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Des photos de la reine Camilla et du roi Charles III à la fenêtre d'un pub de Windsor (Royaume-Uni), le 6 mai 2023.

ADRIAN DENNIS / AFP

"Je vais faire partie de l'Histoire": ces Britanniques vont participer au couronnement de Charles III

Ils sont plusieurs centaines de Britanniques issus de la société civile à avoir été conviés au couronnement du roi Charles III ce samedi à Westminster. De l'invitation aux préparatifs, ces invités nous racontent leur "fierté" et leur "impatience" à l'approche du grand jour.

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Les uns préparent leurs robes et leurs chapeaux, les autres s'entraînent à sonner les cloches. L'excitation monte, à quelques heures du couronnement du roi Charles III, programmé ce samedi à l'abbaye de Westminster de Londres. Une cérémonie modernisée - à suivre en direct sur BFMTV et BFMTV.com - à laquelle assisteront 2000 invités triés sur le volet, parmi lesquels de nombreux chefs d'État étrangers et têtes couronnées. Mais pas seulement.

Pour la toute première fois, plusieurs centaines de membres de la société civile britannique, âgés de 13 à 72 ans, sont aussi conviés aux festivités par le couple royal. Max Woosey, Franstine Jones, Manju Malhi... Plus de 850 représentants d'associations caritatives ou citoyens britanniques distingués pour leur engagement pourront ainsi suivre la cérémonie.

"Une opportunité unique"

À seulement 13 ans, le jeune Max Woosey n'avait pas envisagé une seule seconde être invité au couronnement. "J'ai hâte! Je n'en avais aucune idée!", s'amuse l'adolescent, encore "choqué".

Surnommé "le garçon sous la tente", il a passé depuis mars 2020 plus de 1000 nuits à dormir dans le jardin de ses parents, en hiver comme en été, avec pour objectif de récolter des fonds pour les soignants d'un hôpital britannique.

Son initiative a été couronnée de succès puisque sa cagnotte a permis de récolter 800.000 livres, soit environ 900.000 euros. Après avoir ému le Royaume-Uni jusqu'à la famille royale, elle lui ouvre désormais les portes de Westminster.

"Je crois que ça va être un événement incroyable", imagine le jeune Britannique originaire de Braunton - dans l'ouest du pays.
Le jeune Max Woosey, 13 ans, en train de fêter la fin de son expérience de 3 ans à dormir dans une tente.
Le jeune Max Woosey, 13 ans, en train de fêter la fin de son expérience de 3 ans à dormir dans une tente. © Maw Woosey

John Anderson a lui aussi reçu l'élégant carton d'invitation fleuri dans sa boîte aux lettres mi-avril. Il a pourtant encore du mal à réaliser qu'il assistera au couronnement de Charles III ce samedi.

"Quand j'ai reçu le premier mail, j'étais ravi mais surtout étonné" d'être convié à cet événement,"habituellement réservé aux personnalités publiques et pas aux personnes comme moi", raconte-t-il à BFMTV.com.

Cet ancien pompier de 72 ans est convié en tant que récipiendaire de la médaille de l'Empire britannique - une distinction qui récompense un travail bénévole ou caritatif au niveau local ayant eu un impact durable pour le pays.

"C'est un signe de reconnaissance et une opportunité unique dans une vie", se réjouit John Anderson aujourd'hui, trois ans après avoir créé un service de livraison de repas pour les malades du Covid-19 dans le petit port de pêche de Fraserburgh (Écosse).

John Anderson, ancien pompier de 72 ans, sera présent au couronnement du roi Charles III.
John Anderson, ancien pompier de 72 ans, sera présent au couronnement du roi Charles III. © John Anderson

"Pourquoi moi?"

Manju Malhi, cheffe cuisinière de 55 ans, a eu la même réaction que le septuagénaire écossais en recevant l'invitation: un mélange d'émotions entre "le choc, la surprise et l'allégresse". Détentrice de la médaille de l'Empire britannique pour avoir proposé des cours de cuisine gratuits pour personnes âgées pendant la pandémie de Covid, elle se voyait déjà suivre la cérémonie depuis son canapé.

La cuisinière indo-britannique dit s'être demandée: "Pourquoi moi? Vous êtes sûrs de ne pas vouloir laisser ma place à un ministre ou un dignitaire?"

"Le monde entier aura les yeux braqués sur cet événement", poursuit-elle. "Ça va être historique, je ne verrais pas ça deux fois dans ma vie. Parfois j'y pense la nuit et je me dis: 'je vais vraiment être là-bas?'"

Cette invitation montre, selon elle, que le roi Charles veut placer le peuple britannique au cœur de son couronnement - qui se veut moins fastueux que celui de sa mère Elizabeth II, 70 ans plus tôt. "C'est un geste délicat, une marque d'ouverture et de reconnaissance. Je ressens un vrai sentiment d'appartenance à la société britannique, c'est comme si j'allais faire partie de l'Histoire."

Pour Manju Malhi comme pour John Anderson, tout cela marque le début d'une nouvelle ère pour la monarchie britannique. "On a l'impression qu'ils changent, que leur regard sur les gens change", appuie l'ancien pompier. "C'est plus décontracté, ce qui je pense est dû au fait que Charles est quelqu'un de proche des gens, peut-être plus terre à terre."

