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Le Sénat lance une commission d'enquête sur le narcotrafic, une "belle première victoire" à Marseille

Illustration de Marseille

Illustration de Marseille - CHRISTOPHE SIMON © 2019 AFP

Le Sénat a lancé ce mardi une commission afin de s'interroger sur les mesures à prendre pour remédier au problème du narcotrafic dans la cité phocéenne et l'ensemble du pays.

Victimes collatérales, faculté menacée de fermeture, des dizaines de morts depuis le début de l'année... À Marseille, l'annonce de l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire à l'initiative du Sénat sur l'impact du trafic de drogue en France est accueillie avec beaucoup d'espoir.

La chambre haute du Parlement a en effet lancé ce mardi 31 octobre une commission afin de s'interroger sur les mesures à prendre pour remédier à ce problème dans la cité phocéenne, comme dans le reste de l'Hexagone, a annoncé le groupe Les Républicains qui en est à l'initiative.

"Cette commission d'enquête permettra de déterminer la véritable ampleur de ce phénomène, la place du narcotrafic dans l'écosystème de la criminalité, et de proposer un ensemble de mesures destiné à lutter contre ces trafics", a expliqué le président du groupe LR Bruno Retailleau dans un communiqué, cité par l'AFP.

"Une belle première victoire"

Dans la cité phocéenne, on saluait ce mardi "une belle première victoire" du côté d'EELV Sud, les écologistes ayant bataillé pour obtenir cette commission, dont plusieurs ont eu un retentissement non-négligeable ces dernières années, sur l'affaire Benalla, le Fonds Marianne ou encore les cabinets de conseil.

Cette dernière, qui devrait dans un premier temps s'étaler "sur six mois à un an" selon Hassen Hammou, porte-parole EELV Sud. La commission devrait permettre aux services de l'État et aux collectivités de récolter d'importantes données pour mieux comprendre ce fléau qui endeuille depuis des années Marseille, et notamment ses quartiers Nord.

Nombre de blessés par balle, de mineurs "embrigadés dans le trafic", état général de la circulation des armes dans les cités de Marseille et pourquoi autant le sont? Autant de questions pour l'instant laissées sans réponse.

"On ne sait pas réellement comment ça fonctionne. Il y a 50 morts pour cette seule année, on a explosé tristement les records dans nos cités, voilà où nous en sommes, c'est grandissant d'année en année", déplore Hassen Hammou, porte-parole EELV Sud sur BFM Marseille Provence.

Les pouvoirs d'une commission d'enquête sont importants, avec des moyens d'investigation élargis. Les personnes qu'elle souhaite auditionner sont notamment tenues de répondre à la convocation et de prêter serment.

"Enfin on a une commission d'enquête parlementaire qui va prendre ce sujet, auditionner les bonnes personnes, se poser les bonnes questions et agir", estime le porte-parole EELV Sud.

"Intégrer la dimension humaine de cette enquête"

Au-delà des réponses concrètes attendues par les Marseillais, Hassen Hammou appelle également les parlementaires à "intégrer la dimension humaine de cette enquête", en s'intéressant à "la vie des gens, des familles et le parcours des mineurs".

Collectivités, médecins, justice, police... "Toutes les parties prenantes doivent être mises autour de la table", selon le porte-parole EELV Sud.

Autre point central, la question primordiale des armes, de leur provenance et quantité dans les quartiers marseillais touchés par le narcotrafic. Là encore, la commission parlementaire devra répondre à ces interrogations.

Hassen Hammou réclame en parallèle le lancement d'un Plan global de désarmement à Marseille, qui ne pourra être "amorcé que quand la commission d'enquête parlementaire aura croisé les données, auditionné, et trouvé les carences dans notre ville".

900 arrestations à la mi-2023

Une initiative, saluée à Marseille, mais qui s'inscrit dans un temps long alors que chaque semaine le décompte du nombre de morts liés au trafic de drogue s'agrandit dans la cité phocéenne.

"Une belle victoire", qui n'en sera une selon l'élu que si des mesures à court terme sont d'abord prises, comme des "renforts de police" conséquents et une gestion par les collectivités et l'Éducation nationale "des décrocheurs et mineurs" marseillais.

Face aux fusillades et aux trafics qui gangrènent certains quartiers marseillais, un collectif de familles avait saisi la justice administrative le 4 septembre dernier pour demander aux services publics d'agir et obtenir "le retour de l’État de droit dans les quartiers abandonnés".

En juin dernier, la préfecture des Bouches-du-Rhône annonçait que plus de 900 trafiquants avaient déjà été interpellés depuis le début de l'année 2023 dans la cité phocéenne.

Alixan Lavorel avec AFP