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Présidentielle

Corse: ce que pensent les candidats à la présidentielle d'une possible autonomie de l'île

Une femme agite un drapeau corse en marge d'une manifestation pour Yvan Colonna à Bastia le 13 mars 2022.

Une femme agite un drapeau corse en marge d'une manifestation pour Yvan Colonna à Bastia le 13 mars 2022. - Pascal Pochard-Casabianca

Si plusieurs candidats regrettent le contexte de violences qui pousse le gouvernement à se positionner en faveur de l'autonomie, la plupart d'entre eux sont d'accord avec ce principe. Seuls Eric Zemmour et Marine Le Pen s'y opposent.

Dans une campagne atone, la situation en Corse donne du grain à moudre aux candidats à la présidentielle. Alors que Gérald Darmanin se rend sur l'île dans les prochaines heures après des jours de tensions, notamment dues à la violente agression d'Yvan Colonna à la prison d'Arles, le ministre de l'Intérieur a estimé ce mercredi sur BFMTV-RMC que c'est "le moment" d'avancer sur l'autonomie.

• Valérie Pécresse accuse Emmanuel Macron de "céder à la violence" et propose un "donnant-donnant"

"On a un président visiblement aux abois et qui cède à la violence, comme il l'a fait à Notre-Dame-des-Landes. (...) Ce n'est pas sain. Il faut ramener l'ordre en Corse avant d'entamer les négociations", a jugé la candidate des Républicains ce mercredi sur France inter.

La manifestation organisée le dimanche 13 mars à Bastia a viré à "l'émeute", selon le procureur de Bastia, avec un bilan final de 93 blessés dont 70 membres des forces de l’ordre.

La représentante de la droite semble cependant d'accord sur le fond du dossier avec Gérald Darmanin. "Il faudra un donnant-donnant (...). L'autonomie, oui bien sûr, mais avec des indicateurs de performances, des résultats pour les Corses", a-t-elle encore assuré.

• Yannick Jadot souhaite une "autonomie de plein droit"

Le candidat écologiste souhaite répondre aux demandes des élus autonomistes.

"Ça fait des mois que nous défendons l'idée d'une autonomie de plein droit, de plein exercice en Corse", a déclaré Yannick Jadot sur France 2 ce mercredi matin.

Le député européen regrette cependant le contexte dans lequel ces négociations vont avoir lieu. "Ce qui est terrible, c'est qu'il faut un drame, comme d'habitude avec ce quinquennat, pour commencer à entrevoir des solutions", a ainsi avancé l'élu.

• Anne Hidalgo appelle à une "autonomie législative"

La représentante des socialistes appelle à "aller vers une autonomie qui soit législative et qu'on reste dans la République", ce mercredi sur Europe 1.

Elle a plaidé pour "un droit à expérimentation, un droit à une action qui corresponde à la réalité des territoires". "Et ça, je pense que ça peut se faire sans porter atteinte à la République", a-t-elle ajouté.

La maire de Paris a également jeté un regard sévère sur la gestion de la situation en Corse, y voyant "une crise pas gérée" et "une volonté d'enjamber l'élection présidentielle avec un ministre de l'Intérieur qui nous explique qu'on engage un processus long d'autonomie".

• Jean-Luc Mélenchon veut le même statut que pour la Polynésie française

Sans avoir spécifiquement réagi aux propos de Gérald Darmanin, le candidat de La France insoumise s'est déjà longuement exprimé sur la question corse à plusieurs reprises.

"Il faut reconnaître le droit à l'autonomie pour ce territoire insulaire (...). Je suis d'accord pour que l'article 74 de la Constitution, qui est déjà le statut de la Polynésie française, soit appliqué à la Corse si elle le demande", avait expliqué le député des Bouches-du-Rhône dans Questions politiques sur France info/France inter/Le Monde le 12 décembre dernier.

• Marine Le Pen veut que la Corse "reste française"

La candidate du Rassemblement national ferme quant à elle la porte à toute évolution du statut de la Corse.

"Passer de l'assassinat d'un préfet à la promesse d'autonomie, peut-il exister un message plus catastrophique? Je refuse que le clientélisme cynique d'Emmanuel Macron brise l'intégrité du territoire français: la Corse doit rester française", a tweetté la députée du Pas-de-Calais.

• Eric Zemmour veut que les Corses "retrouvent le goût d'être Français"

Le candidat de Reconquête a dénoncé des "manœuvres politiciennes", jugeant que "comme tous les Français, les Corses veulent vivre libres et fiers sur la terre de leurs ancêtres", sur son compte Twitter.

Il s'était largement exprimé sur le sujet lors d'un déplacement mouvementé à Ajaccio en octobre dernier.

"Le nationalisme corse n'est pas une maladie. C'est un symptôme d'une France qui n'est plus à la hauteur des attentes des Corses. Le nationalisme se résoudra quand la France redeviendra grande", avait expliqué l'ancien journaliste lors de son discours sur l'île, en ajoutant que "les Corses voulaient retrouver le goût d'être Français."

Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif de Corse, a de son côté appelé ce mercredi sur BFMTV à ce que "le débat sur l'autonomie" ne soit pas "l'otage de l'élection présidentielle".

Marie-Pierre Bourgeois