans bon nombre de communes de l'est lyonnais.

Scores flatteurs

Les scores les plus flatteurs ont été enregistrés à Vaulx-en-Velin et Saint-Fons. Dans la première commune, il a rassemblé 54,94% des bulletins, quand Emmanuel Macron en a obtenu 17,28. Dans la seconde, le résultat est presque similaire: 53,65% contre 16,56%. À Vénissieux, l'écart est également abyssal (44,78% contre 17,97%), tandis qu'à Meyzieu, il est infime (27,19% contre 27,13%).

Plus surprenants sont les scores arrachés par Jean-Luc Mélenchon dans des communes estampillées Les Républicains: à Saint-Priest (32,97% contre 24,07%), à Rillieux-la-Pape (32,50% contre 26,71%) ou encore à Bron (32,02% contre 27,50%).

"Ils se réfugient chez Jean-Luc Mélenchon"

Comment expliquer ces scores positifs dans ces communes? Un boucher rencontré par BFM Lyon sur le marché de Bron a sa théorie: "Il a une politique un peu de social. Les gens n'arrivent pas à boucler les fins de mois. Les retraités, les étudiants: il y a un mal-être. Les Français sont un peu déboussolés. Ils ne savent plus pour qui voter. Ils se réfugient chez Jean-Luc Mélenchon".

"On sent qu'il est humain", abonde un passant rencontré à Saint-Priest, qui assure "toujours supporter celui qui supporte les pauvres".

Lilian Renard, rédacteur en chef de Tribune de Lyon, estime que Jean-Luc Mélenchon "a réussi à mobiliser un vote de gauche en sa faveur, cumulé à une déperdition des voix de droite qui sont dissipées vers Emmanuel Macron et Marine Le Pen". Ce qui, selon l'intéressé, "conduit effectivement à ce que des villes dirigées par des municipalités de droite basculent vers Jean-Luc Mélenchon".

Vers une union de la gauche pour les législatives?

S'il peine à se départir d'un "sentiment mitigé" au lendemain du premier tour, Laurent Bosetti, adjoint LFI à la mairie de Lyon, reconnaît se réjouir aussi bien des scores nationaux que locaux.

"On a vraiment des percées qui sont intéressantes, notamment dans les quartiers populaires, et qui sont enthousiasmantes par rapport à la recomposition de la gauche", s'est-il réjouit sur notre antenne ce lundi.

Et l'élu d'imaginer la suite: "J'en retiens surtout que le logiciel de la gauche est à réécrire aux couleurs rouge et verte. Avec une gauche combattive d'un point de vue social et écologique".

Remerciant les fidèles de La France Insoumise et les électeurs "qui ont mis leur famille politique de côté temporairement", Laurent Bosetti plaide pour "un rassemblement le plus large possible" de la gauche à l'avenir. Un appel du pied aux écologistes, aux communistes et aux socialistes en vue du "troisième tour": les élections législatives, prévues les 12 et 19 juin prochains.

Stéphanie de Silguy, Victoria Garnier et Zoé Rimbert avec Florian Bouhot