BFMTV
Procès

Procès Lelandais: quel est l'enjeu des plaidoiries?

Jennifer Cleyet-Marrel (g), Joachim de Araujo (3e g), les parents de Maëlys, et Colleen de Araujo (2e g), leur fille aînée, lors du procès de Nordalh Lelandais, le 31 janvier 2022 à la cour d'assises de Grenoble

Jennifer Cleyet-Marrel (g), Joachim de Araujo (3e g), les parents de Maëlys, et Colleen de Araujo (2e g), leur fille aînée, lors du procès de Nordalh Lelandais, le 31 janvier 2022 à la cour d'assises de Grenoble - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Les avocats des parties civiles vont se succéder cet après-midi devant la cour d'assises de l'Isère. L'enjeu est double: faire revivre Maëlys et rappeler la douleur des proches des victimes pour espérer obtenir la peine maximale.

Me Yves Crespin, suivi de Me Caroline Remond, puis de Me Laurent Boguet et enfin de Me Fabien Rajon. Tour à tour, l'avocat des associations "L'enfant bleu" et "La voix de l'enfant", celle des parents des petites cousines de Nordahl Lelandais, celui du père de Maëlys de Araujo et celui de la mère de la petite fille vont se succéder pour plaider ce mercredi devant la cour d'assises de l'Isère.

Les plaidoiries des parties civiles ont d'abord pour objectif de faire revivre les victimes. Il y a Maëlys de Araujo, 8 ans, dont un portrait a été installé à l'entrée de la salle de la cour d'assises. Maëlys, une petite fille "réservée", "souvent solitaire", mais aussi "enjouée" et qui aimait "les jeux de garçons comme le foot ou les Playmobil" et "les chats, les chiens et les promenades". Les victimes de Nordahl Lelandais, ce sont aussi ses deux petites cousines dont il a abusé sexuellement dans leur sommeil.

"On a mis notre fille au courant, une semaine avant le début du procès. Ça a été extrêmement dur, pénible. On lui a posé des questions", s'est confié à la barre le père de la fillette abusée une semaine avant le meurtre de Maëlys.

La douleur des familles au coeur des plaidoiries

Les avocats de ces familles brisées vont rappeler aux jurés leur souffrance provoquée par les crimes de Nordahl Lelandais. Le père de Maëlys, Joachim de Araujo, s'est décrit de son côté comme un "papa perdu en mer (...) qui tente de sortir la tête de l'eau" et victime du "mauvais sort". Depuis le drame, il a perdu 25 kilos. Sa famille a volé en éclat, le couple a divorcé. La mère de la victime a fait part de son sentiment de culpabilité de ne pas avoir su protéger sa fille comme elle le lui avait promis.

"Regardez-moi dans les yeux", "en fait c'est vous le déchet !", avait lancé Colleen, la grande soeur de Maëlys à Nordahl Lelandais lui demandant de dire la vérité. "Vous avez eu plein d'occasions de dire la vérité, vous n'avez pensé qu'à vous", lui avait-elle encore asséné.

Car pour la famille de Maëlys, ce procès était synonyme de dernière chance pour tenter d'obtenir la vérité sur la mort de la fillette. Arc-bouté sur sa version, Nordahl Lelandais a bien reconnu avoir tué "volontairement" sa victime, mais nie tout mobile sexuel et nuance les faits qui lui sont reprochés quand il s'agit de l'enlèvement. "J'ai surtout le sentiment que les aveux, aveux entre guillemets, n'étaient pas en réalité des aveux, ça n'avait rien de sincère", réagissait encore mardi soir Me Rajon.

"Ses prétendus aveux, il n'y croyait pas lui-même. Interrogé aujourd'hui il dit exactement l'inverse", rappelait-il. "Il a une faculté d'expression assez limitée finalement, il dit ce qu'on veut bien entendre, abonde Me Crespin. Ses aveux correspondaient à ce que voulait entendre son avocat."

De par leurs arguments, les avocats des parties civiles vont tenter de convaincre les jurés de donner la peine maximale à Nordahl Lelandais et rappeler qu'il n'a aucun intérêt à admettre un potentiel mobile sexuel dans la mort de Maëlys. Un expert disait d'ailleurs qu'il ne voyait "pas comment il peut sortir de sa version". Car s'il a reconnu des "penchants pédophiles", l'accusé reste ferme sur ses déclarations, assurant avoir emmené la fillette avec lui pour "aller voir ses chiens".

Ses penchants avoués "connotent très sérieusement l'agression subie par Maëlys de Araujo, le mobile sexuel semble établi", reste convaincu Me Laurent Boguet.

Pour l'enlèvement, la séquestration, le meurtre de la petite fille, ainsi que les agressions de ses petites cousines et la détention d'images pédopornographiques, l'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans. S'il reconnaissait le viol, la cour d'assises pourrait motiver spécialement sa décision en lui retirant la possibilité de libération conditionnelle au-delà de la période de sûreté.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV