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"Bosseuse", "légitime"... Qui est Valérie Hayer, la méconnue tête de liste Renaissance pour les européennes?

Le président français Emmanuel Macron (G) serre la main de l'eurodéputée Renaissance Valérie Hayer (D) lors d'un déplacement dans le nord-ouest de la France, le 10 octobre 2022

Le président français Emmanuel Macron (G) serre la main de l'eurodéputée Renaissance Valérie Hayer (D) lors d'un déplacement dans le nord-ouest de la France, le 10 octobre 2022 - Ludovic MARIN © 2019 AFP

On connaît désormais la tête de liste Renaissance aux élections européennes. Valérie Hayer a été officiellement nommée ce jeudi par le bureau exécutif du parti présidentiel. Présidente du groupe Renew à Bruxelles, elle incarne la "compétence" européenne, à défaut d'être très identifiée par le grand public.

C'est désormais officiel. L'eurodéputée Renaissance Valérie Hayer a été intronisée ce jeudi 29 février comme tête de liste de la majorité pour les élections européennes. Une étape longuement reportée dans le camp d'Emmanuel Macron, qui doit lancer sa campagne pour tenter de rattraper son retard sur le Rassemblement national.

Après nombre de refus dans le camp présidentiel, de Bruno Le Maire à Julien Denormandie, et nombre d'hypothèses ayant circulé dans la presse, de Jean-Yves Le Drian à Olivier Véran en passant par Clément Beaune, le choix du président s'est porté sur cette femme de 37 ans, originaire du sud de la Mayenne, encore largement inconnue du grand public. Pas de quoi, cependant, y voir un choix par défaut du côté de la majorité.

"On lui fait un mauvais procès, peut-être parce que c'est une femme", s'indigne auprès de BFMTV, le député Renaissance Mathieu Lefevre.

Et d'ajouter en comparaison: "Monsieur Bardella en 2019 n'était pas connu non plus et en 5 ans, il n'a déposé que 21 amendements. Valérie Hayer, ce n'est pas le marketing politique, mais le fond. C'est la compétence et le sérieux".

Dossiers agricoles et budgétaires

Fille, petite-fille et sœur d'agriculteurs, diplômée en droit public, ancienne vice-présidente du Conseil départemental de la Mayenne, Valérie Hayer est issue du parti centriste UDI. Ancienne collaboratrice parlementaire de l'ex-ministre et président de la commission européenne des budgets, Jean Arthuis, elle a rejoint Emmanuel Macron en 2017 avant d'être élue députée européenne en 2019.

Elle a succédé à Stéphane Séjourné en janvier à la tête du groupe centriste Renew au Parlement européen. Celui-ci était d'ailleurs lui aussi longtemps pressenti pour la tête de liste mais finalement nommé ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Gabriel Attal.

"Elle fait l'unanimité dans son groupe Renew", commente, élogieux, le député renaissance Louis Margueritte auprès de BFMTV.com.

Elle "vient de l'Ouest où il y a un certain nombre d'électeurs pro-européens, vient de l'UDI au moment où l'UDI veut rejoindre la majorité, ce n'est pas l'idée la plus sotte", jugeait récemment un cadre du camp présidentiel à l'AFP.

"Elle a fait cet exercice de terrain que parfois certains parlementaires européens oublient de faire, d'aller à la rencontre de nos concitoyens pour expliquer le projet qui était porté par l'Europe", a vanté également sur Public Sénat la ministre chargée des Relations avec le Parlement, Marie Lebec.

"Une femme de combat qui sera au front pour cette année décisive", avait salué Marie Lebec sur X, à sa nomination à la tête de Renew, fin janvier.

Au Parlement européen, Valérie Hayer a pris une part active aux négociations du budget pluriannuel et au plan de relance post-Covid. Elle a également ferraillé contre "l'extrême droite pourvoyeuse de fake-news" et "l'imposture crasse" de son concurrent RN Jordan Bardella, selon les mots de la ministre.

"On ne va pas se faire dicter notre calendrier"

"On rentre mal dans la campagne parce qu'on a mis du temps à nommer la tête de liste, ce qui donne l'impression d'un choix par défaut, même si Valérie Hayer est une bonne candidate, respectée au Parlement européen, avec beaucoup d'énergie", jugeait cette semaine une source Renaissance à l'Assemblée.

Pourtant, "on ne va pas se faire dicter notre calendrier par les autres partis", explique Mathieu Lefevre à BFMTV.com ajoutant que "désigner sa tête de liste 3 mois avant une élection ne parait pas délirant".

Et puis, à entendre certains élus de la majorité qui justifient ces semaines de spéculation, l'actualité était déjà bien remplie entre le remaniement et le Salon de l'agriculture.

Valérie Hayer tête de liste, "ce n'est pas bon pour nous", estime une source au sein de la délégation LR à Bruxelles. Un conseiller de l'exécutif interrogé par l'AFP la juge en effet "hyper solide", "très bonne sur le fond des dossiers" et dotée d'atouts pour "continuer d'aller chercher l'électorat LR".

"Les électeurs voient Macron et Attal"

Son premier défi sera de percer le mur de la notoriété face à des candidats éprouvés, dont beaucoup étaient déjà tête de liste il y a cinq ans, à commencer par Jordan Bardella.

"On n'est pas inquiet", déclare un député Renaissance à BFMTV.com, "les électeurs voient Macron et Attal, à côté de Bardella de toute façon", avant d'ajouter: "l'équilibre sera fait avec les autres noms de la liste".

En 2019, la tête de liste Nathalie Loiseau avait reçu le renfort du président dans la dernière ligne droite et la liste de la majorité était arrivée en deuxième position (22,42%), à moins d'un point du RN (23,34%).

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Le RN devance pour l'heure largement la majorité dans les sondages en vue du scrutin du 9 juin. Une étude Odoxa publiée mardi 27 février crédite la liste Bardella de 30% d'intention de vote, contre 19% pour la liste macroniste. La majorité - Renaissance, MoDem, Horizons, Parti radical -, probablement rejointe dans cette campagne par les centristes de l'UDI, lancera sa campagne le 9 mars lors d'un meeting à Lille.

Hortense de Montalivet