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Cyril Lignac, Vitaa... Les célébrités, cibles de plus en plus privilégiées des cambrioleurs

Certaines personnalités sont victimes de home-jacking, un cambriolage, parfois violent, qui a lieu en présence des habitants. Un phénomène ancien mais qui vise de plus en plus souvent les stars.

Ces quatre derniers mois, quatre cambriolages de stars ont fait l'objet d'une attention médiatique particulière. Le dernier en date, celui de l'appartement du célèbre pâtissier Cyril Lignac, dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 décembre à Paris. Si ni lui, ni sa famille ne se trouvaient sur place, ce n'est pas toujours le cas. On parle alors d'un home-jacking.

Le 20 décembre, la chanteuse Vitaa et sa famille en ont été victimes à leur domicile situé à Rueil-Malmaison. Trois hommes armés se sont introduits par la terrasse aux alentours de 6h30 avant de molester et menacer à l'aide d'une batte de baseball, la chanteuse, son mari et leurs trois enfants.

La veille, le gardien du PSG Alexandre Letellier, sa compagne influenceuse Chloé Letellier et leurs deux enfants avaient également subi ce violent cambriolage. Tout comme l'animateur de radio Bruno Guillon le 27 septembre. Il avait été séquestré à son domicile de Tessancourt-sur-Aubette dans les Yvelines, avec sa femme et son fils de 14 ans.

Le plus important home-jacking de ces 20 dernières années reste celui subi par la mannequin Kim Kardashian en 2016, séquestrée dans un hôtel particulier parisien. Les malfaiteurs étaient repartis avec un butin de 6 millions d'euros. Le procès des douze personnes interpellées pour cette affaire devrait avoir lieu en 2024.

Avoir des personnes présentes lors du cambriolage permet aux malfaiteurs d'avoir accès à certains objets ou coffres forts à combinaisons.

Un phénomène ancien qui évolue

"Le phénomène du home-jacking en lui-même n'a rien de nouveau", affirme Philippe Franchet, commissaire de police, chef de la brigade de répression du banditisme à la direction régionale de la police judiciaire de Versailles à BFMTV. Mais il évolue.

Si auparavant, c'était davantage des quartiers aisés qui étaient visés - "dans les années 90, cela touchait en particulier les propriétaires de grosses voitures de luxe" souligne Philippe Franchet" -, désormais les cambrioleurs s’en prennent davantage à des personnalités, ciblées en amont.

Le talon d'achille de ces personnalités? Les réseaux sociaux.

"Les réseaux sociaux sont des réseaux de renseignement très importants pour la criminalité et le home-jacking", souligne le commissaire de police.

Ces stars ont en effet tendance à afficher leurs vêtements et accessoires de luxe "qui vont attirer les malfaiteurs". C'est notamment le cas des influenceurs qui en font leur corps de métier.

Des photos de leurs vacances

Les célébrités font souvent également part de leurs départs en vacances ou encore de leurs déplacements sportifs.

"Ils se prennent en photo dans des pays exotiques, et donc par déduction, on se dit que s’ils sont là-bas, c’est qu'il n'y personne à la maison", remarque Jean-Christophe Couvy, secrétaire national du syndicat unité SGP Police FO sur le plateau de BFMTV.

"Home-jacking" : des cambriolages ultra-violents - 29/10
"Home-jacking" : des cambriolages ultra-violents - 29/10
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"C'est un véritable sujet de sécurité", abonde Bruno Pomart, président du think thank, “initiative sécurité intérieure”, également interrogé par BFMTV. Or, "les services de police ne peuvent pas être derrière toutes les stars et personnalités connues de notre pays".

Il ajoute: "le home-jacking est devenu un sport national pour certaines équipes de jeunes".

Les auteurs de ces violentes infractions sont en effet des personnes de plus en plus jeunes, relève le chef de la brigade de répression du banditisme de Versailles, Philippe Franchet, "parfois de 15-16 ans". Des jeunes, "plutôt originaires de banlieues" et déjà connus des services de police pour des faits de droit commun.

"L'idée pour ces jeunes est de gravir un premier échelon de la sphère du banditisme, analyse-t-il.

Si un cambriolage, et plus particulièrement un home-jacking nécessite une minutieuse préparation pour assurer une vitesse d'exécution, ces jeunes vont compenser leur manque d'expérience par une violence exacerbée. Entraînant de forts préjudices psychologiques. La chanteuse Vitaa parle de "l'une des nuits les plus éprouvantes et traumatisantes" de sa vie, quand Bruno Guillon confiait avoir été "bouleversé".

"J’ai du mal à réaliser et les images passent en boucle dans ma tête", déclarait Chloé Letellier évoquant également un de ses enfants "traumatisé".

Prévenir les risques

Pour réduire les risques, Bruno Pomart, président du think thank, “initiative sécurité intérieure préconise aux stars d'organiser leur sécurité en installant des systèmes de surveillance ou encore en embauchant des gardes ou même des escortes.

S'il concède que cela n'est pas toujours compatible avec le train de vie des personnalités, Philippe Franchet invite à la discrétion ainsi qu'à la vigilance lorsqu'une personne extérieure au noyau familial, tel qu'un livreur ou un artisan, pénètre le domicile.

"Sans rentrer dans une certaine psychose, il y a un risque que les informations récupérées à ce moment-là transitent vers des milieux criminels", prévient-il en précisant que "5 à 10 équipes se nourrissent de ce genre de crime sur la plateforme parisienne".

En 2022, 337 home-jacking - dont de nombreux anonymes ont été victimes - ont eu lieu dans Paris et sa petite couronne. Outre l'appel au 17, le 114 permet d'envoyer un SMS aux forces de sécurité si l'on n'est pas en mesure de parler.

Juliette Brossault