BFM Paris Île-de-France
Paris Île-de-France

Harcèlement, agressions sexuelles… Une étude s'est penchée sur les peurs des Franciliennes dans les transports

Une étude de l'Institut Paris Région révèle que les femmes ont plus peur d'être agressées sexuellement le soir et redoutent plus les injures verbales le matin dans les transports franciliens.

De quoi ont peur les Franciliennes dans les transports? Une étude de l'Institut Paris Région s'est penchée sur la question. D'après cette dernière, "un cinquième des répondantes appréhendent surtout une agression sexuelle et un autre le harcèlement sexuel ou sexiste". Pour les hommes, ce chiffre est de moins de 1%.

En se basant sur des données récoltées en 2019 auprès des abonnés Navigo annuel et Imagine R majeurs, Hélène Heurtel et Antoine Vielcanet, chargés d’étude sur la sécurité, ont voulu mieux comprendre "les peurs féminines" dans les transports publics.

La peur d'une agression plus présente la nuit

Si les femmes ont plus peur de se faire agresser ou harceler sexuellement dans les transports, les hommes de leur côté, redoutent les vols ou les agressions physiques. De plus, 25% d'entre eux se sentent capables de repousser un agresseur contre moins de 5% des femmes.

La peur varie également en fonction des situations. Les femmes ont peur principalement dans les gares désertes et mal éclairées (37%), en présence d'une personne alcoolisée ou droguée (29%) mais aussi dans les gares et rames bondées (18%) et en présence d'un groupe de jeunes ou d'incivilités (17%).

Autre facteur qui joue sur les craintes des femmes: le moment de la journée. Le matin, elles redoutent plus une agression verbale, la journée, un vol sans violence. Quant au soir, la crainte d'une agression sexuelle représente 22,5% des peurs des femmes et le harcèlement sexiste 23%. Pour se protéger dans les transports en commun, 66% des femmes déclarent changer souvent leur apparence et 93% faire "souvent" croire qu'elles sont occupées.

Une "expérience de l'espace public" différente

Si les chiffres de l'Institut Paris Région montrent que les femmes ont plus peur dans les transports en commun, le chargé d'études Antoine Vielcanet a tenu à apporter de la nuance à ces résultats.

"Il y a quand même des femmes qui n'ont pas eu peur et il y a aussi des hommes, qui ont eu beaucoup plus peur que certaines femmes. Il faut toujours essayer d'être dans cette nuance quand même parce qu'il ne faudrait pas s'imaginer qu'être une femme égale avoir peur. Plus vous avez des profils d'hommes et de femmes qui sont très inquiets, moins vous avez de différences dans les comportements", a expliqué Antoine Vielcanet à BFM Paris.

Il est néanmoins important de rappeler que les femmes ont une "expérience de l'espace public" différente de celle des hommes car elles sont "confrontées à des propos et à des invectives qui constituent des intrusions dans leur espace personnel".

"La règle, pour les femmes, est de risquer la violence sexiste dans l’espace public – la non-expérimentation de la violence sexiste est l’exception", rappelle l'étude de l'Institut Paris Région.

Pour répondre à ces problématiques, les opérateurs des transports ont mis en place le numéro d'urgence 3117 ou le 31177 pour les SMS. Les patrouilles d'agents de sécurité et les caméras de surveillance ont également été renforcées dans les transports franciliens. Avec cette étude, l'Institut Paris Région espère devenir un baromètre régulier pour voir si ce genre de mesure est efficace.

Djena Tsimba avec Marine Langlois