BFMTV
Police-Justice

Affaire Grégory: un scénario se dessine pour les enquêteurs

Un cousin éloigné de Murielle Bolle dit s'être souvenu des violences subies par celle qui était alors adolescente. Après son accablant témoignage contre son beau-frère Bernard Laroche, elle se serait rétractée sous la pression "de son entourage", soutient-il. Les avocats des mis en examen ne cachent pas leur scepticisme.

L'inextricable affaire du petit Grégory va-t-elle enfin révéler ses secrets? Au vu des mises en examen et des derniers témoignages, le scénario ayant conduit à la mort du garçonnet retrouvé ligoté dans la Vologne en 1984 s'esquisse. Clé de voûte du dernier développement, le témoignage d'un cousin de Murielle Bolle recueilli par les enquêteurs le 17 juin dernier, qui donne un éclairage nouveau sur la rétractation de l'adolescente après son témoignage à charge contre Bernard Laroche, son beau-frère. L'adolescente, mise en examen jeudi, aurait subi "des pressions, voire des actes de violence de la part de son entourage" se rappelle-t-il, rapportait jeudi Jean-Jacques Bosc, procureur général de la cour d'appel de Dijon.

L'avocat de la mère de famille de 48 ans, adolescente de 15 ans au moment des faits, qui vient d'être mise en examen, pour le chef "d'enlèvement de mineur suivi de mort", ne cache pas son scepticisme.

"Il y a des aveux par l'intermédiaire de son cousin éloigné qui vient, trente-deux ans plus tard, alors qu'il ne s'était pas manifesté, qu'ayant vu BFM, qu'ayant vu la télévision tourner en boucle sur ces questions-là, il s'est souvenu que, elle lui avait dit que...", tance Jean-Paul Teissonnière, le conseil de Murielle Bolle.

Une rétractation toujours suspecte aux yeux de la justice

Pour comprendre, il faut revenir plus de trente ans en arrière sur le témoignage troublant de Murielle, alors âgée de 15 ans. Elle avait assuré, avant de se rétracter de manière spectaculaire, que le 16 octobre 1984, jour de la mort du petit Grégory Villemin, son beau-frère Bernard Laroche était venu la chercher à la sortie du collège. Le véhicule prend la direction de Lépanges-sur-Vologne où résidait le petit garçon de 4 ans. "Lorsque Bernard est revenu, il était accompagné d'un petit garçon", avait expliqué à l'époque Murielle Bolle.

Seconde étape du voyage, Docelles, où le corps devait être retrouvé quelques heures plus tard. "Bernard est descendu avec le petit (...) Une chose est sûre, Bernard est revenu seul", avait-elle témoigné. Mais dès le lendemain, l'adolescente se rétracte. "Mon beau-frère, il est innocent", clame-t-elle. On connaît la suite, Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, tuera d'un coup de fusil son cousin Bernard Laroche.

Reste que les enquêteurs n'ont jamais cru à la sincérité de la rétractation de Murielle Bolle. En 1993, un arrêt de la cour d'appel de Dijon évoquait déjà "des pressions de ses proches" sur la jeune fille.

Le scénario du drame se met en place

En l'état actuel des choses, l'hypothèse qui se dessine est celle d'un rapt de perpétré par Bernard Laroche et Murielle Bolle, qui auraient ensuite remis l'enfant aux époux Jacob, actuellement mis en examen.

Le conseil de la veuve de Bernard Laroche n'est, sans surprise, pas de cet avis.

"Aujourd'hui, on nous dit: 'On a repris l'enquête.' C'est faux, on n'a pas repris l'enquête, on reprend une version de l'enquête et on oublie tout ce qui s'est passé au procès de Dijon en 93 devant les différents magistrats. C'est un parti pris invraisemblable", dénonce Gérard Welzer, avocat de Marie-Ange Laroche.

L'avocat a aussi regretté vendredi matin sur BFMTV, qu'aucune "confrontation" n'ait eu lieu entre Murielle et son cousin. Il redoute que toute cette affaire ne "finisse mal".

"Depuis 32 ans, je reçois des lettres anonymes de gens qui veulent témoigner. (...) On instruit contre un mort qui ne peut pas se défendre", déplore-t-il. 

Selon le procureur, de nombreuses auditions sont encore prévues dans cette affaire. Pour sa part, Murielle Bolle dément toujours avoir fait l'objet des violences maintenant alléguées par ce nouveau témoignage. Au surplus, souligne Dominique Rizet, spécialiste police-justice pour BFMTV, le fait que l'adolescente a, trente ans plus tôt, accompagné son beau-frère en voiture, fait-il d'elle la complice d'un présumé rapt? Encore une question que la justice devra trancher.

David Namias avec Annabelle Rouleau, Matthias Tesson et Marion Berchet