BFM Normandie
Eure

Analyses vidéo, bornage, expertises balistiques… Comment la police scientifique travaille pour retrouver "La Mouche"

Plusieurs centaines de policiers et gendarmes mobilisés, une alerte lancée au niveau mondial, l'ensemble des laboratoires de police scientifique sur le pont... Des moyens sans précédent ont été déployés pour retrouver Mohamed Amra et ses complices, après l'attaque spectaculaire d'un fourgon pénitentiaire mardi.

Aux premières heures de l'enquête, pas moins de 450 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour retrouver Mohamed Amra et ses complices responsables de l'attaque mortelle d'un fourgon de l'administration pénitentiaire mardi 14 mai. Parmi eux, les 200 effectifs déployés dans le cadre du plan Épervier déclenché aux premières heures de la traque, et depuis levé.

Désormais, ce sont les policiers de l'OCLO, l'office central de lutte contre le crime organisé, qui pilotent les investigations pour identifier et traquer les membres de ce commando qui a abattu deux agents de l'administration pénitentiaire et blessé trois autres. "Ils vont mettre le paquet sur les aspects de la cavale du fugitif, car un seul élément peut faire tomber le château de cartes", relève un enquêteur.

Notice rouge lancée par Interpol pour alerter les polices du monde entier, deux mandats d'arrêt délivrés par deux juges français à l'encontre de Mohamed Amra... Derrière les informations publiques et photos du fugitif diffusées, les enquêteurs, et notamment ceux de la police technique et scientifique, s'activent pour "aller chercher les différents complices et les aides logistiques" du détenu de 30 ans, poursuit l'enquêteur.

La priorité, les complices

Pour cela, ils disposent de différents éléments analysés depuis mardi par les policiers de la police technique et scientifique. "Ils travaillent dans l'urgence, ils ont dans un premier temps gelé la scène, en interdisant notamment son accès, puis, par un travail méthodique, fait des prises de photos, réalisé un plan, fait une recherche de traces et indices, notamment", détaille Benoît de Maillard, ex-technicien en chef de la polcie scientifique et auteur du site police-scientifique.com.

"La priorité est de rechercher les complices" du fugitif Mohamed Amra.

Pour celà, les policiers travaillent d'arrache-pied sur les véhicules utilisés par le commando. Les deux voitures utilisées par les fuyards ont été retrouvées à plusieurs dizaines de kilomètres du péage d'Incarville où a eu lieu l'attaque, incendiées. "Dans une voiture calcinée, on ne retrouve parfois pas grand-chose, hélas", note le général François Daoust, ancien directeur de l’IRCGN et du pôle judiciaire de la gendarmerie et professeur de sciences criminelles à l’université de Cergy Pontoise.

"Parfois il peut y avoir des éléments pas totalement calcinés. S’il y a le GPS de la voiture, on va rentrer dans sa mémoire et ainsi refaire tous les parcours."

Refaire le "cheminement" du commando

Dans le cadre de cette enquête, les investigations se concentrent sur le véhicule bélier utilisé par l'équipe pour percuter les fourgons de l'administration pénitentiaire.

"Elle est passée millimètre par millimètre pour aller chercher l’ADN, les traces digitales. Tout le numérique de la voiture est également analysé, pour récolter le maximum d’éléments indiciels et avoir enfin des traces techniques qui pourront permettre d’identifier les personnes", poursuit le général Daoust.

La procureure de la République de Paris a précisé mardi soir lors d'une conférence de presse que tous les laboratoires de police scientifique sont mobilisés dans le cadre de cette enquête.

"S'il y a des traces digitales et papillaires, on pourrait obtenir le nom des complices. Il y a de grandes chances qu'ils soient déjà connus et que leurs noms apparaissent dans des fichiers", relève un policier.

Les services spécialisés mobilisés

Pour tenter de repérer cet ADN ou ces traces digitales, le travail des enquêteurs passe aussi par l'analyse des images de vidéosurveillance. Les enquêteurs ont ainsi procédé à des réquisitions auprès des opérateurs propriétaires de ces images qui sont ensuite analysées par des enquêteurs spécialisés en criminalistique numérique.

L'objectif est ainsi de repérer le moindre élément qui pourrait permettre d'identifier un ou plusieurs auteurs de l'attaque mais aussi de refaire le "cheminement" des auteurs, à savoir repérer tel ou tel endroit où ils auraient pu laisser des traces.

Autres éléments qui pourraient aider les enquêteurs à remonter jusqu'aux complices de Mohamed Amra: les armes utilisées. Là encore, ce sont des policiers spécialisés en balistique qui sont en charge d'analyser toutes les étuis et balles découvertes sur les lieux de l'attaque.

Enfin, d'autres réquisitions ont été adressées, cette fois-ci aux opérateurs téléphoniques, pour tenter de repérer des téléphones ou appareils connectés appartenant au commando et qui auraient borné aux abords de l'attaque. Cette tâche fastidieuse revient aux services enquêteurs, à savoir les services de police judiciaire mobilisés sur cette traque.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV