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Police-Justice

Affaire Grégory: l'avocat de Marie-Ange Laroche craint d'"autres victimes"

L'avocat de Marie-Ange Laroche a réagi avec "consternation" à l'annonce de la mise en examen de la soeur de cette dernière, Murielle Bolle, ce jeudi soir dans le cadre de l'affaire Grégory.

L'annonce de la mise en examen de Murielle Bolle pour enlèvement de mineur suivi de mort, dans le cadre de l'affaire Grégory, est tombée ce jeudi soir. L'avocat de Marie-Ange Laroche, veuve de Bernard Laroche, incriminé par Murielle Bolle en octobre 1984 avant qu'elle ne se rétracte, et grande soeur de celle-ci, a fait part de sa "consternation" sur BFMTV ce même soir. "Je suis consterné. 32 ans après la machine à dérapages recommence. Rendez vous compte : on vous dit que 32 ans après on a un cousin éloigné qui vient dire qu’elle aurait été molestée, on ne sait même pas à quelle date, on ne sait même pas à quelle période", a commencé Gérard Welzer.

Dans un témoignage, réitéré avant d'être renié, porté devant les gendarmes à l'époque, Murielle Bolle avait assuré avoir été présente dans une voiture conduite par Bernard Laroche le jour du crime et l'avoir vu s'emparer en route d'un petit garçon, le déposer quelque part et revenir sans lui. 

"J'ai peur pour la vie de différentes personnes"

Evoquant la mise en examen de Murielle Bolle ce jeudi soir, placée en détention provisoire, il a poursuivi: "32 ans après, on la jette en prison en disant: ‘On a des éléments’. Enfin, où vit-on? Que fait-on? Depuis trois semaines, on jette en pâture des noms. On nous dit qu’on a des éléments déterminants, qu’on va faire un pas de géant et on va à la pêche et on a quelqu’un." Le conseil de Marie-Ange Laroche s'est alors fait alarmiste:

"J’ai peur pour la vie de différentes personnes. On joue avec la vie des gens. On a jeté en pâture Ginette Villemin. Relâchée. On a jeté en pâture Marcel Jacob et Jacqueline Jacob qui ont été relâchés, mis en examen et on s’aperçoit qu’il n’y a rien du tout. A mon avis, on ne cherche pas la vérité, on cherche une vérité: la piste d’une personne qui a été libérée, innocentée et assassinée qui s’appelle Bernard Laroche. Aujourd’hui, on dérape à nouveau, à mon avis."

Gérard Welzer a déploré que le témoignage initial de Murielle Bolle, à charge contre Bernard Laroche en octobre 1984, soit à nouveau considéré: "Halte à la loterie ! Soit on reprend le dossier mais ça veut dire qu’on repart de zéro, soit on recherche uniquement une vérité pour essayer de faire croire qu’en 1984, on ne s’est pas trompé. A l’époque où Murielle Bolle a accusé à tort Bernard Laroche, tout a été vérifié. On s’est aperçu que c’était faux!" 

"Marie-Ange Laroche va mal comme tous les protagonistes"

Gérard Welzer a martelé son message:

"Nous avons fait condamner l’Etat pour faute lourde pour toutes ses dérives. Je crains que la machine à dérapages soit à nouveau en route. (...) Avec cette stratégie qui consiste à essayer de faire craquer les gens 32 ans après, à les mettre sur écoute, parce que tout le monde doit être sur écoute, on risque d’avoir des ennuis de santé pour certains et pousser à bout les gens. Et ça a conduit le 29 mars 1985 à l’assassinat d’un innocent, qui s’appelait Bernard Laroche."

Il a énuméré: "Grégory Villemin est la première victime, Bernard Laroche la deuxième, la justice la troisième. Je crains qu’avec ces dérapages, il y ait encore, encore, d’autres victimes." L'avocat, enfin, a évoqué l'état d'esprit de sa cliente, Marie-Ange Laroche: "Marie-Ange Laroche va mal comme tous les protagonistes de cette affaire. Elle a des enfants dont l’un n’a pas connu son père. Et ça fait 32 ans que Marie-Ange Laroche ne peut pas faire le deuil de son mari."

Robin Verner