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Procès

Meurtre de Maëlys: que peut-on attendre de cette dernière semaine de procès?

Croquis d'audience de Nordahl Lelandais (c) lors de son procès pour le meurtre de Maëlys de Araujo, le 31 janvier 2022 à la cour d'assises de Grenoble

Croquis d'audience de Nordahl Lelandais (c) lors de son procès pour le meurtre de Maëlys de Araujo, le 31 janvier 2022 à la cour d'assises de Grenoble - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Nordahl Lelandais a avoué avoir enlevé et tué volontairement Maëlys de Araujo mais maintient fermement ne pas avoir abusé sexuellement de la petite fille. La famille ne croit pas en cette version.

Vendredi soir, il était un peu plus de 20 heures quand Nordahl Lelandais avoue. Pas d'aveux spontanés mais une réponse aux questions posées par son avocat qui changent aujourd'hui la configuration du procès. Alors que la troisième semaine du procès de l'ancien militaire débute ce lundi, ce dernier peut-il aller plus loin dans ses déclarations et dire "toute la vérité" tant attendue par la famille de Maëlys de Araujo.

Oui, Nordahl Lelandais a donné "volontairement la mort à Maëlys". Les mots sont de l'accusé lui-même alors interrogé par son avocat. "On peut oublier le mot d'accident?"; le presse Me Alain Jukubowicz qui lui demande de ne plus "ergoter", de ne plus "tourner autour du pot" et "de prendre conscience de la gravité des faits" commis dans la nuit du 26 au 27 août 2017.

"Oui". "C'est clair. J'ai donné volontairement la mort à Maëlys", répond l'accusé.

Mort "volontaire" et "enlèvement"

Pourtant, interrogé longuement vendredi après-midi, Nordahl Lelandais évoquait encore des "coups volontaires" mais sans intention de donner la mort. La présidente de la cour d'assises de l'Isère, puis ses assesseurs, et enfin les avocats des parties civiles l'avaient bombardé de questions, lui faisant remarquer que des coups donnés par un homme, adulte, ancien militaire, sur une fillette de 28 kilos, ne pouvaient avoir qu'un objectif: tuer.

Plus tôt dans la matinée, l'ancien procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, dans un face-à-face tendu, avait fait remarquer qu'un enlèvement n'est pas uniquement caractérisé par la "contrainte" et la "violence", mais aussi par la "ruse". Est-ce un argument qui a pesé sur le fait que Nordahl Lelandais reconnaisse avoir enlevé la fillette alors qu'il maintenait jusqu'alors qu'elle avait ouvert la portière puis qu'elle était montée de son plein gré dans son véhicule pour "aller voir" ses chiens.

Reste le mobile. Nordahl Lelandais a-t-il fait subir des sévices sexuels à Maëlys de Araujo comme les parties civiles en sont convaincues? L'accusé, qui a admis la semaine dernière des penchants "pédophiles", n'est pas renvoyé pour des faits de viol, l'instruction n'ayant pas permis d'obtenir des éléments matériels. Face à cette absence de preuves, la famille de Maëlys a peu d'espoir d'obtenir davantage de l'accusé.

"Je ne sais pas si c'est un revirement, je ne sais pas si Nordahl Lelandais est au clair avec ces faits, réagissait vendredi soir Me Fabien Rajon, l'avocat de la mère et de la soeur de la fillette. On a tout fait pour jouer les pompiers de service. Je rappelle qu'une heure avant, il était incapable de reconnaître ces faits-là."

"On est allé au bout"

Lundi, la présidente de la cour d'assises a brièvement interrogé Nordahl Lelandais. Quatre ans jour pour jour après ses aveux qui ont permis de découvrir les restes de Maëlys, l'accusé n'a pas été plus loin dans ses déclarations. "Je suis persuadé qu’on est allé au bout de ce qu'il est possible pour lui de reconnaître", abonde Me Yves Crespin, avocat de l'association L'enfant bleu et la Voix de l'enfant, partie civile.

"S’il reconnaissait le viol, ce n’est pas la perpétuité qu’il encourt, c’est la perpétuité réelle, poursuit-il. S’il reconnaissait le viol en plus de ce qu’il a déjà reconnu, la cour d'assises a la possibilité de motiver spécialement sa décision en lui retirant la possibilité de libération conditionnelle au-delà de la période de sûreté."

Faute d'éléments matériels pour caractériser le viol, l'espoir repose sur les experts psychiatres et psychologues qui vont témoigner lundi et mardi. "La vraie question qui se pose c'est la dangerosité de Nordahl Lelandais, martèle Me Rajon. L'enjeu, c'est l'enjeu de la peine." L'avocat prévient d'ailleurs qu'il "insistera à ce sujet" "pour que le verdict soit à la hauteur de l'espérance de mes clients".

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV