Ce que l'on sait sur l'incendie de deux bus électriques à Paris

Afin de faire la lumière sur ces deux incidents, la RATP a demandé une expertise complète au constructeur. De leur côté, les syndicats réclament une expertise indépendante.

En moins d'un mois, deux bus électriques du constructeur Bolloré ont pris feu à Paris, sans faire de victime. En réaction, la RATP a pris la décision de retirer 149 bus de la même série.

• Un premier bus incendié au début du mois

Un premier bus électrique a pris feu le 4 avril dernier, vers 16 heures, sur la ligne 86, à proximité de la place Maubert, dans le 5e arrondissement de Paris.

L'incendie du véhicule avait provoqué d'épais panaches de fumée visibles à plusieurs kilomètres.

Personne n'avait été blessé, mais le véhicule avait été détruit.

• Un bus électrique prend feu dans le 13e arrondissement

Rebelote ce vendredi. Un bus électrique de la RATP circulant sur la ligne 71 a pris feu vers 8h, sur l'avenue de France, à proximité de l'arrêt Bibliothèque François-Mitterrand, dans le 13e arrondissement.

Une trentaine de pompiers, équipés d'une quinzaine d'engins, ont été déployés sur les lieux pour circonscrire l'incendie, selon l'Agence France-Presse (AFP).

Le conducteur a réussi à évacuer tous les voyageurs et aucune victime n'est à déplorer. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes du sinistre.

• Retrait de 149 bus

En réponse à ces deux incendies, la RATP a annoncé ce vendredi retirer temporairement 149 bus électriques de la circulation "par mesure de précaution". Et pour cause, à chaque fois, ces incendies ont concerné des bus d'une "même série Bluebus 5SE de la marque Bolloré", indique la RATP à l'AFP.

La régie affirme avoir "demandé une expertise complète au constructeur afin de donner les explications sur les causes de ces incidents et proposer un plan d’action pour permettre une remise en exploitation de ces bus en toute sécurité".

Bien qu'une expertise ait été demandée par la RATP, l'organisme rappelle par ailleurs qu'il exploite des bus électriques depuis 2016 "sans incident majeur".

La flotte de 4700 bus est composée de 500 véhicules électriques de trois constructeurs différents.

• Le ministère des Transports suit "les résultats de l'enquête avec attention"

De son côté, le ministère des Transports juge auprès de l'AFP que ce retrait "est le choix le plus raisonnable, pour s'assurer qu'il n'y a pas de défaillance similaire sur d'autres véhicules".

"Nous sommes en contact avec la RATP, et nous suivrons les résultats de l'enquête avec attention", a ajouté un porte-parole.

L'autorité régionale des transports Île-de-France Mobilités a immédiatement demandé à la RATP de faire "toute la lumière" sur ces incendies "et de prendre toutes les mesures de précaution nécessaires", selon une porte-parole.

Qualifiant l'incident de "préoccupant", l'Association des usagers des transports/FNAUT Île-de-France a elle aussi réclamé dans un tweet des "actions correctrices rapides de la part du constructeur".

Invité ce vendredi soir sur le plateau de BFM Paris, Alexis Louvet, syndicat groupe solidaire RATP et conducteur de bus, a réclamé une expertise indépendante.

"Pour l'instant, la RATP a confié à Bolloré, c'est-à-dire aux fabricants, le soin de mener l'enquête, déclare-t-il. Nous, on estime que ce n'est pas sérieux. Lorsqu'un Airbus connaît un problème, on confie l'enquête au BEA. Là, en l'occurrence, on pense qu'une entreprise qui a des relations commerciales avec la RATP n'a pas l'indépendance pour rendre un avis sur le matériel qu'elle produit."

Le syndicaliste estime qu'il est "temps de mettre les moyens pour savoir ce qu'il s'est passé".

Solenne Bertrand