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Charlie Hebdo: "C'est reparti parce que la vie continue", dit Patrick Pelloux

Patrick Pelloux est venu parler du nouveau numéro de Charlie Hebdo, le 1179, qui sort dans les kiosques ce mercredi.

Patrick Pelloux est venu parler du nouveau numéro de Charlie Hebdo, le 1179, qui sort dans les kiosques ce mercredi. - BFMTV

Patrick Pelloux est venu parler du nouveau numéro de Charlie Hebdo, le 1179, qui sort dans les kiosques ce mercredi. L'occasion pour le chroniqueur de revenir sur le choix de Une, d'évoquer les nouveaux dessinateurs, et de faire preuve de sa totale détermination à continuer l'aventure.

"C'est une culture, cette caricature". A la veille de la sortie du nouveau numéro de Charlie Hebdo, Patrick Pelloux était l'invité de BFMTV ce mardi soir. Sur nôtre plateau, l'urgentiste et chroniqueur du journal satirique s'est exprimé sur le contenu du n°1179 de l'hebdomadaire, tiré à 2,5 millions d'exemplaires, et qui marque un véritable retour aux sources pour le titre, un mois et demi après l'attaque sanglante dont été victime sa rédaction.

"C'est faire honneur" aux victimes de l'attaque que de dire "on continue", a à ce titre justifié Patrick Pelloux, très déterminé à poursuivre l'aventure. 

"On ne peut pas repartir comme avant, on ne peut pas faire abstraction des attentats et de l'assassinat de nos amis, mais c'est reparti parce que la vie continue," a encore affirmé le chroniqueur de Charlie Hebdo.

> "La liberté continuera"

"C'est reparti", ce sont justement ces mots qui accompagnent le dessin de Luz dévoilé lundi, choisi pour illustrer ce nouveau numéro de Charlie Hebdo, sur lequel on peut voir un chien courir avec le journal satirique dans sa gueule, poursuivi par une meute composée des "cibles habituelles" de ce média. "C'est Charlie, c'est ce qu'est Charlie", a bien insisté l'urgentiste. De Nicolas Sarkozy à Marine Le Pen, au chien islamiste jusqu'aux médias, personne n'est épargné.

"Pour certains ce sont des ennemis dont on rit, pour d'autres des ennemis dont on ne rit pas du tout," a commenté Patrick Pelloux. "Mais c'est la caricature, c'est une culture, il faut que ça continue. C'est quelque chose de vraiment important. Derrière tout ça, derrière 'c'est reparti', ce qu'on veut dire, c'est que la liberté est repartie, la liberté de la presse est là, elle ne s'arrêtera pas".

> Pourquoi y a-t-il un micro BFMTV en Une? 

C'est un petit détail qui n'aura échappé à personne. Au milieu des cibles représentées sur la dernière Une de Charlie Hebdo, se trouve un micro "BFM". "Vous méritez d’être dans la meute des journalistes qui courent après le chien", a expliqué en souriant Patrick Pelloux.

"Pour la petite histoire, on était en train de boucler le journal. Luz était en train de dessiner et vous avez un formidable journaliste de votre chaîne qui est venu toquer à la porte", s'est-il remémoré. "Luz est allé rigoler avec lui en disant 'Non on ne peut pas parce qu’on est en train de finir le journal'. Ça l’a amusé et donc il a dit 'On va mettre BFM' (sur la une du journal, Ndlr)."

Plus sérieusement, le chroniqueur a explicité un peu plus ce choix. "Le monde du journalisme doit se poser des questions sur la liberté de parole, sur la liberté d'analyser, sur la liberté de l'information", et ce sur des questions qui dérangent aussi. "La place des journalistes au moment des assauts, (de Dammartin-en-Goële et de l'Hyper Cacher, ndlr), qui fait actuellement débat avec le CSA", a-t-il rappelé.

> "On n'a pas peur"

"On est courageux", a répondu Patrick Pelloux en évoquant le cas de sa collègue marocaine Zineb el-Razhaoui, menacée de mort depuis quelques jours. "On veut que notre histoire continue, qu'elle ne s'arrête pas" à cause de "quelques psychopathes", a-t-il fermement insisté. 

"Oui, on pense à ceux qui sont morts, qui ont fait l'histoire de ce journal. Mais je sais, parce que je les connaissais par coeur, que s'ils étaient encore là, ils nous diraient d'arrêter avec ces hommages, et qu'il faut faire ce journal, pour continuer à faire marrer les gens et dénoncer les choses inadmissibles de la République."

L'occasion aussi d'évoquer les deux nouveaux dessinateurs du titre, venus temporairement grossir les rangs de Charlie Hebdo: René Pétillon, du Canard Enchaîné, et le dessinateur algérien Dilem, objet d'une fatwa depuis 20 ans. "Ces menaces de mort sont pénibles," a ajouté l'urgentiste. "Elles visent une chose: l’autocensure, le silence. Comme on n’a pas peur, on continue. Et on continue, non pas parce que ça serait un peu facile de s’attaquer systématiquement aux mêmes. C’est suivre le travail que fait ce journal. Ce travail de caricature, ce travail de blasphème, ce travail d’information et de rire."

https://twitter.com/jmaccaud Jérémy Maccaud Chef d'édition BFMTV