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Présidentielle

Pourquoi Marine Le Pen peut croire à la victoire

Selon un sondage d'Elabe réalisé pour BFMTV, la candidate d'extrême droite progresse jusqu'à être donnée à 47,5% d'intentions de vote face à Emmanuel Macron au second tour. Un écart qui se situe dans la marge d'erreur de l'enquête.

Après une première défaite en 2012 et une place au second tour en 2017, 2022 sera-t-elle l'année présidentielle qui sourira à Marine Le Pen, dix ans après sa première candidature? Celle qui a succédé à son père, Jean-Marie Le Pen, à la tête du parti familial, est désignée depuis de longs mois par quasiment toutes les enquêtes d'opinion comme étant la mieux placée pour accéder au second tour, et ainsi rejouer l'affiche de 2017 qui l'avait opposée à Emmanuel Macron.

Nouveauté mercredi, relevée dans le sondage réalisé par Elabe pour BFMTV et L'Express, la candidate d'extrême droite resserre considérablement l'écart avec le président sortant, qui, selon cette enquête d'opinion, entre dans la marge d'erreur, ici comprise entre 1,1 et 3,1 points de pourcentage. Selon ce sondage, Marine Le Pen pourrait récolter 47,5% (+3,5) des voix au second tour face à Emmanuel Macron, qui lui en obtiendrait 52,5%.

En 2017, Emmanuel Macron l'avait emporté avec 66,1% des voix contre 33,9% pour Marine Le Pen.

"On est aujourd'hui entre les deux, dans ce qu'on appelle la marge d'erreur. Il y en a tout à fait un qui peut passer devant l'autre. Autrement dit, Marine Le Pen est en mesure de gagner l'élection présidentielle, si l'on en croit notre sondage", analyse Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique de BFMTV, sur notre antenne ce jeudi matin.

"Le tiercé de tête ne change pas"

Au premier tour, Emmanuel Macron arriverait en tête avec 28% des voix, Marine Le Pen pourrait récolter 21% des suffrages et Jean-Luc Mélenchon 15,5%, selon ce même sondage. "Depuis un mois, le tiercé de tête ne change pas", note également Matthieu Croissandeau, en commentant l'enquête qui, si elle ne constitue pas une prédiction du vote, intervient à dix jours du premier tour.

"(Marine Le Pen) a gagné 3,5 points en une semaine sur le second tour, sur le premier tour elle a progressé de trois points en une semaine, il y a donc incontestablement une dynamique pour Marine Le Pen. Il y a également une dynamique depuis trois semaines pour Jean-Luc Mélenchon, même si sa dynamique est légèrement inférieure, mais pour l'instant en tout cas les trois candidats, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, polarisent en quelque sorte les intentions de vote", analysait mercredi sur le plateau de BFMTV Bernard Sananès, le président de l'institut Elabe.

Selon le sondeur, Marine Le Pen "reste à un niveau très élevé dans les milieux populaires", ce qui constitue "sa zone de force". Son résultat pourrait toutefois être changeant en fonction du taux d'abstention.

Un phénomène qui n'a pas échappé au président par intérim du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, qui a réagi mercredi sur Twitter à la parution du sondage: "Marine Le Pen va remporter cette élection présidentielle", croit-il savoir. Tout en assortissant sa sortie d'une exhortation au vote qui ressemble à un "mais".

"Ne vous abstenez pas. Ne dispersez pas votre vote au premier tour. Mobilisez-vous. Mobilisez vos proches. Votez et faites voter", poursuit-il.

Cristallisation du vote en hausse

D'après le sondage Elabe, 61% des personnes interrogées se déclarent tout à fait certaines d'aller voter en avril prochain, et 14% l'envisagent sérieusement. Potentiellement donc, 25% d'électeurs pourraient s'abstenir, et ce particulièrement au sein de l'électorat populaire. 35% de cet électorat pourrait ainsi regarder ailleurs, contre 23% des cadres et professions intermédiaires.

À noter toutefois que la photographie captée par Elabe montre une forte progression de la cristallisation du vote: 75% (+6 points) des personnes interrogées se déclarent sûres de leur choix en avril. Une certitude à 82% (+7) pour Marine Le Pen, 83% (+7) pour Éric Zemmour, 73% (+5) pour Jean-Luc Mélenchon et 84% (=) pour Emmanuel Macron.

Marine Le Pen "a une certitude du choix qui est extrêmement élevée, ses électeurs sont décidés à aller voter", note Bernard Sananès.

"Au second tour, on voit qu'elle rassemblerait vers elle plus d'électeurs d'Éric Zemmour, elle aurait pour la première fois si elle était qualifiée un réservoir de voix avec un candidat qui vraisemblablement appelerait à voter pour elle, et surtout aujourd'hui, trois électeurs de Jean-Luc Mélenchon sur dix nous disent qu'ils pourraient voter pour Marine Le Pen", poursuit Bernard Sananès, estimant que l'entrée en campagne du président-candidat a pu réactiver, "par exemple sur les questions sociales, (...) le vote 'tout sauf Macron' qui existe dans une partie de l'électorat".

Sous couvert d'anonymat, un proche de Marine Le Pen affichait auprès de L'Opinion sa confiance, ce jeudi: "On peut vraiment gagner. On ne fait pas une campagne pour être au second tour. On fait une campagne pour gagner."

"Ce qui est certain, c'est que 'le plafond de verre' n'existe plus", selon le président de Pollingvox Jérôme Sainte-Marie, dans les colonnes du quotidien également.

La progression de Marine Le Pen n'a pas échappé à Emmanuel Macron. En déplacement en Charente-Maritime à Fouras ce jeudi, le chef de l'État candidat à sa réélection a déclaré qu'il se battrait "jusqu'à la dernière seconde".

"Je ne fais pas de politique-fiction, mais j'ai moins entendu dire qu'elle est d'extrême droite. Il faut continuer à dire la vérité des projets", a estimé le locataire de l'Élysée.

"Collectivement, le monde politico-médiatique a changé. Il y a 20 ans, les médias parlaient du front républicain, les forces républicaines disaient 'jamais!'. On a détourné le regard, on a banalisé. Moi je n'ai jamais banalisé le Front national", a-t-il fait valoir. Il semblerait qu'à l'Élysée, les sondages soient attentivement examinés.

Sondage réalisé par l'institut Elabe pour BFMTV et L'Express avec notre partenaire SFR, publié mercredi. L'enquête a été réalisée sur un échantillon de 1531 personnes représentatives des résidents de métropole âgés de 18 ans et plus. L'interrogation a eu lieu par Internet, du 28 au 30 mars. La marge d'erreur est comprise entre 1,1 et 3,1 points de pourcentage.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV