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À 3 mois des élections européennes 2024, ce que disent les sondages

Image d'un votant lors des élections européennes de 2019

Image d'un votant lors des élections européennes de 2019 - -

La dynamique entre la liste de la majorité et celle du Rassemblement national s'est inversée par rapport à 2019 au même moment.

Le compte à rebours est lancé. Les élections européennes du 9 juin se tiendront dans trois mois. Alors que la majorité des têtes de liste est désormais connue et que les partis se lancent dans leur campagne, que disent les sondages des intentions de vote?

RN en tête, Renaissance derrière, LFI et EELV qui stagnent... Si le parti à la flamme est le grand favori, rien n'est figé pour autant, les sondages rappelant aussi l'intérêt encore relatif des Français pour ce scrutin.

Bardella fait course en tête

Selon un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche publié le 2 mars, le dernier sondage paru en date, le Rassemblement National (RN), mené par Jordan Bardella, continue de s'imposer en tête avec près de 30% des intentions de vote.

Pour la première fois, le RN fait jeu égal avec la majorité présidentielle en séduisant les catégories socio-professionnelles supérieures (26 %). Chez les cadres et professions intellectuelles supérieures, il dépasse même le vote macronien (26 % contre 23 %). Chez les employés et ouvriers, il capte 39% des votants, 23% chez les professions intermédiaires.

Plus d'une personne sur quatre désormais voterait pour la liste de Jordan Bardella. Des potentiels votants du RN au sein desquels on retrouve, sans surprise, les électeurs de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2022. Mais également un électeur sur deux d'Éric Zemmour et un sur quatre de Valérie Pécresse.

Le RN arriverait en tête chez les moins de 65 ans en captant 28% des voix. Le parti d'extrême droite concurrencerait également Renaissance parmi les 65 ans et plus (26% contre 25%). 30% des votants vivent en dehors de l’agglomération parisienne et 37% dans les zones rurales. 17% viennent de région parisienne.

"Il n'y a pas d'envolée du RN, même après la crise agricole, alors qu'on aurait pu penser qu'il en profiterait", nuance Bruno Jeanbart, vice-président d'OpinionWay dans Les Échos le 19 février. À cette date, le sondage EuroTrack OpinionWay-Vae Solis pour Les Échos plaçait Jordan Bardella à 27% des intentions de vote.

"Les sondages flatteurs me laissent indifférent", confie l'eurodéputé RN et conseiller de Marine Le Pen, Philippe Olivier à BFMTV.com. "Le résultat, c'est le jour du vote, il faut continuer à travailler", ajoute-t-il.

Un écart qui se creuse avec la majorité

La liste Renaissance, Modem et Horizons, avec à sa tête Valérie Hayer fraîchement nommée, se place dix points derrière le RN, en deuxième position selon le dernier sondage Ifop pour le JDD de début mars. Elle frôle les 20% d'intentions de vote. Un écart de points qu'on retrouvait déjà dans le sondage Elabe pour BFMTV du 10 février. La courbe des tendances entre le parti de la majorité et celui de Marine Le Pen s'est inversée par rapport aux élections de 2019 au même moment de l'année.

Mais cet écart qui se creuse ne semble pas impressionner la candidate de la majorité. "Ma mission elle est très claire, c'est de la gagner cette campagne [...] Je pense que vous allez être surpris ", a-t-elle déclaré sur TF1, le 29 février dernier.

La séquence politique du début d'année marquée par la nomination de Gabriel Attal à Matignon, le remaniement gouvernemental et la gestion de la mobilisation des agriculteurs n’a pas profité au camp présidentiel. Ce dernier perd du soutien dans son socle électoral et ne disposerait d’aucun report de voix significatif en dehors de moins de 8% des voix des électeurs de Valérie Pécresse, la branche plus progressiste des LR.

La constitutionnalisation de l'IVG et la cérémonie de scellement du 8 mars pourraient toutefois faire grimper légèrement la courbe de la liste Renaissance. Ce samedi, tous les membres du gouvernement ont été invités à soutenir Valérie Hayer à Lille pour le lancement de sa campagne.

Le PS en légère hausse

Toujours selon le sondage Ifop, les Républicains tiennent leur base, mais sans progrès significatif, tandis que le PS avance doucement par rapport aux résultats du dernier sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche publié samedi 10 février. François-Xavier Bellamy stagne ainsi à 8%, un point derrière Raphaël Glucksmann qui oscille entre 9 et 10%, selon les différents sondages.

La France Insoumise et les Ecologistes rejoignent les LR avec 8% d'intention de vote chacun. Ces chiffres sont sensiblement les mêmes qu'en 2019 à la même période. Les communistes eux ne dépassent pas les 3%. Ainsi le bloc de gauche ensemble représente un peu moins de 30% des votants à trois mois du scrutin.

Marion Maréchal-Le Pen, la candidate sous l'étiquette Reconquête!, le parti d'Éric Zemmour se hisse, elle, à 6%. Le parti animaliste tourne autour des 2%, selon l'Ifop.

Rien n'est figé toutefois et chaque sondage publié tend à le rappeler. En cause? L'intérêt relatif des électeurs pour ces élections européennes.

Les sujets au cœur des préoccupations

Selon les derniers chiffres de l'enquête Elabe pour BFMTV: 47% des Français se disent intéressés par ce scrutin. Parmi les plus concernés, on retrouve les électeurs d'Éric Zemmour (74%), de Valérie Pécresse (62%) et d’Emmanuel Macron (57%). Les électeurs de Marine Le Pen (55%) et de Jean-Luc Mélenchon (50%) le sont moins.

La crise des agriculteurs et les répercussions de l'inflation sur le panier quotidien des Français ont poussé les thèmes de la PAC, de la souveraineté alimentaire, du pouvoir d'achat et de la guerre en Ukraine au cœur des préoccupations des votants. Selon le classement du sondage EuroTrack OpinionWay-Vae Solis réalisé pour Les Echos et Radio Classique publié le 19 février, l'environnement arrive seulement en 6e place des enjeux qui compteront le 9 juin prochain, derrière la sécurité et la protection sociale.

Selon les chiffres du dernier sondage Elabe pour BFMTV du 10 février dernier, 55% des Français estiment que la politique agricole commune (PAC), apporte plus d’inconvénients que d’avantages à l’agriculture française.

36% estiment que l'adhésion à l'UE a des conséquences négatives pour le pays. Ce chiffre a augmenté de 6 points en un mois, vraisemblablement sous l'impulsion de la crise agricole.

Pour répondre aux besoins alimentaires de la population, une majorité de Français (53%) considèrent que la France doit produire tout ce dont elle a besoin sur son territoire, pour ne plus dépendre des autres pays. Un chiffre qui augmente, et ce dans toutes les catégories de population et électorats.

Hortense de Montalivet