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"Que du bluff": des dealers marseillais pas inquiets par l'opération "place nette XXL"

Les narcotrafiquants marseillais assurent que les opérations "place nette" ne seront que de courte durée. Ils affirment que les autorités ne peuvent complètement stopper le trafic à Marseille.

Près de 120 interpellations, 22 kg de stupéfiants saisis, 385.000 euros confisqués depuis lundi... et pourtant. Au lendemain de la visite d'Emmanuel Macron dans le quartier marseillais de la Castellane, particulièrement touché par le trafic de stupéfiants, les dealers ont à peine attendus le départ du président avant de reprendre leur poste.

Loin de s'inquiéter de la présence policière qui mène depuis le début de semaine une opération "place nette XXL" dans la cité phocéenne, les narcotrafiquants semblent au contraire presque amusés par la visite du chef de l'État, et sont persuadés que ces interventions ne dureront pas.

"C'est que du bluff, tout ça, c'est pour les caméras, pour dire qu'ils font quelque chose", assure un narcotrafiquant, depuis sa cellule à BFM Marseille Provence. "Une fois qu'ils sont partis, ça a vendu direct."

"On n'aura aucune perte financière"

Ce narcotrafiquant, membre assumé de la DZ Mafia, l'un des principaux clans de trafic de stupéfiants marseillais, assure que le gouvernement "ne peut pas arrêter" le trafic à Marseille. "Ils viennent, ils font ça pendant trois semaines, et ils repartent. Et ça vend pendant qu'ils sont là, pendant que les CRS sont sur place", poursuit-il.

Lors de sa visite à la Castellane, Emmanuel Macron a fait un point sur cette opération "place nette" d'envergure, durant laquelle il a assuré que 4.000 membres des forces de l'ordre seraient mobilisés chaque semaine.

"L'objectif est de rendre la vie des trafiquants, des dealers, de toute la criminalité qui les accompagne impossible, car il n’y a pas de discours de défaite", a assuré le chef de l'État.

Mais pour les narcotrafiquants, cette opération représente seulement un petit obstacle sur la route. Toute atteinte portée à leur commerce et à l'économie du trafic de stupéfiants à Marseille ne sera que temporaire, assure également par téléphone à BFM Marseille Provence un gros bonnet du narcobanditisme marseillais, actuellement incarcéré.

"Freiner le trafic pendant combien de temps? Trois semaines, quinze jours peut-être? Nous, on a déjà bougé ailleurs. Il va y avoir une petite pénurie pendant deux, trois semaines. Et bien on va augmenter le prix, tout simplement. Et ensuite, on régulera ça. C'est du commerce, ni plus ni moins. (...) On n'aura aucune perte financière."

Les dealers de retour à la Castellane

À peine Emmanuel Macron parti ce mardi, le trafic de stupéfiants avait déjà repris dans la cité de la Castellane. Des dealers avaient repris leur poste et, surtout, prévenus leur clientèle via les réseaux sociaux.

Dans un message que BFM Marseille Provence a pu consulter, ils se sont dits "désolés de la situation embêtante qui a eu lieu" ce mardi, mais assuraient que "le coffee vous accueille dès demain (NDLR, ce mercredi) à partir de 10 heures."

De leur côté, les autorités restent confiantes quant aux résultats de l'opération place nette. Un nouveau bilan du préfet de police des Bouches-du-Rhône ce mercredi 20 mars fait état de 119 interpellations depuis le début de la semaine.

"Même si ça ne règle pas la question du trafic de stupéfiants, ça affaiblit, temporairement au moins, certains trafiquants et certains réseaux", assure Guillaume Farde, consultant police-justice sur BFMTV. "Et rien que pour cette raison, il faut faire ce type d'opération."

Les actions doivent encore durer trois semaines, avec pour cibles 170 points de deal connus dans la cité phocéenne. Dans toutes les Bouches-du-Rhône, 900 gendarmes, policiers et même douaniers doivent être mobilisés.

Cindy Chevaux