"Je pense qu'ils sont conscients que les gens traversent des temps difficiles, et ils ne veulent pas avoir l'air complètement déconnectés de la réalité", analyse Manju Malhi, "ravie" d'être conviée à un événement qui "va donner un peu d'espoir et de lumière dans une période obscure à bien des égards".

Une monarchie "plus inclusive"?

"Quel honneur, quelle chance de pouvoir un jour dire à mes huit petits-enfants que j'étais présente à cet événement historique!", se réjouit aussi Franstine Jones, première femme à avoir été élue présidente de la NBPA (l'association représentative de la communauté noire au Royaume-Uni) en 2013.

Franstine Jones, 60 ans, a reçu la médaille de l'Empire britannique en 2022.
Franstine Jones, 60 ans, a reçu la médaille de l'Empire britannique en 2022. © BFMTV

Ce week-end, cette habitante de Suffolk - dans l'est de l'Angleterre - âgée de 60 ans pourra elle aussi fièrement arborer la médaille de l'Empire britannique qu'elle a reçue l'an dernier pour son rôle de coach et ambassadrice pour la diversité au sein des services de police du Royaume-Uni.

"C'est le plus grand signe de reconnaissance que je puisse recevoir. Je suis fière car j'ai l'impression d'avoir accompli quelque chose. On dirait que la monarchie a compris qu'elle devait être plus inclusive et s'ouvrir à la diversité."

Pour l'occasion, Franstine Jones compte sortir le chapeau et "se mettre sur son 31", dans le respect toutefois du dress code. Le roi Charles et la reine consort Camilla souhaitent en effet une cérémonie "habillée" mais moins guindée qu'à l'accoutumée. "Ils ne veulent rien d'ostentatoire ou trop tape-à-l’œil, les chapeaux sont facultatifs", précise Manju Malhi, qui portera une longue robe bleue aux influenceuses indiennes.

Des petites mains dans l'ombre

D'autres, comme Andrew Wyatt, n'auront pas la chance de faire le déplacement à Londres, bien qu'ils participeront à leur manière au couronnement. Depuis plus d'un mois, le directeur musical de la cathédrale de Truro - dans le sud-ouest de l'Angleterre - fait répéter d'arrache-pied les sept jeunes filles qui chanteront samedi aux côtés du chœur de l'abbaye de Westminster.

"Le stress est bien là: La responsabilité est énorme, pour elles comme pour moi", confie le directeur du chœur, qui ne cache pas que l'ambiance est un peu "électrique" ces dernières heures à mesure que la pression monte. Les sept filles sélectionnées ont "un certain poids sur les épaules, car elles sont conscientes qu'elles sont sur le point de vivre l'expérience d'une vie", rapporte Andrew Wyatt.

Andrew Wyatts, directeur musical du choeur de la cathédrale de Truro en Angleterre.
Andrew Wyatts, directeur musical du choeur de la cathédrale de Truro en Angleterre. © Capture d'écran Youtube

"Le nombre de chansons à connaître est très important, plus que ce dont elles ont l'habitude", explique-t-il. Mon travail est de les préparer du mieux qui soit, de faire en sorte qu'elles soient les meilleures ambassadrices de notre cathédrale aux yeux du monde, sans qu'elles ne soient trop stressées avant le grand jour. Ce qui n'est pas chose aisée quand on doit jongler avec tant de paramètres pour avoir suffisamment de temps pour répéter."

Au moment où Andrew Wyatt regardera avec fierté ses sept choristes chanter à la télévision, Julia Church se préparera à sonner les cloches de la petite église d'Edimbridge (dans le sud de l'Angleterre), à l'unisson avec celles des quatre coins du pays.

Cela fait plusieurs semaines que cette retraitée de 63 ans s'entraîne pour ce moment spécial, aux côtés de sept autres personnes, dont certaines recrutées pour l'occasion, à l'appel du Conseil central des sonneurs de cloches d'églises du Royaume-Uni.

"Ça va être très excitant de partager ce moment de communion, sachant que toutes les églises du pays se joindront à l'appel", s'égaye cette bénévole sexagénaire, qui a appris la technique il y a un an.
Julia Church, retraitée de 63 ans, sonnera les cloches de l'église d'Edimbridge une fois Charles couronné samedi.
Julia Church, retraitée de 63 ans, sonnera les cloches de l'église d'Edimbridge une fois Charles couronné samedi. © BFMTV

Julia Church regrette toutefois qu'elle et ses sept camarades ne soient pas suffisamment aguerris pour espérer jouer un carillon, dont la technique requiert une pratique de plusieurs années d'expertise.

"Nous jouerons quelque chose de relativement simple, qui soit agréable et joli aux oreilles d'une personne lambda", explique-t-elle. "Nous ne serons pas assez nombreux pour faire quelque chose de très ambitieux".

Au Royaume-Uni, les églises manquent cruellement de sonneurs de cloches. "L'activité n'attire plus trop les jeunes", confirme la sexagénaire. "Nous empruntons d'ailleurs régulièrement des sonneurs à d'autres églises. Pour le couronnement, des adolescents et des enfants ont même été formés en dernière minute."

Le lendemain de la cérémonie, Julia Church se rendra à Londres avec sa fille qui a remporté deux billets au tirage au sort. Les deux femmes pourront ainsi assister ce dimanche au concert qui réunira 20.000 personnes sur la pelouse donnant sur le château de Windsor, avec au programme des artistes comme Lionel Richie, Katy Perry ou Take That.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV