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Police-Justice

Tuerie du musée juif de Bruxelles: les sueurs froides des douaniers qui ont arrêté Nemmouche

Medhi Nemmouche est actuellement jugé aux assises pour le quadruple assassinat du musée juif de Bruxelles

Medhi Nemmouche est actuellement jugé aux assises pour le quadruple assassinat du musée juif de Bruxelles - AFP

Mehdi Nemmouche, auteur présumé de l'attentat du Musée juif de Bruxelles en mai 2014 comparaît devant la cour d'assises belge depuis le 10 janvier. Ce lundi les douaniers français qui ont permis son interpellation étaient à la barre.

Les douaniers qui ont arrêté Mehdi Nemmouche à Marseille après le quadruple assassinat du 24 mai 2014 au musée juif de Bruxelles, pour lequel il est jugé aux assises, ont raconté ce lundi leurs "sueurs froides" lors de cette interpellation.

"J'ouvre le sac et le referme immédiatement, pour éviter que les passagers remarquent que j'ai jeté un oeil. Le temps se fige: j'ai nettement aperçu un fusil d'assaut avec un chargeur enclenché", a témoigné Stéphane Mazari devant la cour d'assises de la capitale belge. Le 30 mai 2014, à la gare Saint-Charles de Marseille (sud-est de la France), ce douanier français contrôle, avec deux collègues, un bus en provenance d'Amsterdam à la recherche de stupéfiants.

"Au niveau de son veston une forme qui semble être solide"

Sur un siège vacant, il découvre un sac plastique Décathlon abandonné, ainsi qu'une sacoche noire. Les quinze passagers ignorent qui en est le propriétaire. Stupéfait par le contenu du sac, Stéphane Mazari fait cependant "le pari" que personne ne s'est aperçu de sa découverte. "Je dis bien haut: "Pas grave. Il appartenait sans doute à un passager descendu plus tôt. On s'en occupera plus tard"", raconte-t-il, avant de confier le sac à sa collègue, Isabelle Masarotti. Celle-ci prend à son tour discrètement connaissance du contenu du sac. Elle détache la sécurité de son pistolet, craignant "quelqu'un de dangereux dans le bus". "Je recule pour avoir une vue de tous les passagers, être sûr que personne n'est dans mon dos", explique-t-elle.

Dans le même temps, Stéphane Mazari contrôle les passagers, jusqu'à Mehdi Nemmouche, qui quitte son siège pour rejoindre l'allée centrale. Le douanier aperçoit alors "au niveau de son veston une forme qui semble être solide". "Je l'attrape sans attendre et crie "Arme !". Mon collègue (Manuel Bijon, ndlr), derrière lui, l'isole rapidement au fond du bus", raconte-t-il. Mehdi Nemmouche finit par avouer, pour ne pas "embêter les passagers", que le sac, la sacoche et leur contenu - des munitions, un revolver et une kalachnikov - sont bien à lui. L'enquête démontrera qu'il s'agit des armes utilisées pour la tuerie à Bruxelles.

"Les frissons qui me parcouraient le dos sont revenus"

Les douaniers contrôlent aussi, en sa présence, un bagage en soute à l'extérieur du bus. "Je mets un genou à terre pour ouvrir le sac. Nemmouche dit: "Mais vous ouvrez le sac comme ça ? Et s'il y a une bombe dedans ?" Les frissons qui me parcouraient le dos sont revenus", se remémore Stéphane Mazari. Selon lui, Nemmouche, jusqu'alors "agité", était "soulagé" quand il a été menotté. "Il essayait de contenir son stress".

Les enquêteurs estiment que le jihadiste français, aujourd'hui âgé de 33 ans, se rendait à Marseille pour rendre à son co-accusé, Nacer Bendrer, la kalachnikov utilisée pour les assassinats, que ce délinquant marseillais est soupçonné de lui avoir fourni. Une arme que Nemmouche serait venu chercher à Marseille fin avril 2014, un mois avant la tuerie.

Manon Fossat avec AFP